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Après son titre accrocheur, ce livre se remarque par son style désabusé, carbonisé, presque dépressif. L’existence contemporaine y est décrite avec un désenchantement qui exalte la vérité. Ce qui est énoncé à ce sujet devient évidence. A moins que ce soit l’évidence même mise sur le papier. C’est ce que du moins pensent les « rédacteurs » : « ils se sont contentés de mettre un peu d’ordre dans les lieux communs de l’époque, dans ce qui se murmure aux tables des bars, derrière la porte close des chambres à coucher ». Et il est vrai que nous sommes décontenancés à la lecture de cet ouvrage, tant ce qui est énoncé est ressenti par tous – mais rarement avoué. Outre l’analyse et les propositions directement transposées des thèses défendues par l’ex-groupe Tiqqun [2] depuis 1999 (éclatement en 2001), et développées également dans divers textes pas forcément des mêmes personnes (l’Appel et la brochure Rupture [3]), les anecdotes nous permettent de nous arrêter sur des faits dont on ne perçoit même plus le grotesque, le scandaleux, ou la force de résistance. Utile, soit. Mais aussi poétique et historique : ce livre suscite dans un premier temps un certain attrait car rarement l’époque contemporaine avait été mieux « sentie ». Nous ne ferons pas de résumé, parce que ce livre ne se résume pas : il se lit d’une traite, d’un souffle.
Le constat du désastre s’élabore autour de six cercles :
1) D’abord la quête identitaire et la généralisation d’une angoisse diffuse (« Pour qui refuse de se gérer, la ‘‘ dépression ’’ n’est pas un état, mais un passage, un au revoir, un pas de côté vers une désaffiliation politique »).
2) Tout le divertissement et la désagrégation des rapports sociaux, de la figure du bouc-émissaire qu’est l’immigré à l’éclatement des liens intimes, en passant par l’école républicaine (« ‘‘ Devenir autonome ’’, cela pourrait vouloir dire, aussi bien : apprendre à se battre dans la rue, à s’accaparer des maisons vides, à ne pas travailler, à s’aimer follement et à voler dans les magasins »).
3) Le travail-marchandise (« Nous admettons la nécessité de trouver de l’argent, qu’importent les moyens, parce qu’il est présentement impossible de s’en passer, non la nécessité de travailler »).
4) Le monde urbain, source d’isolement et lieu du contrôle (« Le premier geste pour que quelque chose puisse surgir au milieu de la métropole, pour que s’ouvrent d’autres possibles, c’est d’arrêter son perpetuum mobile »).
5) L’économie (« Ce n’est pas l’économie qui est en crise, c’est l’économie qui est la crise ; ce n’est pas le travail qui manque, c’est le travail qui est en trop »).
6) L’environnement et le risque pour les espèces, dont l’humain, de disparaître (« Là où les gestionnaires s’interrogent platoniquement sur comment renverser la vapeur ‘‘ sans casser la baraque ’’, nous ne voyons d’autre option réaliste que de ‘‘ casser la baraque ’’ au plus tôt, et de tirer parti, d’ici là, de chaque effondrement du système pour gagner en force »).
7) La civilisation, parce qu’il ne s’agit pas d’une société en crise, mais de l’effondrement d’une forme de civilisation globale et suicidaire (« Décider la mort de la civilisation, prendre en main comment cela arrive : seule la décision nous délestera du cadavre »).
Par contre nous discuterons essentiellement trois points, des propositions qui engagent un débat, tellement le livre se veut programmatique. Les critiques faites ici ne peuvent apparaître comme un point de vue totalement externe à la perspective générale proposée dans ce livre sur le plan du moins de la constitution de « communes », bien au contraire. Partout aujourd’hui la jeunesse radicale part désormais loin du magma urbain et de la cocotte minute marchande pour tenter de produire ailleurs ses propres rapports individuels. Ce qui peut créer ici la distance d’un débat critique, est alors essentiellement la conception de cette « commune » et l’ontologie qui l’a sous-tend, comme la perspective strictement insurrectionnaliste qu’elle dessert, et la nature de la libération qui y est ici proposée.
La suite : http://palim-psao.over-blog.fr/article-34659700.html
Commentaires :
Cossery |
Pour ma part, j'ai trouvé ce livre très intéressant, et l'auteur plutôt désabusé et cynique. Pas de grandes phrases, des mots qui parlent à tout le monde. Répondre à ce commentaire
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à 21:53