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LES FAUX TRUISMES DU CITOYEN MACRON
Rappel préalable : Un truisme est une évidence que l’on n’a pas besoin de démontrer.

Et un faux truisme alors ? C’est, nous allons le voir, une manipulation qui fait croire que ce qui parait une évidence n’est en fait qu’un discours purement idéologique qui cache l’essence de la réalité.

 

Le choix d’Emmanuel MACRON comme ministre de l’Economie est incontestablement un beau coup politique. Ce personnage, pur produit du système capitaliste, gestionnaire accompli… et il ne s’en cache pas, a pour mission d’assurer le virage libéral du gouvernement Valls2. 

Pour accomplir sa mission, il doit concilier des choses apparemment contradictoires mais qui ne sont pas de même nature,… ce qui lui permet un habile tour de passe-passe que ne renieraient pas les meilleurs illusionnistes.

Le ton a été donné par le Premier Ministre lui-même qui, devant le MEDEF a déclaré : « J’aime l’entreprise »… affirmation qui peut se décliner de deux manières :
 

- c’est dans l’entreprise que se crée la richesse de la société… il faut donc la soutenir,

 

- c’est une communauté humaine de base de l’économie,… il faut donc la comprendre.

 

Ce genre d’affirmation oublie simplement que l’entreprise, sa structure même, est fondamentalement inégalitaire entre des salariés, sans pouvoirs, à la merci des décisions des propriétaires, ceux qui détiennent le capital et entendent le faire fructifier. Vérité niée par le MEDEF et ignorée depuis longtemps par les « socialistes ». 

 

La porte est alors ouverte pour le citoyen MACRON qui sait de quoi il parle et surtout qui sait ce qu’il faut taire.

 

Tout un florilège, que dis-je, une rafale, de déclarations, mettent les point sur les i.

 

« Je ne me vois pas comme un homme politique » 

Un ministre, donc appartenant à un gouvernement,… qui plus est, se prétendant « socialiste », n’a évidemment pas une dimension politique… C’est tellement évident qu’il est indispensable de le préciser. 

Pourquoi ce faux-truisme ? Simplement pour dire que tout ce qui va suivre, paroles et actes, n’ont aucune couleur politique et sont simplement techniques… donc incontestables. 

Et il démarre très fort : « Être de gauche, pour moi, c’est en effet être efficace, recréer les conditions pour investir, produire et innover ». 

Pas politique mais de gauche ( ?) pour immédiatement opérer une habile manœuvre : affirmer qu’être de gauche c’est adhérer aux lois du système capitaliste (…recréer les conditions pour…), car les conditions pour « investir, produire et innover » répondent à des lois particulières dans le capitalisme. Comme ces lois sont prétendument éternelles, objectives et indépassables,… être de gauche c’est être réaliste et donc accepter la situation telle qu’elle est ! Ben voyons !.... On est en droit de se demander : quelle est la différence alors avec « être de droite » ?...

 

« Etre de gauche, c’est être juste pour que les efforts comme les gains soient équitablement répartis. » 

Qui peut être contre cette affirmation ? Même la droite est d’accord avec ça et le proclame. Mais qui peut croire que dans ce système la justice règne dans la répartition des efforts et des richesses produites ? Ce genre d’affirmation permet de dire tout et faire n’importe quoi comme c’est le cas depuis des décennies aussi bien avec la droite qu’avec la gauche.

 

«  Etre de gauche, c'est être responsable, ce n'est pas prendre une posture, c'est essayer de faire bouger les choses (...), être davantage du côté du risque que de la rente ».

 

Etre responsable au sens de Monsieur MACRON, au sens des intérêts de l’entreprise,… disons-le, au sens du MEDF… Parce que, dans tous les autres cas, on est évidemment irresponsable. Essayer de changer les règles inégalitaires de ce système économique c’est, aux yeux du ministre « ne pas faire bouger les choses »… par contre, reproduire ce système mortifère, c’est au contraire les «  faire bouger ». Quant au « risque » et à la « rente », ce discours laisse songeur… Dans le capitalisme les salariés ne courent aucun risque et vivent dans l’opulence, par contre les actionnaires, menacés, stressés constituent l’essentiel de la population pauvre… CQFD !

 

 « Sur le plan de la fiscalité, les choses ont beaucoup changé en faveur des entreprises. Mais la compétitivité ne se réduit pas aux charges et aux impôts. (...) La compétitivité, c'est l'organisation de l'entreprise, son financement, la montée en gamme et en qualité, la meilleure adaptation du droit du travail, l'investissement productif. »

 

Voilà un programme qui est nouveau, plein d’avenir ! Imaginez un instant ce que peut être pour les salariés l’amélioration de la compétitivité, et l’adaptation du droit du travail et même l’investissement productif au sens des actionnaires… Pour en avoir une idée, écoutez les discours du MEDEF.

 

«Il s’agit de sortir de ce piège où l’accumulation des droits donnés aux travailleurs se transforme en autant de handicaps pour ceux qui n’ont pas d’emploi […] Mais c’est difficile à expliquer à porter, spécialement quand on est de gauche […] Il faut revisiter le logiciel politique classique pour libérer l’initiative et l’esprit d’entreprise». 

 

Ca c’est un scoop : On ne doit pas donner trop de droits aux travailleurs pour sauvegarder les intérêts des travailleurs sans emploi. Ca n’avait jamais été dit,… il fallait oser ! Et le ministre d’expliquer que c’est difficile à faire passer quand « on est de gauche » !... Tu m’étonnes ! ! ! ! ! !

 

«L’autre politique est un mirage; c’est un scénario qui s’arrête au premier jour et ne sait pas écrire le jour d’après. […] Ces postures relèvent de la maladie infantile du système politique français».

 

Autrement dit, penser autrement que dans le cadre des principes du capitalisme n’a pas de sens… ça tient même de la maladie. A quand l’internement en hôpital psychiatrique pour les opposants politiques ?

 

Enfin, le cynisme étant sans bornes, son premier déplacement en tant que ministre, Emmanuel MACRON a choisi de visiter une SCOP (Société Coopérative Ouvrière de Production), structure à propos de laquelle il déclare : « elle illustre très bien l'idée que je me fais de l'entreprise : une collectivité humaine qui est aussi la propriété de ceux qui la font ». Mais pourquoi n’envisage-t-il pas, alors, une vaste réforme de tous le système productif actuel sous cette forme, qui est une rupture avec le système existant ? Voilà qui aurait politiquement de la gueule ! ! ! !

 

Bref ! ! ! D’où tient-il, ce ministre, toutes ces belles pensées, de l’ENA, de la banque, de l’entreprise ?… vous n’y êtes pas du tout :

 

«Il n’est pas interdit d’être de gauche et de bon sens : si on ne produit pas, ma grand-mère m’a toujours dit qu’on n’avait pas grand-chose à distribuer».

 

Sacrée mamie !

 

 

 

Tout est dit ou presque. Ce gouvernement Valls2 a le mérite d’être clair dans son objectif et ses méthodes. Seuls, les naïfs et les militants du PS croiront que « le changement c’est maintenant ».

 

5 septembre 2014                                                                                            Patrick MIGNARD

Ecrit par , à 21:07 dans la rubrique "Pour comprendre".



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