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Tout le mystère du plaisir dans un corps de femme réside dans l'intensité de la pulsation juste avant l'orgasme. Parfois elle est lente, un deux trois, trois palpitations qui projettent ensuite à travers le corps une liqueur de feu et de glace. Si la palpitation est faible, atténuée, le plaisir est comme une onde plus douce.
La poche de l'extase éclate avec plus ou moins d'énergie, lorsqu'elle est à son paroxysme elle atteint chaque partie du corps, vibrant à travers chaque nerf et chaque cellule. Si la palpitation est intense, le rythme et le battement en sont plus lents et le plaisir plus durable. Des flèches de chair fulgurantes : une seconde vague de plaisir recouvre la première, une troisième qui touche chaque extrémité nerveuse, et maintenant une autre comme un courant électrique traversant le corps.
Un arc en ciel de couleur frappe les paupières. Une écume de musique remplit les oreilles. C'est le gong de l'orgasme. Il y a des moments où une femme sent que l'on ne joue sur son corps qu'avec légèreté. A d'autres moments il parvient à un tel paroxysme qu'il ne saurait, semble t il, jamais le surpasser.
Tant de paroxysmes. Certains provoqués par la tendresse, certains par le désir, certains par un mot ou une image vue dans la journée. Par moments la journée elle même exige un paroxysme, les journées de sensations cumulatives et de sentiments non explosés. Il y a des journées qui ne se terminent pas par un paroxysme, où le corps est assoupi ou bien rêve d'autres rêves.
Il y a des jours où le paroxysme n'est pas le plaisir mais la douleur, la jalousie, la terreur, l'anxiété. Et il y a des jours où le paroxysme se produit dans la création, un paroxysme blanc. La révolution est un autre paroxysme.
Extrait du Journal 1934-1939 d'Anaïs NIN
Tract de Sorcières sans frontières
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