Lu sur
@narlivres :
"Ce roman évoque avec brio la figure de Jules Durand, secrétaire du syndicat des charbonniers du Havre, victime en 1910 d’une machination que l’on a pu nommer « l’affaire Dreyfus du pauvre ». L’auteur peint avec justesse et réalisme aussi bien le milieu des pauvres hères, abrutis par la misère et l’alcool, condamnés à la tuberculose, qui ravitaillent en charbon les steamers, que celui des « maîtres charbonniers » dont le progrès technologique a fait la prospérité. Sur les quais, ces « miséreux », montés les uns contre les autres pour survivre, sont méprisés par les autres dockers jusqu’à ce qu’un syndicaliste, anarchiste et buveur d’eau, idéaliste et pacifique, arrive à leur faire prendre conscience de leur sort et de leur force. Et l’inimaginable arrive, c’est la grève, âpre, dure mais conquérante… Les négociants et les patrons de la Transat vont alors profiter d’une bagarre entre ivrognes pour faire accuser Jules Durand d’avoir commandité l’assassinat d’un contremaître. Il sera condamné à mort. Mais trop, c’est trop ! La mobilisation de l’opinion publique conduira à la grâce présidentielle, puis à la révision du procès et à la reconnaissance de son innocence. Pour Jules Durand, il est déjà trop tard, il ne sera plus jamais libre, les murs de la folie ont remplacé la prison. Interné, il s’éteindra au début de 1926.
« Les Quais de la colère » (roman), Philippe Huet, 14,5 x 22,5, Albin Michel, Paris, 380 p., 19,90 euros.