Misère et décadence de l’esprit satirique, Charlie Hebdo et son fonds de commerce — De l’autodérision subversive à sa monomanie caricaturale.
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Pense-bête : "Au milieu des années 60, les fondateurs de
Hara Kiri (et du futur
Charlie)
se sont ouvertement inscrits dans une tradition satirique
à-la-française, cette verve confusément libertaire qui fit les heures de
gloire du
Canard sauvage, de
l’En-dehors ou de
l’Assiette au Beurre durant la Belle Époque. Ils ont donc repris à leur compte le flambeau iconoclaste des dessinateurs et polémistes du début du XX
e
siècle, eux qui avaient combattu l’alliance du sabre & du goupillon
à la tête d’un Etat soi-disant laïcisé et mis en pleine lumière, au
revers de cette médaille, la logique homicide des injustices sociales.
Si, un demi-siècle plus tard, le programme restait le même, il
s’agissait désormais, pour la bande à
Charlie, de renouveler leur cible, au diapason contestataire des
seventies.
S’attaquer aux puissants, c’était dénoncer frontalement l’ordre
disciplinaire de l’école, de la caserne et de l’usine, lui renvoyer en
miroir l’image de son arbitraire «bête et méchant». Et si
l’anticléricalisme primaire y jouait encore un rôle important – avec son
lot de blagues scatologiques à propos de Jésus ou de son avatar
vaticanal–, cette provocation s’attaquait aux vestiges de notre religion
dominante, celle qui pesait encore sur nos us et coutume, qui nous
aliénait de l’intérieur. C’était la merde que chacun d’entre nous
pouvait avoir dans la tête qui était visée, cette putain de mauvaise
conscience biblique qui nous confrontait au ridicule de notre propre
civilisation, et pas les barbares de la religion d’à côté, ces étrangers
irréductibles à nos universelles valeurs… mais n’anticipons pas.
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