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S’il conserve quelques admirateurs, à ma connaissance les littératures et les anthologies scolaires l’ignorent. De Gatien Courtilz de Sandras (1644-1712), on passe à Claude Prosper Jolyot de Crébillon fils (1707-1777) Mais les auteurs hautement diplômés de ces manuels ne jugent pas utile de justifier leurs choix et exclusions. Ils ne font qu’obéir aux programmes concoctés au sommet par on ne sait qui, des membres de l’élite en tout cas, nourris de classicisme académique. Si, après une longue période de purgatoire, les mandarins ont fini par admettre au panthéon national Rimbaud et Baudelaire, c’est que ces derniers respectent les sacro-saintes règles de la langue écrite, et ne risquent plus de troubler les bonnes mœurs et l’ordre social.
Gaston Couté n’appartient même pas à la catégorie des poètes maudits : ceux qui furent négligés de leur vivant car ils étaient en avance sur leur temps. Pendant sa courte vie, il connut un certain succès, non parce qu’il se tenait au-dessus de la mêlée, mais parce qu’il pataugeait dedans. Un peu trop et du mauvais côté : celui des torchons rouges et noirs qui pavoisent les colères des gens d’en bas, pour reprendre l’expression méprisante d’un ministre de la France d’en haut. De surcroît, au lieu de respecter la langue des dominants, il s’exprimait comme ceux dont il partageait les luttes : gueux des champs ou des villes. Comble de la vulgarité, ses textes sont souvent destinés à être chantés. Hors des salons à piano, cela va de soi !
Infréquentable, irrécupérable et d’un mauvais exemple pour la jeunesse donc, le croquant chansonnier prématurément usé par les excès. Quant à ses révoltes, appartiendraient-elles à un passé révolu ? Un siècle plus tard on en jugera.
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