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Lu sur arianelefil : " Expropriés, ignorés par la communauté internationale, les Iroquois résistent depuis plus de six mois pour défendre leurs droits ancestraux. Mais le gouvernement canadien semble décidé à aller jusqu’au bout de sa logique Elles ont le visage grave, dur et buriné de celles qui portent en elles plus de sept cents ans d’histoire. Les Mères des Clans, piliers de l’organisation de la Confédération Iroquoise, sont plus de cinq cents en cette fin de mois de mars à faire face à la police provinciale de l’Ontario. Elles sont soutenues par la totalité des membres des Six Nations sur l’agglomération assiégée de Calédonia. La cause de ce rassemblement ? Leur détermination à disposer librement de ce qui leur appartient depuis 1784 : leur territoire le long de la Grand River, légué par le roi d’Angleterre Georges III en remerciement de l’aide apportée à la Couronne Britannique pendant la guerre d’indépendance américaine. Le "Peuple-Qui-Construit", dont la nationalité a été reconnue par l’ONU en 1977, est entièrement mobilisé pour refuser cette expropriation qu’il qualifie de génocide administratif.
En effet, la spoliation dont les Iroquois sont aujourd’hui victimes n’est qu’une énième phase de l’entreprise de colonisation menée par le Canada dès l’Indian Act. Ils continuent de subir une pression politique et économique permanente. Souhaitant récupérer ce territoire par tous les moyens, le gouvernement fédéral canadien a mis en place des "conseils de bandes" dans l’unique but de se substituer à "La Grande-Loi-Qui-Lie", (le système politique pionnier Iroquois à la base de la constitution américaine) et de les assujettir définitivement. Une fois cette autonomie politique disparue au profit d’une organisation financièrement dépendante de leur gouvernement, il aurait été aisé de morceler ces parcelles et de diviser les Six Nations afin de les affaiblir politiquement.
Pourtant, il n’en a rien été. Forts de leur apport historique, culturel et politique, ces Amérindiens sont restés financièrement indépendants et politiquement souverains. Loin des films de cow-boys et d’indiens qui ont bercé notre enfance, plus éloignés encore des images d’Epinal du Cheyenne à la chevelure emplumée et le carquois dans le dos, les Haudenausonee sont étonnement ancrés dans le siècle. Ces descendants des conseillers spéciaux de Benjamin Franklin et Thomas Jefferson sont aujourd’hui parfaitement insérés dans la société civile. Les plus grandes villes des États-Unis doivent d’ailleurs la construction leurs gratte-ciels au savoir-faire des Sky Walkers Iroquois. Bon nombre d’Amérindiens sont aujourd’hui enseignants, agriculteurs, avocats, artistes, voire soldats, comme ces vétérans Mohawk de du premier conflit irakien qui défendent désormais leurs terres face aux forces canadiennes.
Contrairement au traité liant la confédération des Six Nations et les Britanniques, jamais remis en cause depuis le XVIIIe siècle, tous les moyens sont utilisés pour faire céder de gré ou de force les Haudenosaunee : menaces, intimidations, arrestations de vieillards, violences physiques, soutenues par les apparitions récurrentes du Ku Klux Klan qui souhaite "règler le problème indien au plus vite".Les Mères des Clans ont demandé l’arrêt immédiat des travaux de la compagnie Henco Industries et ont rejeté l’injonction du tribunal fédéral autorisant ces promoteurs immobiliers à continuer les constructions. Elles souhaitent sortir de cette impasse sur la base de négociations de nation à nation, tel que le prévoit le droit international. Refusant de devenir des citoyens canadiens soumis et subordonnés, les Iroquois ont mandaté un ethno-historien français, Alexandre Grauer, afin d’alerter la communauté internationale. "Tout, dans cette histoire, ressemble au scénario de la colonisation sucrée, celle qui se dissout dans les veines des purs, pour qui les commodités restent des commodités et non un mode de vie. Le dessous des cartes est la subordination du peuple iroquois dépossédé de ses terres à une assemblée sous le joug d’un gouvernement violent."
À ce jour, les Mères des Clans regardent chaque matin les trous béants des fondations des maisons creusées par Henco Industries, redoutant que ces ouvriers ne soient les ultimes fossoyeurs d’une société qui a toujours considéré la spiritualité, et donc l’humilité, comme la plus haute forme de conscience politique.