L'En Dehors

Car si nous avons eu dans l’Hexagone notre lot de célébrités diverses, de la Bande à Bonnot en passant par Pierrot le Fou ou Papillon, les Russes ont aussi dans leur histoire quelques-uns de ces bandits, frayant dans les milieux les plus divers, à une époque surannée que nous avons tout de même du mal à imaginer, la Belle Epoque. C’était le temps du progrès, de la conquête des airs, un temps étrange entre un Monde moderne en plein essor et aux portes des plus fantastiques inventions humaines, que ce soit dans les transports, les communications, les sciences, les médias… Un temps où toutefois la planète restait encore méconnue, un temps où les voyages étaient encore très long, où l’homme devait encore prendre le temps.

Dans la vieille Europe poussée par le moteur américain, le Monde était en changement, des changements si rapides et si violents que cette époque ne fut pas exempte de troubles sociaux très graves, la montée du socialisme révolutionnaire, le terrorisme anarchiste, les nationalismes, les intolérances. Dans l’ombre du progrès progresse également le crime, sous des formes diverses. Apparaissant en avance sur leur temps, les bandits à l’exemple des organisations italiennes ou corses commencent à se rassembler, à s’internationaliser. En France, les luttes politiques donnent naissance à plusieurs de ses bandits redresseurs de torts, sorte de Robin des Bois des temps modernes, ils vont fasciner, relayés dans la Presse, offrant aux lecteurs des émotions, du sensationnel.

Alors que Clémenceau créait la Police moderne et les fameuses brigades du Tigre, la Russie connaissait elle aussi une sorte d’âge d’or du crime, enrobé en partie dans la légende et l’imagerie populaire, les gangsters apparaissent. « Michka Yapontchik » est l’un d’eux, il s’appelait en réalité Moïse Wolfovitch Vinnitsky, de confession juive, et il était né le 30 octobre 1881 à Odessa. Il devait devenir avant la terrible Révolution russe, l’un des bandits les plus fameux de la Russie, avec le Bessarabien Kotovski, suivant toutefois une destinée légèrement différente. Sa vie extraordinaire a été une source d’inspiration pour Isaac Babel, qui dans ses carnets d’Odessa devait dresser son portrait, et largement puiser dans son histoire.

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