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Un texte intersyndical
Paris, le 5 septembre 2007,
à Laurent Joffrin, PDG de Libération et Denis Pierrard, directeur général
Vous avez déposé, fin août, une requête au tribunal d’instance pour « contestation de désignation syndicale »
contre le syndicat SUD et Alain Chiara, après la désignation de ce
dernier, le 8 août dernier, comme représentant syndical Sud auprès du
CE. Cette plainte, et ces méthodes, inédites à Libération,
constituent à nos yeux une entrave inacceptable à l’exercice de la
liberté syndicale. En réalité, 24 heures après sa désignation par SUD,
Alain Chiara était convoqué par Denis Pierrard qui lui remettait une
proposition de... déqualification. Jusqu’alors chef comptable, Alain se
voit proposer d’effectuer la saisie des notes de frais, la gestion des
copyright et du parc automobile...
Vous lui avez donné un mois pour répondre, mais sans attendre, un avocat a été saisi par Libération pour contester devant les tribunaux sa désignation de représentant syndical, en évoquant de soit-disant « manoeuvres déloyales et abusives ». Alain se voit soupçonné de « tenter
de bénéficier de la protection syndicale », « lui permettant d’éviter
les éventuelles conséquences de la modification de son contrat de
travail ». Malheureusement, il aurait fallu pour cela qu’Alain ait
été convoqué, informé, averti d’éventuelles menaces pesant sur la
pérennité de son poste. Tel n’a pas été le cas. C’est tout le
contraire. Loin de remettre en cause ses compétences, les mandataires
sociaux l’ont encore envoyé représenter Libération, fin juin, devant le Tribunal de commerce, lors de l’examen de la reconduite de la procédure de sauvegarde.
Nous sommes choqués de lire, dans l’assignation délivré par vos avocats, que « depuis qu’il a été embauché par Libération en septembre 1992 M. Alain Chiara n’a jamais participé de quelque manière que ce soit aux activités syndicales de la société », mais aussi que « malgré
les trois plans de sauvegarde mis en oeuvre depuis 2002, il n’a pas cru
devoir s’intéresser directement ou indirectement à la vie sociale de la
société Libération ». Alain a été élu représentant du collège des administratifs de la société des personnels de Libération
(SCPL) depuis 1996. Depuis cette année-là, il a siégé à ce titre dans
différents conseils de surveillance de l’entreprise, ce que vous ne
pouvez ignorer. Alain s’est donc au contraire particulièrement impliqué
dans la survie de Libération. Nous ne pouvons nous
empêcher de penser que c’est précisément cet engagement – sur des
positions de la SCPL parfois indépendantes de l’actionnaire de
référence - qu’on lui reproche aujourd’hui. En lui proposant une
modification substantielle de son contrat de travail qu’Alain ne peut
accepter, la direction cherche à créer artificiellement un motif de
licenciement.
Dans le travail de sauvetage ou redressement du journal, les faux procès ne peuvent être de mise contre les salariés. La liberté syndicale ne peut être bafouée. Si la direction maintient sa requête, le tribunal le dira aussi. Mais nous n’attendrons pas sa décision pour déposer plainte pour délit d’entrave. Nous avons par ailleurs alerté, dès hier, l’inspectrice du travail. L’intersyndicale vous demande donc de mettre un terme à ces pressions, et de revenir à des pratiques sociales plus conformes à l’esprit de Libération.
Pour l’intersyndicale CGT, SNJ, SUD,
Karl Laske (SUD), François Wenz Dumas (SNJ), Fatima Brahmi (CGT)
PS : ce courrier sera rendu public.
Un tract (8 octobre 2007)
Nous avons été quelques-uns à accompagner Alain Chiara au tribunal d’instance, lundi, où la direction de Libération
avait mandé deux avocats pour y contester sa désignation par Sud comme
représentant au comité d’entreprise. La direction elle même était
étrangement absente de cette mascarade. Selon ses avocats, Sud aurait
frauduleusement désigné Alain pour le protéger d’un licenciement...
Malheureusement pour eux, et la procédure qu’ils ont engagée, le
licenciement d’Alain ou la suppression de son poste n’ont été jamais
été évoqués lors du plan social. Et aucun avertissement, projet
d’avertissement, demande d’entretien préalable, ne sont arrivés jusqu’à
ses oreilles, ni à celles des syndicats. C’est seulement au lendemain
de sa désignation par Sud que la direction a sorti une proposition de
modification de poste qu’Alain a refusé. Par écrit, l’ensemble des élus
SCPL ont manifesté leur solidarité avec Alain, en soulignant son
dévouement et sa loyauté dans la recherche d’une sortie de crise pour Libération. Un engagement que la direction ne semble pas porter au crédit d’Alain, au contraire.*
C’est la première fois dans son histoire que Libération traduit un salarié au tribunal pour contester l’exercice d’une liberté syndicale. Cette démarche odieuse, que l’on doit au nouveau « management », marque un tournant dans les relations sociales au sein du journal. Nous ne laisserons pas faire.
L’intersyndicale SUD, CGT, SNJ