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Quand le 10 mai 1981, François MITTERAND est élu Président de la République, il a dans sa poche 110 propositions. Certaines seront réalisées, d’autres non.
En plus de ces
propositions, le nouveau Président de la République a un programme
– pas seulement une liste de propositions – mais un vrai
programme, un programme
stratégique de développement économique, dont la clef de
voûte est une série de nationalisations
censées constituer l’ossature de la nouvelle politique
économique.
On sait ce qu’il est advenu de ce beau projet, mais à l’origine il existait.
UN VIDE PROGRAMMATIQUE
Derrière les effets de tribunes et dans l’ambiance chaude des réunions publiques incantatoires, on serait bien en peine de trouver une telle logique chez le candidat François HOLLANDE. Rien qui permette de déceler la moindre stratégie de politique économique.
Le projet financier et industriel est faible au regard de la situation actuelle.
La finance : déclarée adversaire principal à Paris et tout à fait acceptable à Londres, c’est tout de même avec des pincettes que le candidat Hollande s’en saisit :
- la
« taxation des transactions
financières avec ceux qui la veulent » laisse dubitatif, sur
le sérieux, le caractère aléatoire et la faisabilité d’une telle
mesure.
- L’ « agence publique de notation
européenne » apparaît comme un gadget à côté des autres
agences, privées, autonomes, qui continueront à exister. Et se
pose la question : s’agit-il
de donner des gages aux marchés financiers ?
- Le
« pacte de responsabilité de
gouvernance et de croissance », malgré sont titre ronflant
est un coquille vide dont on ne voit pas très bien comment elle
pourrait se remplir… Tout dépend des partenaires et de la finance
internationale… Autant dire rien de bien sûr et de bien clair. De
même que la renégociation de l’ « accord européen de décembre
2011 » et les « euro-obligations »
est du domaine de
l’hypothétique. Cela dit ça n’engage pas à grand-chose de le dire.
Ne parlons pas de
l’interdiction faites aux banques d’installer des filiales dans les paradis
fiscaux et de la limitation
de certains produits financiers… là aussi la faisabilité de
la chose est tout à fait aléatoire et même techniquement
impossible sur une grande échelle. Or, en matière de finance tout est interconnecté.
Il est évident que F. Hollande et son équipe n’auront pas les moyens de lutter contre la spéculation financière et que les mesures envisagées ne sont que des piqûres d’épingles sur le dos du monstre.
L’industrie : la réindustrialisation du pays présentée comme priorité laisse un peu/beaucoup perplexe. Pur produit de la mondialisation du capital, on ne voit pas trop bien comment il compte rapatrier toutes les industries disparues ( ?). Et ce n’est pas une « banque publique d’investissement » qui va réimplanter les industries parties ( ?).
Ce sont d’ailleurs les PME qui manifestement, ont la priorité pour le candidat Hollande… C’est certes bien pour elles, encore faut-il qu’elles aient une relative indépendance dans leurs branches – dépendantes de donneurs d’ordre, on change de niveau et ça devient beaucoup plus compliqué. Et, est ce à travers elles que l’on peut réindustrialiser ? Pari audacieux mais risqué.
Quand aux grandes entreprises qui, traditionnellement dans les « projets de gauche » constituent la colonne vertébrale des politiques économiques,… il n’en est nulle part question. Ceci est d’autant plus inquiétant que la plupart de ces entreprises ont été en partie privatisées, liquidant par la même le service public. D’ailleurs, du service public et de son rétablissement il n’en est nulle part question.
Ces grandes entreprises, qui sont mondialisées, largement privatisées, soumises à des règles européennes, échappent au pouvoir politique.
L’administration
Le candidat Hollande se satisfait complètement des mesures sarkozystes de rentabilisation de l’administration : « le nombre de fonctionnaires n’augmentera pas ». Il fait la part belle à la « Révision Générale des Politiques Publiques » (RGPP) qui est un pur produit de la pensée libérale. Merci à Mr Sarkozy ! Il en conclut, de fait, que ces mesures étaient indispensables.
Le reste du programme est d’un grand classique et ne coûte rien d’être annoncé surtout quand la surenchère démagogique des candidats y pousse.
Mesures fiscales tendant à réduire les inégalités : faudra voir !
Le système des
retraites est bidouillé "tous
ceux
qui auront 60 ans et 41 années retrouveront le droit de partir à la retraite à taux
plein". mais le vrai problème n’est
toujours pas posé : celui
de l’affectation des surplus de productivité à l’abaissement de
l’âge de la retraite.
Sur la « République et les institutions » on a droit à un lot massif de promesses plus ou moins alléchantes et qui ne coûtent rien d’être annoncées… et, éventuellement pas réalisées,… Faudra voir le moment venu.
CHANGEMENT ? VOUS AVEZ DIT CHANGEMENT ?
Qu’est ce donc que le changement ? S’il
consiste à changer le personnel politique, à virer l’actuel
Président de la République,
et on peut parfaitement le comprendre… alors oui il faut
voter Hollande. C’est d’ailleurs ce qui va se passer. Pour y
mettre on sait qui,… mais pour
faire quoi ?
A l’examen du programme du candidat « socialiste » on peut être certain qu’il n’y aura aucun véritable changement.
Pourquoi ? Parce que le nouveau Président, et donc son gouvernement gèreront le système marchand tel qu’il est, sans toucher à son mécanisme de fond, sans remettre en question la manière de fonctionner, en respectant les règles du salariat, de la rentabilité, de la circulation et de l’accumulation du capital, de l’essentiel des règles imposées par les traités européens,… et en subissant les contraintes internationales. Les gouvernements de MITTERAND, avec un arsenal de nationalisations, et autrement plus conséquent, avait capitulé devant la « réalité économique du monde »,… le fameux « principe de réalité »… Imaginez donc HOLLANDE dépourvu d’outil stratégique en vue du changement !
Nous allons assister
à la continuation de la
marchandisation de toutes les activités économiques et sociales,…
avec quelques bémols,
mais qui ne perturberont pas le processus en cours.
Nous allons assister, et subir, une gestion « social démocrate », en fait libérale, du capitalisme, à l’image des autres pays européens. Ce ne sera pas pire qu’une gestion « de droite », mais ce ne sera pas mieux. La pensée libérale a complètement contaminée la « pensée socialiste »…
Ce qui va changer c’est le style de la gouvernance, les apparences… c’est d’ailleurs sur elles que s’est faite la différence finale entre les deux candidats. On a ras le bol de Sarkozy on va essayer l’autre !
Les problèmes, les vrais, ceux qui se posent aux citoyens dans leur quotidien (pouvoir d’achat, emploi, retraites, santé) vont demeurer et ne seront évidemment pas résolus… jusqu’à ce que le peuple déçu… revote pour la droite,… et ainsi de suite !
Pour celles et ceux
qui seraient dubitatifs voici
une citation (une fois n’est pas coutume) à laquelle je vous
demande de réfléchir – parole d’expert en la matière, qui sait de
quoi il parle et qui s’applique exactement à ce qu’il est
devenu une fois arrivé au pouvoir :
« Les socialistes qui se sont posés en réformistes, ont fini par collaborer au système de valeurs capitalistes et donc à la politique de droite. La collaboration échappe difficilement à son destin qui est de trahir »
François MITTERAND – in « Un socialisme du possible » 1970
Avril 2012 Patrick MIGNARD
Commentaires :
revolte |
Ne soyons pas dupes de la mascarade electorale L'urne miroire aux alouettes Agire au lieu d'elir ! Abstention ! Répondre à ce commentaire
|
à 08:35