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L'En Dehors


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Les indésirables

Lu sur RESF : "Irma Rensberg fait partie d’un convoi de 444 déportés du camp de Mérignac vers des camps hors territoire français. La préfecture de Gironde s’est exécutée, l’administration a signé les permis de transferts, livrant les juifs aux allemands. Irma Rensberg fait une tentative d’évasion tandis que le convoi s’achemine hors des frontières. Blessée, elle est évacuée sur l’hôpital d’Orléans. L’administration orléanaise s’enquiert auprès de la préfecture de Gironde : « que faire de la juive Irma Rensberg ? ». Contrairement aux allégations de Maurice Papon, prétendant que la préfecture sauvait des juifs sitôt qu’elle le pouvait, son administration qui eut pu classer l’affaire et demander le retour de Irma Rensberg à Mérignac, décide de son internement à Drancy.

 

Il y avait une administration aux questions juives, des lois auxquelles les fonctionnaires ont obéi, scrupuleusement, sans discernement, sans courage, sans autonomie de pensée et d’action. Ils ont agi moins par conviction qu’à la manière de rouages mécaniques. Eurent-ils des convictions, elles servaient le meurtre.

 

Il m’importe peu en la circonstance que l’acte administratif n’est pas le degré d’horreur et de répétition systématique à grande échelle de la déportation, « la France, en son fond, est demeurée Vichyste », jusqu’à sa mort l’écrivain Jean Malaquais le martelait. 

En la circonstance, le mécanisme et l’idéologie qui le sous-tend et qui président à la décision administrative importent plus que le degré. L’horreur n’est pas la même, mais l’horreur persiste. Hier les juifs, aujourd’hui les pauvres, ceux qu’on appelle dans la langue usinée, froide et hypocrite des technocrates les immigrés. Youtre hier, racailles aujourd’hui, indésirables toujours. Hier le gouvernement de Vichy, aujourd’hui celui du vol organisé et de l’expulsion.

Hier ni Papon, ni Garat, ni quiconque dans ces administrations n’ont jamais voulu avouer savoir à quel destin funeste ils promettaient les juifs. Chacun croyait s’en sortir avec des « on ne savait pas ».

Hier la mort dans un camp de concentration, aujourd’hui la mort dans un camp de rétention, dans la rue ou dans un lit quand le cœur bat la chamade, l’angoisse, les tempes brûlent, le cœur s’use. Obéir est une chose, faire du zèle en est une autre. Hier Garat et Papon n’ont pas signé l’ordre de retour de la juive Irma Rensberg vers le camp de Mérignac, aujourd’hui les préfets seuls habilités à faire preuve de mansuétude, sinon du plus élémentaire respect à l’égard des règles internationales réputées hiérarchiquement supérieures et ici violées, à l’égard de la loi muette et immuable des droits humains signent l’acte par lequel ils rejoignent les fonctionnaires de Gironde, dans une idéologie qui n’est pas dissemblable, dans une infamie de plus à coup sûr car en l’espèce rien n’obligeait ni Papon, ni Garat, ni les préfets.

« Il n’est de pire oppression que celle qu’organise l’Etat ». (Condorcet)

Régis Duffour

Ecrit par , à 19:29 dans la rubrique "Actualité".



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