Joueb.com
Envie de créer un weblog ?
ViaBloga
Le nec plus ultra pour créer un site web.
Débarrassez vous de cette publicité : participez ! :O)

L'En Dehors


Quotidien anarchiste individualiste





Crée le 18 mai 2002

Pour nous contacter : endehors(a)no-log.org



D'où venons-nous ?


Nos références
( archives par thèmes )


Vous pouvez nous soutenir en commandant nos brochures :

Les éditions de L'En Dehors



Index des rubriques

Les collaborateurs et collaboratrices de l'En Dehors

Liens

A noter

Recherche

Archive : tous les articles

Session
Nom d'utilisateur
Mot de passe

Mot de passe oublié ?

Lettre à mon père

Lu sur : Bangbang « Est-ce parce que je me suis mis dernièrement a réfléchir a mon coming-out que j'ai fais il y a cinq ans ? Je ne sais pas mais toujours est-il que j'ai écrit à mon père, le patriarche, ce que je n'avais jamais fait. J'ai voulu publier cette lettre parce que ça m'aide et me fait du bien et parce que c'est aussi la lettre d'un PD a son père :

Salut,

Il m'a fallu pas mal de temps pour décider d'écrire cette lettre. Du temps que j'ai utilisé pour la réflexion surtout.

La dernière fois que l'on s'est vu, je t'ai dit qu'il y avait un malaise dans notre relation que j'avais besoin de verbaliser. Ton étonnement signifiait d'ailleurs que tu ne l'avais pas perçu, ce qui ne m'étonne pas trop finalement.

Tu as bien du percevoir quand même que notre relation n'est pas formidable pour ne pas dire quasi-inexistante (sinon au travers des liens de filiation qui unissent traditionnellement et de façon bien-pensante un-e enfant-e a ses parents) et qu'il en a toujours été ainsi.

Oui, je me pose des questions sur la valeur et la portée des liens soi-disant d'amour qui unissent les parents et les enfants.

Oui, je me demande ce que veut dire cet amour, ce qu'il représente pour l'une et l'autre partie. En ce qui nous concerne, je ne souhaite pas ici m'étendre sur la relation que nous avons eu dans le passé. Bien que je ne crois pas que l'amour d'un-e parent-e pour son enfant-e se borne a lui assurer un bon avenir professionnel, un toit et de quoi bouffer tout les jours. En schématisant, c'est un peu ainsi que je l'ai vécu.

Oui, aujourd'hui je veux nuancer cet amour que tu dis avoir pour moi. Il ne s'agit pas de dire "je t'aime" et puis basta on ne change rien.

Mais ce qui m'intéresse de discuter, ce sont les propos que tu as tenu sur l'homosexualité (puisque c'est de ça dont il s'agit) un soir de l'été dernier alors que je vous avez invite, maman et toi, a venir manger chez moi. Je ne sais pas si tu t'en souviens mais pour te rafraîchir la mémoire, je te cite presque mot pour mot: "L'homosexualité est une maladie sociale qui participe a la déchéance actuelle de la société."

Pour moi, il est évident que ta soi-disant tolérance envers mon homosexualité (tu penses que le fait de ne pas m'avoir foutu a la porte te rend tolérant, tolérance que je considère d'ailleurs comme un autre aspect de l'oppression homophobe de la société) n'enlève rien au caractère fasciste de ces paroles.

Bien sûr je sais que tu penses que cette vision est extrémiste et c'est bien la le problème mais je ne me justifierai pas sur ce point. Apres cette soirée, tu as fait comme si de rien n'était, comme si rien d'important n'avait été dit ce soir-là. Et moi-même je n'ai pas su réagir sur le moment.

Aujourd'hui, je trouve la force et j'espère qu'après cette lecture tu auras compris que moi, je ne peux pas faire comme si rien ne s'était passé.

Ma réaction première a donc été l'éloignement comme tu as sûrement dû t'en rendre compte. Aujourd'hui, je ne supporte plus le fait que tu ne sembles pas avoir conscience des causes de cet éloignement ni du mal que cela peux faire d'entendre des mots pareils, qu'ils soient de toi ou de quelqu'un d'autre. La seule différence c'est que si quelqu'un d'autre m'avait dit ça chez moi, je l'aurais insulté, lui aurais craché a la gueule et je l'aurais foutu a la porte. Je ne peux pas faire ça en ce qui te concerne et c'est pour ça qu'une telle situation ne doit pas se représenter.

Tes paroles ne sont malheureusement que le reflet de la pensée moralisatrice et profondément homophobe si répandue dans notre société "démocratique et égalitaire". Cette pensée est responsable du mal-être, des dépressions, de la solitude des personnes qui, comme moi, ont une sexualité différente. Elle est responsable de nombreux séjours en hôpitaux psychiatriques et de suicides.

A cause de tout ça (entre autres), elle m'est insupportable, de qui que ce soit qu'elle vienne... Il est évident que je ne peux pas entretenir de relation avec des personnes qui pensent ainsi. Et tu auras compris que nos liens biologiques ne changent rien a ça.

En fait, que tu m'aies dit ces mots m'a au moins permis de me rendre compte de tout ça et en écrivant cette lettre de clarifier certaines choses pour moi, puisque c'est surtout pour moi que je le fais vu que je ne souhaite plus que notre relation s'améliore. Il est trop tard. Je ne fais que dresser un constat. Et ce que je constate c'est qu'il faut arrêter de se voiler la face! Tu n'aimes pas les pédés, comment peux-tu dire que tu m'aimes. Tu devrais te poser la question !

Voilà, j'espère que tu as compris que cette lettre n'est pas accusatrice et ne vise pas à te culpabiliser, j'ai déjà dépassé ce stade. Elle vise plutôt à t'expliquer pourquoi je considère que nos liens ne m'apportent rien.

Cette lettre te paraîtra sûrement dure et te fera peut-être du mal mais ça n'est pas son objectif et elle était nécessaire pour mon bien-être a moi et pour me débarrasser de mes vieux fantômes.

Elle n'a pas été facile a écrire mais au moins maintenant tu sais ce que je pense sur notre relation et tu ne pourras plus faire comme si tu ne savais pas.
Cette lettre n'appelle évidement pas de réponse. »

Anonyme
Ecrit par Mirobir, à 04:34 dans la rubrique "Le privé est politique".

Commentaires :

  Anonyme
10-11-04
à 05:26

Quelle éloquence
Répondre à ce commentaire

  Gamin
10-11-04
à 07:49

Constat bien amer d'une société, à travers un père peu tolérant, qui juge et condamne un peu trop vite ce qu'elle considère comme une "déviance" dans le fait d'avoir une sexualité différente...

Je lève mon chapeau à l'homme qui a écrit cette lettre, car écrire une telle chose à l'adresse de n'importe quel quidam aurait été facile... mais là, en l'occurence, il s'agissait de son propre père !! Et le constat est en quelque sorte à double sens : puisque le père n'aime pas les "pédés", la logique veut qu'il n'aime pas son fils aussi, mais là, la logique devient illogique quelque part ! Peut-on rejeter, renier son propre fils comme on renierait un ami qui vous a trahi ?? Peut-on faire comme si les liens du sang n'existaient pas ??

Il semblerait qu'à la lecture de cette lettre que malheureusement oui, un père peut parfaitement "oublier" son fils et faire comme si il n'existait plus...

L'auteur de cette lettre l'a très bien compris, puisque la lettre en elle-même ne se veut ni accusatrice ni moraliste, mais dresse un constat édifiant sur une société "bienfaisante" face à des personnes homosexuelles... lettre qui n'appelle pas de réponse, comme il est dit...

C'est véritablement une marque de savoir-vivre et une leçon de courage qui est donnée ici... Chapeau bas !!
Répondre à ce commentaire

  rakshasa
10-11-04
à 14:05

oui mais...

Rien à redire sur le propos, mais, lettre réelle ou fictive?
Répondre à ce commentaire

  Anonyme
10-11-04
à 18:37

Re: oui mais...

Ce texte m'intéresse beaucoup, parce que les questions qu'il pose vont bien au-delà du cas de l'auteur, bien au-delà de l'homophobie.
"la logique devient illogique quelque part ! Peut-on rejeter, renier son propre fils comme on renierait un ami qui vous a trahi ?? Peut-on faire comme si les liens du sang n'existaient pas ??", demande Gamin dans son commentaire.
C'est bien ce que dit l'auteur de la lettre : "Oui, je me pose des questions sur la valeur et la portée des liens soi-disant d'amour qui unissent les parents et les enfants."
La famille est une institution sociale, il n'est pas prévu qu'il y ait de l'amour dans les relations, ce n'est pas du tout le but. Il peut arriver que se développent des relations d'amour et de respect entre des personnes de la même famille, comme cela peut arriver dans n'importe quel type de relations.
Non, les relations obligées entre un parent et un enfant sont d'un autre ordre. L'auteur le suppute : "La seule différence c'est que si quelqu'un d'autre m'avait dit ça chez moi, je l'aurais insulté, lui aurais craché a la gueule et je l'aurais foutu a la porte. Je ne peux pas faire ça en ce qui te concerne et c'est pour ça qu'une telle situation ne doit pas se représenter."
Voilà, tout est sous-entendu ici. On accepte de ses parents (ou de ses enfants !) ce qu'on n'accepterait pas d'autres, même d'amis. Parce que la relation en famille est fondamentalement construite sur la confrontation, c'est fondamentalement un rapport de force, une relation de pouvoir. Donc, Gamin, ce n'est pas illogique de renier son fils ou son père, les liens du sang n'existent pas, et s'affranchir de ce mythe est une des conditions inévitables pour tenter d'être libre.
Mort à la famille, vive les individus libres, fussent-ils en partie tissés de mon sperme.
L'Unique.
Répondre à ce commentaire



Modèle de mise en page par Milouse - Version  XML   atom