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Lu sur Hacktivist news service : "Compte rendu de la réunion de mercredi 6 octobre 2004
L'activité de ces derniers jours a été intense. En voici une synthèse rapide.
Samedi 25 septembre Faty a été présente - et a pris la parole - à la rencontre d'Arcueil " Femmes en résistance au capitalisme ", dans le cadre de la table ronde sur " les femmes et le travail, entre inégalité et révolte " ; l'accueil a été fort sympathique et elle a pu revenir sur les conditions de travail dans la sous-traitance, la grève de 2002-2003 à Arcade, son licenciement actuel et sa lutte pour défendre son droit.
Vendredi 1er octobre, le rassemblement devant le siège d'Arcade a été plus intéressant et fructueux que d'habitude : nous y avons rencontré en effet le syndic de l'immeuble abritant le siège de cette entreprise esclavagiste, qui se plaignait de notre présence, laquelle, disait-il, troublait la tranquillité des habitants. Nous avons donc eu la possibilité d'expliquer le sens de notre présence sur les lieux, et mis le doigt sur les responsabilités de la boite qui était à l'origine des troubles, avec ses pratiques d'exploitation. L'arrivée d'une dame habitant à proximité et faisant partie d'une association de quartier - qui n'a pas manqué d'appuyer nos arguments et apporter son soutien à Faty - a permis d'inverser les rôles et de poser désormais ouvertement le problème de l'expulsion d'Arcade de cet immeuble. Une affaire que nous allons suivre avec le plus grand plaisir.
Samedi 2 octobre - après la manifestation des chômeurs contre la loi Borloo - un groupe nourri de ces derniers, a rendu visite à l'hôtel Scribe, pour dénoncer les pratiques sociales du groupe Accor. Le directeur de l'hôtel a essayé de convaincre les intervenants que son hôtel n'avait rien en commun avec ce groupe.
Malheureusement, tout le contredisait : les réservations passent par Accor, le management est assuré par Accor, et les logos Accor sont partout, y compris sur les cravates du personnel et sur les tasses du chocolat que ce directeur a aimablement offert aux présents. Il faut donc qu'Accor assume ses responsabilités - après ses opérations de communication estivales - et que ses franchisés se fassent entendre pour que la question de la sous-traitance soit enfin résolue avec l'internalisation. Jusque là - et jusqu'à la réintégration de Faty - nous continuerons à chatouiller la mauvaise conscience de ces braves gens.
Mardi 5 a eu lieu à la Passerelle, en présence de Faty et d'une quarantaine de personnes, une soirée avec projection de deux films sur la grève d'Arcade, suivies d'une discussion sur les problèmes et les perspectives de la lutte pour sa réintégration. Cette discussion s'est orientée à un moment donné sur la question de la convergence des luttes et ses difficultés. Ce qui a donné lieu à un petit incident, lorsqu'un membre du collectif de solidarité s'est interrogé sur les raisons du faible nombre des participants aux initiatives du collectif contre Arcade et Accor, en contraste avec l'ampleur de la popularisation, voire de la médiatisation du cas de Faty : cela a été interprété comme une accusation par une des personnes présentes, qui a réagi en renvoyant les membres du collectif à leur absence d'investissement " dans les syndicats et les associations ", et du coup le problème de fond s'en est trouvé noyé (d'où la petite mise au point qui suit en fin de bulletin). Nous l'invitons à venir en discuter posément en nous rejoignant lors de l'une de nos actions ou de nos réunions. Une discussion fort intéressante s'est du coup enclenchée sur la situation syndicale dans ce pays et sur la nécessité de se doter d'instruments de lutte autonomes pour faire des choses que les syndicats ne font pas.
Lors de notre visite à l'hôtel Mercure de la rue Calaincourt le soir du vendredi 17 septembre, nous avons reçu la visite de Sylvain Garel, conseiller vert à la mairie du 18e, qui passait par hasard par là. En solidarité, il a proposé que le Conseil de Paris formule un voeu de soutien, qui a été adopté lors du conseil du 27 et 28 septembre, et que nous reproduisons intégralement ci dessous :
Conseil de Paris des 27 et 28 septembre
VOEU EN FAVEUR DE LA REINTEGRATION DE FATY MAYANT
Il y a plus d'un an s'achevait une longue grève qui a touché pendant plusieurs mois les hôtels parisiens du groupe Accor. Elle était le fait de salariés d'Arcade, un sous-traitant de la chaîne hôtelière qui a en charge le nettoyage des chambres et des chantiers. Menée par des femmes le plus souvent issues de l'immigration, cette grève a mis en lumière les difficiles conditions de travail - souvent à la limite du droit du travail - qui règnent dans de nombreuses entreprises de sous-traitance de ce secteur. L'une des animatrices de cette grève, Faty Mayant, déléguée de SUD nettoyage et représentante du personnel, a depuis été licenciée. Cette sanction s'inscrit dans un contexte de régression sociale généralisée et de répression anti-syndicale.
Pour protester contre cette mesure, un collectif de soutien à Faty Mayant a lancé des pétitions et multiplie les actions de protestation. Il y a quelques jours, des membres de ce comité occupaient pacifiquement l'entrée et le hall de l'hôtel Mercure de la rue Caulaincourt (18e). D'autres actions du même type ont eu lieu et auront lieu dans la capitale. De ce fait, de nombreux touristes français et étrangers qui séjournent à Paris ont lu les tracts en plusieurs langues dénonçant ce licenciement et beaucoup ont signé la pétition protestant contre cette mesure. Ce que demande le comité de soutien et les pétitionnaires est simple et légitime : la réintégration immédiate de Faty Mayant.
Aussi, sur proposition de Sylvain Garel et du groupe des éluEs Verts, le Conseil de Paris forme le vou que la Ville de Paris prenne contact avec la direction d'Arcade en vue de manifester la préoccupation de la représentation parisienne et formuler le vou d'une solution rapide à ce conflit. "
Inutile de dire que nous nous ferons désormais un plaisir de transmettre à Mme la Directrice des ressources humaines du groupe Accor copie des articles, prises de position, motions de solidarité, etc. en faveur de Faty et de sa lutte contre la sous-traitance.
Nous profitons aussi de cette occasion pour inviter tous les copains - syndiqués ou non syndiqués, adhérents ou pas à toute organisation - à participer aux réunions du collectif pour élaborer ensemble notre stratégie et aux actions que nous avons mises au point. L'intensification de notre campagne sur Arcade et son donneur d'ordre Accor nécessite en effet d'un nombre plus important de participants.
Nos prochains rendez-vous :
- vendredi 8 octobre à 18h
devant le siège d'Arcade, 80, rue du Faubourg Saint Denis (Métro Château d'eau)
Amenez de quoi casser la graine.
- Le comité de soutien et FATY seront présents à la manifestation des chômeurs :
le samedi 2 Novembre à 14 Heures à la rotonde de Stalingrad
- La prochaine réunion du collectif de solidarité aura lieu :
mercredi 13 Octobre à 18h30
au CICIP 21 ter rue Voltaire
Paris 11, métro Rue des Boulets ou Nation
Mise au point (rédigée par la copine à l'origine de " l'incident ") :
Le problème soulevé n'était pas celui de la plus ou moins grande valeur de tel ou tel militant, mais une question de méthode dans l'intervention politique.
Certaines organisations, c'est incontestable, se sont donné le mal de relayer la lutte des femmes d'Arcade dans leurs journaux et leurs publications, voire dans leurs réunions ou leurs meetings, et parfois même d'apporter un soutien financier généreux - ce qui est loin d'être négligeable. Mais le problème, c'est que l'on ne gagne pas une lutte à coups de dénonciations, aussi fondées soient-elles, même quand ces dénonciations parviennent à atteindre un public plus large que celui qui est déjà convaincu d'avance. Les patrons en général ne se laissent pas convaincre de céder par des discours, et ceux qui construisent leurs profits sur la surexploitation des travailleurs les plus démunis - que ce soit directement comme les salauds assumés d'Arcade ou indirectement, " proprement ", comme les donneurs d'ordres d'Accor - encore moins que tous les autres. Pour les faire céder, il faut les amener à conclure que, plutôt que laisser pourrir, il vaut mieux, pour la sauvegarde de leurs profits, faire une concession capable de mettre fin à un conflit qui enraye, marginalement peut-être mais durablement, le bon fonctionnement de leur système d'exploitation.
En l'occurrence, il s'agit de porter atteinte à l'image de marque d'Accor auprès de sa clientèle, donc, par répercussion, à ses profits. En revanche, la dénonciation des pratiques d'Accor, lorsqu'elle ne se donne pas les moyens de toucher la clientèle du groupe et par là de parvenir jusqu'aux oreilles de ses dirigeants, ne peut avoir d'autre effet que propagandiste - quand elle ne sert pas simplement, vu le faible impact de la propagande dans un climat dominé par le sentiment d'impuissance, à s'autopromouvoir.
En d'autres termes, si le but est la victoire, on ne peut se contenter de faire de la communication ! La participation aux interventions dans les hôtels est décisive : en dessous d'un nombre minimal, on ne peut pas faire grand-chose ; en revanche, plus nous sommes nombreux, plus nous pouvons multiplier les piqûres d'insecte sur la peau de l'éléphant Accor.
Et précisons au passage que nos " actions " n'ont rien d'ennuyeux, bien au contraire ! Partager un repas tout en discutant avec la clientèle et le personnel, c'est plutôt amusant, et ça change de l'atomisation au quotidien !
Comité de soutien aux salariés en lutte d'Arcade, McDo, Frog, FNAC, Disney, Virgin, Pizza Hut, etc.
Pour tout contact :
CICP, 21 ter rue Voltaire, 75011 Paris (en précisant bien le nom du comité)
Chèques à l'ordre de ADC avec mention "soutien à Faty", à adresser à :
ADC (boite n° 45)
c/o Maison des associations 35-37 av. de la Résistance
93100 Montreuil.
Contact :
fatysolidarite@hotmail.com
Informations et documentations sur les luttes et les initiatives en cours :
http://www.ac.eu.org/