L'En Dehors

Journée calme aujourd'hui chez Lenoir et Mernier, les ouvriers occupent l'usine jour et nuit se relayant dans une belle solidarité.
Tous les médias sont repartis, n'ayant pour le moment, rien de spectaculaire à se mettre sous la dent.
Chacun et chacune se raconte, parle de sa vie, certains pour la première fois.
La venue du bourgmestre de Dinant est particulièrement commentée.

je ne critique absolument pas les individus en lutte, mais uniquement cette alienation ouvrieriste et ce sentiment de solidarité illusoire mais rassurant, qui cependant fait ressurgir la résignation et l'incapacité de remettre en question les fondements même de la conception que nous avons de cette vie préfabriqué sans la moindre fantaisie.

l'ouvrier et le travailleur ne sont déja plus considérés comme des individus à part entière, mais comme des formes d'existence enfermés dans un concept qui les dépassent et nous dépassent donc aussi nous mêmes en tant qu'individus aspirant pourtant à l'émancipation et à la liberté.

méprisant le travail jusqu'au plus profond de moi même autant que l'exploitation, j'ai toujours été incapable de comprendre et de ressentir cette attachement des individus à leurs instruments de torture visuellement et architecturalement plus proche de l'abattoir que de l'ancien atelier. cela revient pour moi à s'attacher à la défense de son camp de concentration pour éviter à tout prix sa fermeture et ainsi ne pas risquer de découvrir l'inconnu, et peut être une nouvelle forme de solidarité qui ne demande qu'à naître par une volonté et une prise de conscience collective des anciens travailleurs licenciés s'étant débarassé de leurs "croix" d'ouvrier crucifiés pour retrouver pleinement leurs statut d'individus.

certains sans domicile fixe, qui se nomment eux mêmes "les Soldats Du Futur" dans le sens d'une forme de résistance non violente mais active de par leurs compléte rupture avec la logique capitaliste du manque et du besoin générant l'esclavage volontaire, sont pour moi bien plus en phase avec le contexte actuelle, que n'importe quel forme de syndicalisme situé en dehors de toute prise de conscience collective et globaliste et visant seulement au final à négocier leurs retour dans le tripalium en continuant à entretenir un système dont l'aboutissement est le renforcement inéluctable de leurs propres anéantissement et le notre avec pour finalité une vie peut être encore plus misérable que l'état de survie et de violence dans lequelle peut nous plonger physiquement et moralement la rue.

je pense que le libéralisme n'est pas une fin en soit pour les structures de pouvoir, mais uniquement un moyen permettant aujourd'hui le déclenchement d' une sorte de chaos économique sociale et environnementale dont l'interêt principale serait la mise en place et la justification d'un futur capitalisme d'état mondialisé et hyper centralisé n'hésitant pas à faire tomber les têtes de ceux qui l'ont pourtant fidélement servi, tout en gardant et en figeant certains "aquis" obtenues grâce au libéralisme lui même, c'est à dire  la stérilisation génétique de la vie sur terre permettant la substitution au cycle de reproduction naturel des especes par les structures de pouvoir, la suppression des frontières et l'affaiblissement des Etats nations qu'aujourd'hui à l'heure de la mondialisation, nous pouvons sans problémes comparés au fiefs des seigneurs du moyen âge avant l'instauration de la monarchie absolue et de l'état ayant figé et institutionalisé sur une plus grande échelle et de manière plus intemporelle le concept de propriété et de vol des moyens de production.

ce qui m'inquiéte est donc de savoir comment réagirons tout ces individus attachés au culte du travail lorsque le libéralisme économique aura atteint son point de rupture sociale et environnementale et "qu'enfin"  apparaitra "comme par enchantement  "le sauveur de l'humanité" promettant le rétablissant de l'ordre mondiale, puis le travail obligatoire pour tous en échange d'un peu de nourriture génétiquement modifié sur une planéte ravagé et épuisé dont les libéraux seront dèsignés comme les responsables officielles permettant de justifier la mise en place d'un nouvel esclavage totale invonlontaire mais résigné.

heureusement nous n'en sommes pas encore la et nous n'y serons sans doute jamais car l'histoire nous à toujours appris que tout les empires finissent un jour par s'écrouler, le tout est d'éviter que celui ci entraîne une bonne partie de l'humanité dans sa chute, par un changement radical dans notre mode de pensée ou de vie, mais dont la condition préalable est le rejet le plus large possible du travail et pas seulement du salariat,  permettant à chaque individu de retrouver le goût de la paresse qui est la condition essentielle de notre humanité permettant l'observation et la contemplation paisible de notre environnement véritable accélérateur de l'éveil de nos consciences.

Baccata, je comprend ton point de vue d'ouvrier en révolte contre la travail mais tu ne peux imposer cette conception à tous les ouvriers.
Je considère que les salariés de Lenoir et Mernier qui manifestent un esprit de classe et une solidarité sans faille pour le moment pourraient servir d'exemple à la grande masse des salariés. L'esprit de lutte et de classe, la fierté ouvrière, la culture ouvrière sont dans ce conflit un phénomène encourageant alors que l'on prétend que tout ça a disparu, il n'en est rien !
Ces ouvriers sont peu nombreux ( moins de cent ), ils tiennent tête à l'état depuis 5 semaines ayant fait toutes les actions possibles et imaginables. Si les Lenoir et Mernier obtiennent satisfaction, tous les salariés pourront faire comme eux, se battre avec la même détermination, chacun avec ses armes.
On peut ne pas être d'accord avec le moyen employé mais même si la menace était mise à exécution ( ce que je ne souhaite pas ) l'écologie en sortirait renforcée. Car tu as parlé un moment des salariés des centrales nucléaires qui pourraient faire pareil. Effectivement, et cà a toujours été un argument des anti- nucléaires quand nous nous opposions ici à la construction de la centrale de Chooz.
Parmi les Lenoir et Mernier, il y a des pécheurs mais le dos au mur. La fédération départemantale de pèche vient d'annoncer qu'en cas de pollution de la Meuse, ils porteront plainte contre la préfecture et non contre les ouvriers. Solidarité de classe ( les pécheurs sont majoritairement ouvriers ).
La reponsabilité de la préfecture est grande dans cette affaire, y compris sur le plan de l'écologie. Il est encore un peu tôt pour en dire plus.

Toute la presse belge et hollandaise parle des Lenoir et Mernier, le gouvernement français ne pourra plus traiter les ouvriers de Bogny par le mépris, comme il le fait depuis le début.

après tout que les luttes soient anarcho-punk ou ouvriéristes, le principale est que celles ci éveillent à nouveau en l'individu un sentiment de solidarité spontané et le plaisir d'une entraide retrouvé et jadis présente chez l'ensemble des classes exploités avant que les consciences de celles ci ne soient trompés et imprégnés par le réformisme, principale agent de désolidarisation des forces de luttes par l'état et le capital ayant d'ailleurs permis le maintien de l'exploitation jusqu'à aujourd'hui.