Il y a quand même quelque chose qu'il va falloir que nous comprenions tous. A l'école on se targuait de faire entrer dans nos petites têtes d'enfants naïfs que nos civilisations avaient ceci de remarquable que l'espérance de vie augmente.
Si c'est un étalon dont on s'est servi, il va falloir finir par comprendre que la belle histoire se termine. L'histoire de la vie qui dure et qui dure c'était hier.
NOUS, trentenaires, quadragénaires et plus jeunes, nous mourrons plus tôt que nos prédecesseurs. J'en vois déjà les prémices autour de moi.
Ce qu'est en train de faire ce gouvernement, ce que cet hémicycle dans son ensemble est en train d'enterriner, ce que tous ces riches propriétaires attachés à leur propriété privée sont en train d'organiser, sous le silence complice de tous ceux qui sont peu ou prou des possédants, ce sont nos funérailles. C'est à dire nos enterrements précoces dans la fosse commune, avant l'horizon que nous espérions atteindre quand nous étions encore enfants, horizon qui servit à tous ces salopards pour nous dire "patience", "patientez donc enfants".
Ce que beaucoup de jeunes ont parfaitement saisis, parce qu'ils en on vus de belles dès leur plus jeune âge, c'est qu'allègrement on les menait en bateau. Pas question de crever comme l'entendent ces vieilles badernes! Souvenez-vous de ce fameux lieu commun qui faisait flore dans les années 90, qu'on voyait s'étaler sur les pages du Nouvel Obs "les jeunes sont impatients". Combien d'entre-nous l'ont-ils naïvement repris à leur compte, avant de s'apercevoir que c'était une énième supercherie.
Ce que nous avons donc à combattre, ce ne sont pas simplement des textes de lois qui se succèdent et précarisent nos survies, surveillent chacun de nos gestes jusqu'à ceux de nos enfants dans les crèches, ces textes contre lesquels nous luttons plus ou moins farouchement en nous disant, que nous aurons de toute façon toujours de quoi becter. Nous sommes en deça de la réalité, en disant ça, en deça de ce qui se profile.
Il va falloir nous apprendre à regarder tous les acteurs de notre quotidien comme des fossoyeurs potentiels parce que c'est notre mort qui est en jeu, c'est celle-là qu'ils organisent, dans le silence d'un bureau de poste, d'une agence d'emploi, ou dans le brouhaha, la cacophonie savamment orchestrée des faits divers qui nous ferons chaque fois perdre les véritables enjeux.
Si nous devons retrouver à chaque lutte la hargne, c'est bien qu'il faut nous convaincre que nous avons la mort aux trousses, et que la seconde d'après est même devenue incertaine.