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Nos sociétés « occidentales développées », ne font pas exception. De manière indirecte ressurgissent des questions auxquelles nous n’avons pas de réponse, ou plutôt, auxquelles nous ne voulons pas donner de réponse. La pression du changement nous oblige à nous interroger sur nous-mêmes.
Deux exemples :
Le logement
Depuis des dizaines d’années, le problème du logement est récurrent. Tous les Pouvoirs, quelque soit leur couleur politique, qui se sont succédés à la tête de l’Etat, ont assuré pouvoir résoudre ce problème. Il n’a jamais été résolu. Il est de notoriété publique que des milliers de sans-logis dorment dans nos rues alors que des milliers de mètres carrés de logement sont inoccupés. La démonstration en a été maintes fois faite par des associations comme le DAL (Droit Au Logement). Jamais les politiciens en situation de décider n’ont pris au sérieux – sinon pour les dénoncer – les actions d’occupation de locaux vides. Jamais ils n’ont utilisé de manière appropriée la loi de réquisition qui existe depuis plus de soixante ans… rejetant dans l’illégalité les squatteurs.
Or, aujourd’hui, miracle ! Devant la pression d’une opinion publique scandalisée par la situation de détresse des réfugiés qui se pressent aux portes de l’Europe,… ne voilà-t-il pas que l’on trouve un peu partout des milliers de mètres carrés disponibles dans les anciens hôpitaux, cliniques, casernes, anciens lycées, services administratifs réformés,…
Cette situation pour le moins singulière fait hurler l’extrême droite fascisante qui voit là l’occasion de faire haïr l’étranger qui « vient indûment profiter de biens que l’on refuse aux citoyens », espérant ainsi engranger des voix de mécontents ! Argument classique et primaire.
Mais il y a une autre analyse autrement plus pertinente.
Le constat essentiel est qu’il y a, à l’évidence, des logements pour tous et que l’organisation de notre société (politique du logement, spéculation foncière) dont l’Etat est le garant, organise de fait, et de droit, une répartition totalement inégalitaire du « logement ». Là est le vrai scandale,… pas le fait que des réfugiés veuillent et puissent se loger. Si l’Etat accepte qu’il y ait des sans-logis, c’est parce que ceux-ci n’ont pas les moyens financiers de se loger et que, ce qui est primordial, leur présence n’est pas « socialement perturbante »… l’Etat se fout de leur situation !
L’arrivée de nombreux réfugiés est par contre particulièrement perturbante (idéologiquement et politiquement), l’opinion publique mobilisée attend une réponse… l’Etat ne peut pas se défausser ce qui explique le « miracle » de l’apparition de nombreux « mètres carrés habitables disponibles ».
L’emploi
Le mécanisme est le même concernant l’emploi. Le chômage est endémique et aucune politique de l’emploi, depuis des décennies, n’est efficace. L’Etat bricole (c’est le mot !) des dispositifs pour faire patienter les chômeurs, en « mettre plein la vue » à l’électeur,… mais aucune solution réelle n’est envisagée.
L’arrivée de nombreux réfugiés pose de fait le problème de leur intégration, et donc, bien sûr, de leur emploi. Il n’y aurait, d’après les « experts officiels » pas de travail pour tous, comme, nous l’avons vu, il n’y aurait pas de logements pour tous. L’extrême droite hurlant une fois encore contre les réfugiés qui « voleraient nos emplois ». Là aussi l’analyse est un peu courte.
L’augmentation du nombre de demandeurs d’emploi pose un problème que l’Etat et les tenants (MEDEF et politiciens) du système marchand éludent systématiquement : celui de la répartition du travail. En effet nous avons dans notre société une partie de la population qui peine au travail et en voit sa durée augmenter et une autre partie de la population qui chôme et n’arrive pas à avoir un emploi. Là est le scandale,… pas le fait qu’il faille intégrer économiquement les réfugiés.
Il est évident que ce sont les principes de fonctionnement mêmes du système capitaliste, fondés sur la rentabilité de la force de travail, la réduction des coûts et la concurrence ruineuse et effrénée qui sont à l’origine de cette stupéfiante situation… mais de cela, on ne l’évoque jamais !
L’arrivée de nombre de réfugiés, ajoutée à un volant de chômage conséquent doit ou devrait nous interroger sur cette situation déclarée tabou par le système et ses acolytes. Et la solution ne réside pas dans l’exclusion des nouveaux arrivants mais au contraire par une répartition et une réduction du temps de travail.
Une réduction massive du temps de travail permettrait évidemment d’embaucher tout le monde. Mais le système ne le veut pas, il veut garder la mainmise sur ce qui permet aux plus riches (les actionnaires) de le devenir et de maintenir et exploiter sous sa coupe la main d’œuvre salariée et soumise.
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Ainsi donc, au travers de ces deux exemples la démonstration est, une fois encore, faite que c’est l’organisation marchande – capitaliste - de notre société qui crée les inégalités, la pauvreté, la pénibilité au travail et l’exclusion sociale. On peut, bien évidemment, multiplier les exemples, dans le domaine de la santé, de l’alimentation, des loisirs, de l’éducation,… Il est de notoriété publique qu’un accroissement de population avec une répartition équitable de la richesse et du travail ne peut-être qu’un facteur de richesse et de bien être pour toutes et tous.
Qui peut croire aujourd’hui que dans nos sociétés gavées de biens de consommation, en surproduction permanente, nous sommes en situation de pénurie, incapables d’avoir de nouveaux consommateurs, de nouveaux travailleurs ? Seul le capitalisme avec ses principes aberrants de fonctionnement, générant pauvreté et inégalités peut nous faire croire que des migrants mettraient en péril notre économie et notre société.
Profitons de cette situation pour poser les vrais problèmes et ne pas tomber dans les peurs et fantasmes distillés par des politiciens manipulateurs.
27 septembre 2015 Patrick MIGNARD