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le Monde libertaire : "
Depuis
que l’offensive de l’État islamique (Daesh), déclenchée début septembre
contre le canton kurde syrien autonome et enclavé Kobanê, a atteint la
ville du même nom, les mensonges que profère le leader de la « puissance
régionale » de la partie du globe concernée, M. Erdogan, président de
la Turquie, sont pour le moins représentatifs. Significatif aussi que
parmi les commentateurs occidentaux de la situation en question l’on se
contente de les citer, mais que nulle part apparemment l’on se soucie de
les identifier pour ce qu’ils sont.
Samedi 4 octobre, M. Erdogan,
tête du parti islamo-conservateur turc, déclare : « Pour nous le PKK
c’est la même chose que Daesh. Il ne faut pas les considérer différents
l’un de l’autre. » Vérité peut-être de son point de vue, mais mensonge.
Daesh (alias État islamique autoproclamé, alias Califat autoproclamé)
est fanatiquement raciste, prétend fonder son idéologie et la mise en
œuvre de celle-ci sur des doctrines religieuses primitives et exhumées
d’une longue agonie historique, et pratique donc de manière rigoureuse
le nettoyage ethnique, un lavage des cerveaux primaire, la réduction des
femmes à l’esclavage, les exécutions de masse, le viol collectif, les
crucifixions et les décapitations publiques (avec exhibition des
trophées), la torture et la mutilation, et dans ses rangs se trouve tel
père qui jubile en participant à la lapidation de sa propre fille jugée
adultère. Faut-il le rappeler ? Non. Le PKK, et par extension les YPG
auxquels M. Erdogan faisait sans doute référence aussi, et qui défendent
leur ville Kobanê depuis plus d’un mois, sont au départ, en ce qui
concerne les premiers, certes une guérilla d’inspiration marxiste
impliquée dans des hostilités contre l’État turc qui ont fait beaucoup
de victimes. Actuellement cependant, comme leurs descendants les YPG du
Kurdistan syrien, ils prônent et s’efforcent de mettre en pratique, et
ce depuis environ une dizaine d’années, un projet social et politique
novateur : un collectivisme municipal qui se fondesur des valeurs
appliquées telles que la laïcité et/ou le respect des différentes
croyances, l’émancipation et l’égalité des femmes, la multiethnicité,
l’éducation et la défense des spécificités culturelles, la démocratie
directe assembléaire mixte, l’économie coopérative, ainsi que
l’écologie. Et ils ont pris le parti de renoncer aux actions violentes
quand on ne les y oblige pas. Faut-il le rappeler ? Oui. Absolument. Un
autre aspect de ce mensonge de M. Erdogan est que, c’est de notoriété
publique, Daesh a pendant plusieurs années bénéficié d’une permissivité
extrême, voire d’un soutien direct et multiple de la part de l’État
turc, tandis que le PKK et les YPG sont, sans le soutien de personne, en
août, allés contrer une offensive de Daesh dans l’Irak voisin et ont
ainsi préservé des dizaines de milliers de Yézidis et chrétiens kurdes
de leur extermination pure et simple. Pas vraiment « la même chose »
donc.
Mensonge suivant. Prophétique. Le mardi 7 octobre, M. Erdogan
déclare que « Kobanê est sur le point de tomber ». Presque un mois plus
tard les combattants et combattantes des YPG résistent toujours et tout
semblerait indiquer que l’avancée de Daesh s’embourbe de plus en plus.
D’aucuns s’en rongeraient les ongles ?
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