Un ami, plus âgé que moi, et à la retraite depuis plus longtemps, m’a dit :
« Mis à part des cas particuliers, le temps de la retraite est, en général, divisé en deux : une période durant laquelle, encore en pleine possession de ses moyens physiques et intellectuels, on peut mener une vie libre, active et enrichissante, une deuxième période durant laquelle se dégrade l’organisme, apparaissent les maladies qui annoncent la fin…. Profite au maximum de la première ! ».
Cette affirmation n’est pas le produit d’une recherche scientifique poussée, mais simplement le constat de ce qu’est la vie. Une simple observation sur deux générations permet de le confirmer.
Ce constat est difficile à admettre pour les jeunes – et c’est naturel – qui ont tendance à relativiser une période qui leur paraît – et on leur souhaite – lointaine. C’est pourtant extraordinairement important d’en prendre conscience pour ne pas gâcher des années précieuses de sa vie.
Tout cela pour en venir à quoi me direz vous ?
Simplement pour éclairer sous un angle plus humain, plus commun diront certains, toute la question des retraites.
A y regarder de près, c’est toute – ou du moins une bonne partie - de cette première partie du temps de la retraite que la réforme sarkozyste va nous confisquer.
Imaginez un peu.
Travailler jusqu’à 65, 67 voire bientôt – vu la tendance - 70 ans ! Travailler, pour beaucoup, ou faire des petits boulots, inintéressants et mal payés car le marché de la force de travail exclut d’entrée les « vieux »… Que va-t-il vous rester pour vivre ? Pour vous reposer de votre « vie active » ? Les rhumatismes, l’arthrose,… dans le meilleur des cas,…- imaginez le pire - vont vous empoisonner le peu qui vous restera à vivre pleinement.
Le reste du temps, qu’il va vous rester de vie, sera la « seconde période »… Celle où l’on décline peu à peu,… celle que l’on passe à l’hôpital (s’il existe encore ), celle des traitements, des potions, des médicaments, des examens médicaux,… Tout cela de moins en moins remboursé par une Sécurité Sociale qui aura disparu – remplacée par les groupes d’assurance privés – pesant de plus en plus lourd financièrement dans le budget familial.
Sachant que vous aurez passé une bonne partie de votre vie en « non activité » (études) et/ou « chômage », « recherche d’emploi »…, vous serez loin d’avoir une « retraite décente ». Vous aurez alors à faire le choix tragique : manger ou vous soigner. Et ne comptez pas sur vos enfants pour vous aider,… ils seront dans une situation économique aussi précaire que vous, et avec un avenir encore plus sombre.
La période des « vieux » en forme, actifs, aidant pour des travaux, pour la garde des petits enfants, ayant les, ou quelques, moyens financiers pour aider leurs enfants,…cette époque sera terminée.
Nous allons vers une société de vieux pauvres et de jeunes pauvres. Une paupérisation généralisée du plus grand nombre.
Cette situation, imposée par une classe politique cupide, parasite, complice des grands intérêts financiers – nous l’avons vue à l’œuvre durant la crise financière – nous condamne, et les jeunes plus particulièrement, à un avenir de galère, de privation et de souffrance.
Le combat mené par nos prédécesseurs pour un abaissement constant de l’âge de la retraite était juste et pertinent, c’était un bien précieux, inestimable, qu’il fallait à tout prix défendre.
Demain il restera la simple question : existe-t-il une vie avant la mort ?
novembre 2010 Patrick MIGNARD
Voir aussi :
«
GENERATIONS SACRIFIEES »
«
VIE ACTIVE ET DUREE DE VIE »