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Lu sur l'Humanité : "Exclusion . Le Collectif des morts de la rue rend hommage ce soir aux SDF qui décèdent sur le bitume.
Actes de barbarie, privation de nourriture, pendaison, sida, froid, assassinat, alcool… Une longue liste de causes de décès sera égrenée ce soir, place de la Concorde. Deux fois par an, le Collectif des morts de la rue rend un dernier hommage aux sans-abri décédés dans l’année. Ce soir, plus de deux cents noms seront ainsi lus à voix haute. Certains portent un nom, un âge. D’autres, une simple mention : « Un homme, cinquante ans environ. Ce n’est pas une liste exhaustive, précise Cécile Rocca, coordinatrice de l’association. Elle s’allonge chaque année, mais c’est aussi parce que notre réseau s’étend. »
Créé en 2002, ce collectif est un cri dans le silence qui entoure la mort des sans-domicile-fixe. Selon un rapport de Médecins du monde publié en 2006, l’espérance de vie d’un SDF ne dépasse pas les quarante-trois ans. Dans un domaine où les statistiques sont inexistantes (voir entretien ci-dessous), le Collectif des morts de la rue apporte de précieuses indications sur la mortalité des sans-abri et, par la même occasion, sur leurs conditions de vie. « Les morts de froid dont on parle sont une minorité, précise Cécile Rocca. L’année dernière, nous avons eu trois morts de froid et cinq brûlés vifs. Les deux tiers des SDF décèdent de mort soudaine. Ruptures d’anévrisme, crises d’épilepsie… Ces gens sont dans un état d’épuisement total. »
Grâce aux informations recueillies sur le terrain par la cinquantaine d’associations membres, le Collectif des morts de la rue publie une liste annuelle des défunts, qu’il tente d’identifier au mieux, avec l’aide des services de police. « On fait circuler les noms dans les associations pour que proches et amis soient prévenus et puissent assister aux funérailles. » Outre les faire-part publiés régulièrement, les listes des décès, en libre accès sur le site de l’association (1), permettent aussi aux familles de retrouver un proche disparu. Ainsi, l’an passé, ce sont 57 familles qui ont été informées par le biais du site Internet. « Ce sont souvent des enfants adoptés, recueillis ou placés qui sont en quête de leur géniteur, chaque histoire est très particulière », confie Cécile Rocca. Et de donner l’exemple de ce jeune toxicomane, mis à la porte de chez lui et retrouvé par son frère jumeau par le biais du site Internet…
Tout au long de l’année, les trois cents bénévoles aident les familles dans le deuil, les démarches administratives et l’organisation des funérailles. En convention avec la Ville de Paris, le Collectif des morts de la rue accompagne les morts isolés au cimetière parisien de Thiais, mais tous ne sont pas SDF. Pour les sans-abri, l’association aide les proches à organiser l’enterrement, en lien avec les municipalités qui ont obligation d’organiser des funérailles décentes. Il peut s’agir d’un simple hommage, comme celui rendu en janvier dernier à André Gérard, ce handicapé retrouvé mort de froid sur son fauteuil roulant, au milieu du bois de Vincennes. Son ami Patrick n’avait pas été convié aux funérailles. Le collectif a donc organisé une cérémonie et posé une plaque en son souvenir. Des rituels symboliques qui permettent aussi de prendre en compte les vivants. « Les personnes à la rue sont souvent confrontées à des deuils, indique encore Cécile Rocca. La symbolique est importante. Il s’agit de leur dire que leur vie est importante, que nous refusons qu’ils disparaissent comme ça. »
(1) mortsdelarue.org
Cérémonie : le collectif rendra hommage, ce soir,
aux 200 personnes mortes dans la rue cette année. Rendez-vous à 19 h 15, place de la Concorde à Paris
(entre le cours de la Reine et l’avenue Édouard-Tuck).
Marie Barbier