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lu sur ainfos : " Les femmes polonaises brisent le silence ! Elles exigent l'avortement légal ! Environ 60 personnes ont manifesté le 14 novembre devant le Parlement
Polonais à Varsovie exigeant l'abrogation de la loi anti-avortement. En
présence des médias, une dizaine de femmes tenait des pancartes sur
lesquelles on pouvait lire "J'ai avorté". Les organisatrices ont annoncé que
ces manifestations auront lieu toutes les semaines.
L'objectif principal de ce rassemblement était un "coming out" collectif
afin que les femmes puissent enfin reconnaître publiquement avoir avorté. Ce
type d'action a déjà eu lieu dans les années 70 dans des pays comme la
France ou l'Allemagne. Le collectif "Pro Choice 2006" qui organise cette
action espère que le tabou sera également brisé en Pologne et que des
personnalités connues auront le courage de dire à voix haute "j'ai avorté".
En France, par exemple, des personnalités telles que Catherine Deneuve,
Jeanne Moreau, Marguerite Duras, Françoise Sagan et Marina Vlady et en
Allemagne Romy Schneider ont eu ce courage alors qu'elles risquaient 3 ans
de prison.
L'animatrice du rassemblement, Katarzyna Bratkowska, de l'Entente des Femmes
du 8 mars et du Comité d'Aide au Salariés Victimes de Répression KPiORP a
déclaré qu'en Pologne, la seule personne qui a reconnu publiquement avoir
interrompu une grossesse (à la télévision publique le 24 octobre dernier)
était Wanda Nowicka, la présidente de la Fédération du Planning Familial
polonais et candidate à la municipalité de Varsovie sur la liste du Parti
Polonais du Travail.
Avant cet événement, les seules à parler ouvertement d'une IVG ont été Nina
Andrycz et l'écrivaine Anna Bojarska. Ewa Dabrowska-Szulc, présidente de
l'association Pro Femina, n'a jamais caché avoir vécu une IVG et l'a reconnu
publiquement à la manifestation du 4 novembre pour le droit à l'avortement.
L'écrivaine Hanna Samson a également participé à cette manifestation ou elle
a tenu par solidarité, une pancarte "J'ai avorté".
Au cours de la manifestation, Irena Komorowska, responsable syndicale,
présidente de l'Union des Travailleurs des Services de Santé et militante du
Comité d'aide aux Salariés KPiORP a raconté aux journalistes présents
comment elle avait vécu un avortement du temps de la République Populaire de
Pologne : "J'étais infirmière, j'avais déjà deux enfants et je savais que je
ne pouvais pas me permettre d'en avoir d'autres. Je devais être responsable.
Comme l'avortement était alors gratuit, le plus simplement du monde je suis
allée à l'hôpital de la rue Karowa et j'ai avorté en toute sécurité, dans
des conditions normales, sans peur et sans honte. Toutes les femmes en
Pologne doivent aujourd'hui avoir la même possibilité que moi à l'époque".
"Nous sommes venues ici pour briser ce silence qui est l'effet de l'angoisse
et de la terreur causée par la propagande anti-avortement des 15 dernières
années. Ces femmes désignées comme "criminelles", ces femmes auxquelles on
dénie le droit de décider de leur vie et de vivre selon leur conscience,
elles sont des millions.
Le silence de ces femmes célèbres qui en privé déclarent avoir avorté est la
meilleure preuve de cette peur, mais la peur n'est pas un consentement.
Aujourd'hui nous sommes rassemblées pour ensemble dire "Oui, j'ai avorté".
Comme les Françaises et les Allemandes et les femmes d'autres pays nous
refusons les lois piétinant les libertés fondamentales des femmes.
Aujourd'hui, seule 20% des femmes en Pologne est libre. Ce sont celles qui
peuvent payer une IVG clandestine. Toutes les autres sont condamnées à
accoucher d'enfants non désirés ou à avorter seules, dans des conditions
dangereuses pour leur vie et leur santé. Nous exigeons l'éducation sexuelle,
l'accès universel à la contraception et l'avortement libre et gratuit !" -
tel fut le discours prononcé par Katarzyna Bratkowska au cours de la
manifestation.
Les manifestants ont souligné que contrairement à ce que disent les médias
la loi anti-avortement n'est pas un compromis mais l'effet des pressions de
l'Eglise catholique. Dans les années 90 les élites politiques issues de la
dissidence anti-communiste avaient décidé de faire ce cadeau à l'Eglise en
remerciement pour son soutien. Quand la "pseudo-gauche" social-libérale de
l'Union de Gauche Démocratique a pris le pouvoir, malgré les promesses
électorales, les politiciens issus de ce mouvement ainsi que les médias tels
que "Gazeta Wyborcza" ont vendu les droits des femmes en échange du soutien
de l'Eglise catholique à l'entrée de la Pologne dans l'Union Européenne.
"Nous sommes ici aujourd'hui parce que nous avons décidé de dire stop à
l'hypocrisie qui règne dans ce bâtiment" - continuait Irena Komorowska en
désignant le Parlement. "L'interdiction de l'avortement c'est avant tout
l'enfer pour les femmes pauvres, les chômeuses et celles qui ont déjà une
famille nombreuse et ne peuvent pas se permettre d'élever un enfant de plus.
Elles n'ont pas de quoi payer un avortement clandestin. Seules les femmes
riches, comme les épouses et les maîtresses de messieurs les politiciens qui
luttent avec tant d'acharnement pour la "protection de la vie", peuvent se
permettre un avortement. Tout simplement, elles montent dans une voiture,
vont à l'étranger et peuvent avorter en toute sécurité et légalité. Je ne
veux pas que ces politiciens décident de la vie de ma fille et de ma
petite-fille. Nous devons dire NON à cette loi restrictive qui cause la
souffrance de tant de femmes. " - conclua Komorowska.
"En France ce ne sont pas seulement les femmes qui ont dénoncé
l'interdiction de l'avortement. En 1971, 300 médecins français ont reconnu
avoir pratiqué des avortements. Ils risquaient alors de perdre le droit
d'exercer leur métier et d'aller en prison et malgré cela ils ont exigé la
légalisation de l'avortement pour les femmes." - rappela Bratkowska. "En
Occident c'est grâce à ce genre d'action et à leur courage que les femmes
ont obtenu le droit à l'avortement et elles commémorent cette journée comme
une fête, la fête de la Liberté. Et nous aussi, nous voulons commencer la
fête. La Fête du Courage. Nous brisons le silence !".
Merci à toutes et à tous
traduit du Polonais par Monika Karbowska