L'En Dehors

"S'il importe de ne plaider la cause du peuple que d'un ton grave, il importe pas moins que ce soit d'un ton de maitre.Tous ces auteurs ridicules qui se donnent pour les champions de la liberté, ne font que nuire à ses intérêts:leurs languissants écrits ne réveillent point, ne persuadent point, n'enflamment point....leur sotte dialectique..dégoûte et le dégoût enchaîne tout effort généreux"
MARAT "Les Chaînes de l'esclavage"

Certains moments de l'histoire portent à croire qu'il existe toujours un certain point de la conscience collective où l'humain est en mesure de se réconcilier et d'envisager , d'imaginer son projet de vivre ensemble en pleine responsabilité.
Aujourd'hui la conscience collective est bien en deçà d'une conscience individuelle aiguisée par temps de crise historique où la sortie "civilisée" du système capitaliste est un possible.
Les forces politiques et sociales ne sont tout simplement pas à la hauteur.Les uns qui fraudent un jour pour maintenir leur domination à la tête d'un collectif , les autres qui sous l'apparence "honnêtes" s'ingénient à maintenir leur place dans le grand dépotoir.Misère de la politique...
Les valeurs sont l'écriture du sens.Le sens c'est l'idée de l'humain .
L'atonie générale relève à la fois de l'incapacité à apprendre des leçons du passé et de l'intérêt à ne pas comprendre.Ce qui explique l'absence de clarté des projets fondateurs à gauche voire au delà .Entre tentative de revitalisation d'une social-démocratie moribonde et replis sectaires , les propositions actuelles n'ouvrent pas de fenêtres, au mieux elles sont des garde-meubles.Ces garde-meubles , jalousement entretenus par des experts et des élites à qui le peuple ne demande pas d'explications mais qui un jour aurons eux-mêmes à s'expliquer devant le peuple, suintent le pourri : celui de l'intérêt à ne pas comprendre.Eux qui se considèrent comme les champions de la libertés ne sont que "les roitelets du monde d'en-dessous".Les structures collectives actuelles transpirent la soumission aux experts et aux élites.
Tant que durera cet état des choses , il pleuvra toujours sur des jouets rouillés, la guerre continuera à bâtir l'hôpital, la faim donnera ses réceptions et la soif disposera de la pluie.
Car le monde est un grand dépotoir.

Pourtant à bien y réfléchir, les carences, les incapacités et les faillites loin d'empêcher ou d'interdire la réflexion et la relation à l'autre , sont au contraire de puissants stimulants pour redéfinir cette idée de l'humain, ce rêve de bonheur que beaucoup de consciences individuelles ouvertes portent .
Cette sortie du grand dépotoir est une nécessité .
Elle jaillira peut être des poubelles qu'on oublie, "ce septième continent" où surnagent déjà tant d'exclusions et de rejets.