L'En Dehors

Motivés, motivés, faut rester motivés

D’après un sondage CSA réalisé à l’occasion d’une événementielle « semaine nationale de la qualité de vie au travail » (ça vous fait rire ? c’est nerveux), 24% des salariés auraient "très envie" d'aller travailler chaque matin, 60% "plutôt" envie, et 14% iraient « à reculons ».

Pour vous, je ne sais pas, mais, puisque mon entourage et moi-même ne fréquentons que les 14% de grincheux* pas contents de se faire exploiter à fond ou de s’emmerder comme des bêtes à accomplir de vagues besognes, j’aimerais savoir sur quel astre résident les 84% de bienheureux qui, contrairement à ce que prétendent les séditieux dans mon genre, ne demandent qu’à faire cinquante heures par semaine jusqu’à soixante-quinze piges, tellement c’est bon ?
La planète Bidon peuplée par les Fauculs ?

*dont font sans doute partie les employés du BTP qui exigent la retraite à 55 ans. Z’ont pas « très envie » de casser les cailloux tous les matins, les gars ?

Mon François Bayrou, la ballerine en gros sabots

Ca fait déjà pas mal de temps que mon François Bayrou soutient l’actuel pouvoir sans le soutenir beaucoup et qu’il partage souvent l’opinion de l’opposition tout en se gardant bien de la rejoindre.

Après qu’il a pourfendu le CPE et déploré la loi sur le téléchargement obligeamment élaborée pour le parlement par les majors de la zique, mon François s’apprête ce mardi 16 mai à voter avec les socialistes et leurs alliés officiels la motion de censure rédigée par ces derniers à l’encontre du gouvernement.

Mon François n’est pas fou, oh ! non !
Certes le ventre gargouille plutôt à droite comme il se doit pour un ventre centriste et le cœur bat plutôt à gauche comme le proclame le cœur centriste, et tout cela n’est pas facile à vivre, surtout pour le cœur, qui au centre n’est plus un cœur, mais un estomac.
Mais, si son tronc est en désordre, la tête de mon François reste froide : il a compris à la dérouillée des élections régionales de 2004 que la droite était cuite et à la dégelée du référendum TCE 2005 que la gauche bourgeoise n’était guère plus vaillante.

Déduction de Béarnais pas niais : qui, au soir des législatives de 2007 dévoilant une droite umpiste et une gauche plurielle sans majorité, pourrait jouer les arbitres, sinon mon François ? et dans ces conditions, qui pourrait faire le meilleur Premier ministre possible que le président soit Nicolas ou la présidente Ségolène ? bref, qui pourrait prendre le pouvoir grâce à ce petit régiment de supplétifs qui décide parfois du sort des armées ?
Mon François, tiens ! social-libéral démocrate pour l’un, social-démocrate libéral pour l’autre, ferme s’il le faut, cool si vous préférez, pas de problème, dans la boutique Udéheffe la marchandise appartient à qui met le prix pour l’acquérir.

Le problème de mon François, qui se croit subtil lorsqu’il se parle en son miroir ou choisi par le destin quand sa petite cour l’applaudit, c’est que son ambition se voit comme son nez au milieu de sa figure et qu’il s’avance sur la scène politique les pieds chaussés de gros sabots qui, quoique d’un bois plus tendre, n’ont de pareils que ceux d’un Sarkosy.

Mathias Delfe