Le 11 novembre dernier n'a pas été un jour où l'on déplore le sang versé sur l'autel du capitalisme et de la raison d'État par environ 9 millions d'ouvriers et de paysans lors de la guerre 14-18. Le terrorisme d'État que constituent toutes les guerres d'aujourd'hui et d'hier, n'a pas été dénoncé sur les ondes, ni à la télé, ni dans les journaux. Le 11 novembre dernier n'a pas été non plus un jour où l’on dénonce le sabotage méthodique mené par l'État de ce qu'il reste de services publics à la SNCF, à la Poste ou dans l'Éducation. Le 11 novembre dernier n'a pas permis de faire le point sur le terrorisme patronal qui licencie des milliers de travailleurs et de travailleuses, « crise » économique oblige, ou exploite sans vergogne, provoquant tous les jours, en France, deux morts liées au travail. Rien non plus sur la spéculation capitaliste qui jette à la rue ceux qui n'ont pas de quoi payer leur loyer quand des logements sont vides...
Le 11 novembre
dernier, par contre - à longueur de médias - il a été question de
terrorisme autour de l'affaire des sabotages de caténaires sur des
lignes SNCF. Pourtant… Pas un mort ni un blessé, personne jeté dans la
misère ou le désespoir.
Les autres ruptures de caténaires lors
de l'année 2008, dues à leur mauvais entretien, n'ont pas – elles -
provoqué la moindre poursuite à l'encontre de la direction de la
SNCF... La disproportion entre les faits reprochés et le traitement
d'exception réservé aux prévenus accusés de terrorisme, constitue un
véritable déni de justice dans lequel la présomption d'innocence est
complètement bafouée !
Aujourd'hui le dossier semble vide et pas un
élément tangible ne vient corroborer les accusations contre les 9
personnes poursuivies. L'acte d'accusation est fondé exclusivement sur
les idées et les intentions qui leur sont attribuées. Les 5 personnes
qui restent emprisonnées sont donc bien des prisonniers d'opinion. La
Coordination des Groupes Anarchistes ajoute sa voix à celles des
habitants et voisins de Tarnac pour exiger leur libération immédiate.
Dans
cette affaire, l'État a orchestré un véritable montage médiatique dont
le but, à défaut d'être nouveau, semble très clair : fabriquer une
hypothétique menace pour désigner un ennemi intérieur. Ainsi, à travers
la classification dans la catégorie terroriste de « l'ultragauche », et
d'une supposée «mouvance anarcho-autonome », l'objectif est de
criminaliser l'ensemble des mouvements de contestation de l'ordre
établi, de mettre au ban les mouvements révolutionnaires et tous ceux
et celles qui contestent le pouvoir destructeur du capitalisme et de
l'État sur nos vies. Depuis le 13 juin 2008, une circulaire du
ministère de la justice demande le classement dans la catégorie
terrorisme de tous les faits impliquant ou se rapprochant des modes
d’action qualifiés « d'anarcho-autonomes ». La formulation est
suffisamment floue et peut toucher celles et ceux engagés dans des
conflits sociaux qui décident lors d'une grève d'occuper leur lieu de
travail ou leur université, de soutenir des personnes sans-papiers, de
faire un sit-in dans une rue etc. Bref tous ceux et celles qui pour
stopper l'ignominie capitaliste et l'autoritarisme étatique utilisent
les formes d'actions historiques du mouvement ouvrier et de tout les
mouvements contestataires à travers le monde. Le but de l'État avec
cette construction de l'amalgame « contestation sociale = terrorisme »
est bien de baliser le champ de la contestation qu'il tolère et marquer
d'une ligne jaune la limite à ne pas dépasser. La fusion, fin juin
2008, de la Direction de la Surveillance du Territoire (DST) - les
services secrets pour l’intérieur - et des Renseignement Généraux (RG)
- la police politique - est révélatrice de cette volonté de
criminaliser encore les mouvements sociaux. Cette option, utilisée de
tous temps par les États, s'explique d'autant mieux que la crise
sociale majeure dans laquelle nous venons à peine d’entrer ne manquera
pas de provoquer des tensions sociales. C'est une arme supplémentaire
et complémentaire à l'arsenal sécuritaire déjà en vigueur.
Face
à cela, la Coordination des Groupes Anarchistes appelle à la résistance
contre les méthodes d'exception, les mesures et les lois sécuritaires,
et au refus de la criminalisation du mouvement social et des mouvements
révolutionnaires.
Nous appelons chaque individu à participer aux
luttes sociales pour créer ensemble un mouvement de masse capable de se
substituer à l'État et au capitalisme pour construire une société de
libertés, basée sur la répartition égalitaire des richesses, par la
gestion directe des moyens de production et de distribution.
le 23 novembre 2008
Relations Extérieures
de la Coordination des Groupes AnarchistesLe communiqué est téléchargeable au format
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