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AC : "Ci dessous la lettre d’une syndicaliste intérimaire en grève de la faim chez MANPOWER depuis le 15 mai. N’hésiter pas à envoyer communiqués de soutiens à la direction de MANPOWER !
Marie-Odile Bonnet Tartigny, le 11 mai 2006 2, rue de Paillart 60120 Tartigny
MANPOWER France Mr le Président de Manpower France Jean-Pierre Lemonnier Objet : Grève de la faim illimitée 7/9 Rue Jacques Bingen pour discrimination et non attribution de mission 75017 Paris
Monsieur Le Président,
Depuis de nombreuses années, nous ne cessons d’attirer votre attention par différents canaux (réunions plénières du comité d’établissement, des délégués du personnel, du Comité central d’entreprise, courriers, mails, entretiens, ….) sur la situation de l’emploi et de la précarisation dans laquelle se trouvent certains élus par la non attribution de missions, donc d’emploi d’intérim.
Le taux d’employabilité de ces élus est en baisse perpétuel. Leur situation est alarmante, voire accablante. En conséquence, c’est leur dignité qui est atteinte entraînant par la même occasion celle de leur famille.
Cette conjoncture qui perdure depuis des années fait que ces mêmes élus ne sont plus indemnisés par les Assedic qui relayaient le rôle qui vous était dévolu.
Le bilan de la carrière professionnelle des élus exclus est en déchéance constante comme cela vous a été rappelé à diverses reprises à travers nos différentes interventions.
Cette déchéance que nous subissons va au delà de notre employabilité, de notre situation financière, de notre carrière professionnelle, s’attaquant à notre identité personnelle et familiale.
Notre engagement dans les Instances Représentatives du Personnel n’avait pas pour objectif de nous précariser au point de solliciter une demande au RMI. Notre engagement, au delà du respect de l’employabilité auquel nous avons droit comme le préconisent les chapitres 5 et 6 de la Constitution du 27 octobre 1946 et des articles 10 et 11 de la Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen du 26 août 1789 que vous trouverez ci-dessous…, avait pour but le respect, l’égalité de traitement, la défense des intérêts des uns et des autres.
J’ai donc décidé, à titre personnel, d’entamer une grève de la faim illimitée, cela, à partir du Lundi 15 Mai 2006 et ai bien l’intention de la suivre, tant que je ne vous aurai pas rencontré avec Monsieur Le Floch, Directeur des Opérations Ile de France, les délégués syndicaux du CE2 ainsi qu’un responsable de notre syndicat CGT.
Le seul but de cette rencontre consistera à clarifier cette situation insupportable et de mettre en place une bonne fois pour toutes, des actions justes.
Ce courrier n’a pas pour objet de me proposer une mission dès lundi 15 mai ou de proposer à quelqu’un d’autre une mission afin de calmer la situation. Ce courrier doit, tout au moins pour une fois, vous faire prendre conscience que cette situation ne peut perdurer.
Vous ne pouvez vous permettre d’aller plus loin dans ce fléau, Vous ne pouvez vous permettre une condamnation à vie et pourtant, c’est ce que vous êtes en train de faire en nous faisant tout perdre !
Permettez-moi de parler de ma situation.
En 2005, je n’ai bénéficié que de deux missions. La première d’un délai d’un mois, la seconde de 15 jours. Ma dernière mission, quant à elle a pris fin le 30 avril 2003. Ces missions avaient pour qualification : « Opératrice de saisie » qui n’est pas ma qualification sauf celle de 15 jours qui consistait à travailler avec une loupe durant toute une journée. Où est ma valeur ajoutée ?
Pour la rentrée 2005, j’ai été dans l’impossibilité d’entamer un CIF au CNAM (conservatoire national des arts et métiers) afin d’entamer un Master alors que depuis 1997 je finance seule les cours. Je n’ai pu financer pour cette année, que le premier semestre.
N’ayant toujours pas abouti aux 1600 heures de mission sur les 18 derniers mois afin de pouvoir bénéficier d’un contrat individuel de formation, je vais être à nouveau dans l’impossibilité de faire une demande pour la prochaine rentrée et n’ai plus les moyens financiers comme intellectuels de continuer.
Suivre des cours au CNAM est ma grande passion, passion dont vous m’en empêchez la continuité.
Je ne peux me permettre de parler de la situation de certains collègues et pourtant, il y aurait à dire !
Nous n’avons pas d’évolution de carrière, aucun entretien annuel et cela, après maintes demandes. Nous avons perdu pour la plupart, notre métier, notre place dans la société, nous perdons maintenant notre identité !
Nos enfants, nous voyant chaque jour en activité envers et pour autrui ne nous comprennent plus lorsque nous ne sommes plus en mesure d’assouvir leurs désirs d’un jouet, d’un vêtement, d’un sport, d’un départ en vacances etc…
Monsieur le Président de Manpower France, je souhaiterais vous amener mon enfant âgé de 11 ans à qui vous allez expliquer pourquoi ma famille est obligée d’intervenir afin qu’il puisse partir en vacances l’été, par la même occasion, vous lui expliquerez pourquoi je ne peux me permettre depuis ces deux dernières années de l’envoyer faire du ski, etc…
Cette grève de la faim que je vais entamer, ira jusqu’à reconnaissance des erreurs commises par Manpower France. Vous nous retirez notre bien être, notre idéal, nos illusions et j’en passe.
Je vais adresser ce courrier à toutes les personnes que je connais, celles que je ne connais pas, l’inspection du travail, la médecine du travail, la HALDE, la Presse, le SETT, le MEDEF, le Gouvernement, y compris à Manpower Inc, etc…. afin de montrer que vous êtes la cause de notre descente aux enfers !
Cette grève de la faim commencera dès ce lundi 15 mai 2006 chez moi, sous surveillance médicale en attendant que je trouve quelqu’un qui prendra en charge mon enfant afin que je puisse descendre sur Paris où je me positionnerai à un endroit visible.
Au stade où j’en suis, je n’ai plus rien à perdre, et c’est le seul moyen qui me reste pour me faire respecter, pour nous faire respecter.
Rappelez vous, il y a quelques années de cela, vous avez faire afficher dans toutes les agences Manpower en France, à la vue de tous - les Valeurs de Manpower -
Permettez moi aujourd’hui de vous demander ouvertement, si ces valeurs sont toujours d’actualité !
Bien cordialement,
Marie-Odile Bonnet Déléguée CGT
à 20:53