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MALAISE DANS LA POLICE ET DECADENCE SOCIALE
Si le malaise dans la police n’est pas un phénomène nouveau, son ampleur prend aujourd’hui des proportions qui méritent que l’on s’y attarde.
Même si les rapports de la Police/Gendarmerie (*) avec le reste de la société ont été toujours ambigus et complexes, pour ne pas dire contradictoires… « Je t’aime, moi non plus »,… les années fastes de l’après guerre ont connu des rapports, de manière générale, disons « apaisés ». C’est l’époque des « hirondelles » et « gardiens de la paix »… Ce qui n’empêchait pas des moments de crises intenses avec Gardes Mobiles et CRS contre les salariés.

LA VRAIE MISSION DE LA POLICE

La Police n’a pas pour mission, contrairement à ce que l’on voudrait nous faire croire, la protection de la population. Sa véritable mission est de faire en sorte que l’ordre social règne… ce qui est notoirement différent. En effet, dans un système économique dans lequel l’individu est au service de l’économie et non l’inverse, ce qui prime n’est pas le bien-être de chacun mais sa soumission aux exigences du système. D’où un besoin potentiel inévitable de coercition.

Les conflits sociaux sont minimaux, sans être totalement absents dans une société dans laquelle, globalement, tout le monde a sa place, trouve plus ou moins son intérêt, peut vivre à peu près décemment et assurer l’avenir de ses enfants, obtient des garanties en matière de santé, de retraite,…. C’est l’époque des Trente Glorieuses - où le Capital et l’Etat peuvent se « payer la paix sociale »… et se la paient, en accordant avantages sociaux et garanties d’avenir.

La Police montre son vrai visage quand la situation sociale change. L’ordre social ne peut plus alors être garanti par des largesses accordées par le Capital… Au contraire, celui-ci est contraint par la mondialisation marchande d’opérer des transformations qui portent atteinte à l’emploi, aux salaires, aux conditions de vie des populations défavorisées et revient sur les avantages accordés. L’Etat, qui n’est que le garant du fonctionnement du système capitaliste, ce qu’il a toujours été, ne peut que suivre cette transformation en se donnant les moyens de réprimer tout mouvement de révolte. La Police, sans changer de nature, change d’aspect, et se voit attribuer des missions qui la rendent impopulaire : agressions de grévistes, de squatteurs, de jeunes en dérive, de contestataires divers et variés.

Nous sommes aujourd’hui à un stade de décomposition du système qui oblige l’Etat à utiliser la Police comme un dernier rempart pour le sauver. Toutes les manipulations électorales et politiciennes, le conditionnement médiatique, les promesses et artifices n’arrivent même plus à faire illusion… Comme dans tous les systèmes d’exploitation, le dernier recours est la violence. On comprend que l’Etat soutienne, en toutes circonstances, sa Police.

GENESE D’UN MALAISE

Le policier n’est pas le seul à s’interroger sur le sens de sa mission. L’enseignant est dans le même cas quand il voit l’avenir sombre des jeunes qui lui sont confiés et le désintérêt de l’État, il se rend alors compte que sa mission n’est pas celle qu’il croyait : éduquer, amener les jeunes vers l’autonomie. Le médecin est dans le même cas, quand il se rend compte qu’il répare plus qu’il ne soigne des individus cassés par le système. Idem pour le travailleur social, l’agriculteur à qui le marché fait produire des saloperies qui empoisonnent les consommateurs,…

La particularité du policier c’est qu’il est au cœur des violences physiques que peut engendrer le système pour faire régner l’ordre dans le troupeau de citoyens. Alors que le discours idéologique du système fait la plupart du temps illusion en enrobant les problèmes dans une sauce humaniste, il n’en fait plus aucune quand il recourt à la force brutale,… sinon à justifier son action par une vague notion de l’ordre et par la dénonciation des opposants qualifiés selon les cas de délinquants, terroristes, révolutionnaires, anarchistes, nihilistes,… Or, et aucun système dans l’Histoire ne l’a compris, jamais la violence ne fait taire définitivement la contestation et à fortiori ne résout les problèmes.

La Police est composée d’hommes et de femmes, autrement dit des êtres humains immergé/es dans la société. Qu’ils sachent prendre leurs distances par rapport aux problèmes qu’ils traitent est une évidence,… comme le font toutes les professions. Pourtant, dans leur cas, la violence des situations contradictoires, voire insupportables, ne peut, en fonction de leur personnalité, de leur culture, de leur sensibilité, que les atteindre plus fortement que pour les autres professions.

Bien sûr, et l’Histoire l’a montré, ils peuvent aller très loin dans l’acceptation de l’inacceptable – voir la période 1940-45 – même si quelques rares éléments sont entrés en Résistance… et l’ont payé très cher.

Aujourd’hui la situation sociale est différente, l’information circule, il existe une opinion publique,… tout, ou à peu près, se sait, est filmé, diffusé,… l’anonymat qui pouvait couvrir l’inacceptable est de moins en moins garanti. Il existe manifestement chez les policiers, une sorte de mauvaise conscience sur ce qu’on leur demande de faire qui entre en contradiction avec les missions qu’ils pensaient devoir assurer.

La décadence sociale fait du policier davantage un barrage contre la déliquescence des rapports sociaux qu’un élément positif de stabilisation. Aujourd’hui, plus le policier pense, réfléchit,… plus il est mal à l’aise !
Ce malaise peut s’exprimer par des revendications traditionnelles : augmentation des effectifs,… ce qui ne règlerait rien,… jusqu’à la déprime pouvant conduire au suicide,… ce qui ne règle toujours rien.

Le problème est global et concerne, en fait, l’ensemble de la société comme pour l’Ecole ou la Santé.

6 décembre 2014 Patrick MIGNARD

(*) Police et Gendarmerie sont confondues dans le texte et apparaissent sous le terme générique de Police.

Ecrit par , à 07:20 dans la rubrique "Pour comprendre".

Commentaires :

  libertad
11-12-14
à 07:28

Dans le passé la police a déjà su montrer son vrai visage, même durant "les trente glorieuses", souvenons-nous de la manif des algériens à Paris réprimée par Maurice Papon, préfet de police de sinistre mémoire et de la répression du métro de Charonne

Répondre à ce commentaire

  libertad
11-12-14
à 19:35

Réponse de Patrick Mignard

Réponse de Patrick Mignard (par mail) : "Oui, et cet exemple est très révélateur. A l'époque, souvenons nous, l'impact sur l'opinion publique de ces violences policières a été peu important au point que le Ministre de l'Intérieur a pu nier toute violence ( ? ),... les réactions ont été plus qu'isolées, exceptionnelles. On pourrait prendre aussi l'exemple de Charonne en 1962 où la réaction a été massive, mais cela correspondait à une puissance du PCF qui savait, à l'époque, mobiliser.
Ces deux évènements étaient très ponctuels et n'ont pas donné naissance à une prise de conscience sur la nature de la police au niveau de l'ensemble de la société. Je fais l'hypothèse que c'est la relative stabilité du lien social de l'époque qui faisait que la police, de manière générale, était intégrée dans le paysage social. Les choses changent aujourd'hui où la dégradation sociale et l'impuissance/volonté de l'État d'y apporter une solution fait jouer un rôle évident de défense du système décadent à la police".

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