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La/les
violence/s sociale/s sont ainsi passées par le filtre mystificateur du discours
convenu sur la légitimité et les principes – largement bafoués - d’une
République cache sexe d’un système d’exploitation.
LA FAUSSE THEORIE DE L’EQUILIBRE
A
écouter les explications de l’Etat, la violence officielle, légitime ne
serait que la face éclairée, l’exacte opposition, du côté obscur de la société
marchande.
Ce
côté obscur est bien évidemment constitué de toutes les critiques,
contestations, oppositions de celles et ceux qui sont les victimes du
fonctionnement du système marchand. La contestation sociale, une fois en
dehors de l’espace qui lui est réservé, doit être combattue par la violence
officielle. Ainsi un équilibre s’établit/s’établirait entre deux forces
permettant un fonctionnement sinon harmonieux, du moins possible et acceptable
de la société.
Pour
tenir un tel raisonnement il faut partir d’un axiome : la société est
ce qu’elle est et rien d’autre ne peut exister.
La société est ce qu’elle est.… En ce sens elle est un état de nature et, qui plus
est fondée aujourd’hui, sur un assentiment populaire : c’est le peuple qui
a décidé.
Rien d’autre ne peut exister : C’est la conséquence de son état de nature.
La
violence officielle est donc une nécessité pour combattre les « forces
– forcément - du mal »,… celles qui veulent détruire ce « bel
équilibre naturel ». CQFD.
L’AMBIGUITE DE LA LEGITIMITE
La
« légitimité », populaire, démocratique – celle qui justifie le
pouvoir et sa violence - pose autant de problème qu’elle n’en résout. En effet,
si elle est populaire, c'est-à-dire
fondée sur la volonté du peuple,… on
imagine mal que le peuple exerce une violence contre ses propres représentants.
A moins d’admettre l’une des deux choses, ou les deux :
-
que le Peuple est irresponsable et mette au pouvoir des individus qui agissent
à l’encontre de ses propres intérêts, ce qui est parfaitement contraire au
concept même de citoyenneté, c'est-à-dire de conscience et de
responsabilité ;
-
qu’il existe une partie du peuple,
profondément, peut-être génétiquement, anti-démocrate, une sorte de catégorie
d’individus « asociaux ». Outre le fait que c’est absurde, on sait ce
que donne ce genre de théorie.
Pourtant
il faut donc bien admettre que, même un pouvoir fondé sur une légitimité
populaire peut – et c’est aujourd’hui toujours le cas – faire l’objet d’une
contestation,… elle se veut légitime à défaut d’être légale et officielle.
On
entre alors dans un paradoxe qui remet fondamentalement en question toute la
problématique « démocratique » de l’édifice d’une société, comme la
nôtre, qui se prétend en tant que telle.
Trois
exemples pour l’illustrer :
L’Etat
ne fera pas de référendum sur la « peine de mort », les
« minarets » ou la « privatisation de la poste » car il a
peur que la première soit rétablie, les seconds interdits et la troisième
condamnée.
Autrement
dit la légitimité du pouvoir est à
« géométrie variable ». Le peuple a le droit de décider mais pas de tout, pas n’importe comment, pas sur n’importe quoi et pas n’importe quand.
La farce – en France et en Irlande - sur le référendum du Traité Communautaire
Européen, nous le confirme.
Ce
décalage, cet espace entre intérêt du
pouvoir et volonté populaire est
occupé par deux fonctions : la violence
officielle et l’instance politique.
L’instance politique, détenue par la
classe sociale garante des rapports sociaux dominants (aujourd’hui le salariat),
a été aménagée suivant un système politique qui assure la stabilité et la
pérennité de l’ensemble… Il ne donne – système électoral, manipulation de
l’opinion publique - que l’illusion de la possibilité du changement.
La
violence officielle est utilisée
quand le voile des illusions se déchire.
L’ABSURDE MECANIQUE
« DEMOCRATIQUE »
Comme
il y aurait du « bon cholestérol » et du « mauvais
cholestérol », il y aurait une « bonne violence » et une
« mauvaise violence »,… une « violence juste » et une
« violence injuste », une « violence légitime » et une
« illégitime ».
Quand lors d’un conflit social un flic
vous cogne, il le fait en votre nom et pour votre bien,… et se rebeller va à
l’encontre de vos intérêts immédiats, (vous allez au tribunal !) et surtout
de vos intérêts politiques puisqu’il est le bras armé du peuple, donc de vous.
Dis autrement : vous payez le flic
pour qu’il vous cogne !
C’est
exactement le mécanisme du fonctionnement du pouvoir « démocratique ».
Une telle situation paraît être une plaisanterie parce qu’en fait tout ceci est
ubuesque, illogique et finalement parfaitement anti démocratique.
La
question qui se pose, c’est : « Comment
en est-on arrivé là et comment se fait-il que cette farce continue ?».
Le
principe du fonctionnement démocratique de notre société est basé sur un
« malentendu historique ». La lutte contre l’absolutisme au 18e
siècle a permis l’émergence d’une contestation sociale qui correspondait aux
intérêts d’une classe en pleine expansion, la Bourgeoisie commerçante.
Toutes les classes sociales ont trouvé leur compte – économique et idéologique
- dans cette contestation. La prise du pouvoir par la nouvelle classe dominante
a mis en place un principe de fonctionnement démocratique – quoiqu’au départ
les femmes en sont exclues – qui deviendra le suffrage universel :
un individu = une voix.
Formellement
donc tout pouvoir basé sur ce principe est absolument démocratique et depuis
plus de deux siècles – avec quelques modifications mineures – on en est resté à
ce principe formel. Pourtant deux facteurs le rendent, dans les faits, caduque :
- la classe
dominante a rapidement développé son système de rapports sociaux fondés sur la
valorisation du capital par l’exploitation du travail salarié… brisant par la
même, dans les faits, les trois principes gravés sur le fronton des
établissement publics ;
- le mécanisme
politique d’accession et de conservation du pouvoir a fait très rapidement
l’objet d’une manipulation et de conditionnement de masse aboutissant au fait que
le « suffrage universel » donne finalement le pouvoir à ceux qui
l’ont déjà… assurant par la même la pérennité du système marchand.
Qu’ils
s’agissent des jeunes des banlieues, des salariés licenciés ou occupant leur
entreprise, des étudiants et lycéens, des paysans,… les revendications logiques
et « illégitimes » se heurtent aux intérêts d’un système qui
fonctionne sur sa propre logique mais détient le pouvoir « légitime »
et la force nécessaire à sa survie.
C’est
dans cet écart entre un principe formel et la réalité sociale que
naît la violence sociale.
Mais
tout ceci ne répond pas à la question : « Comment se fait-il que cette farce continue ?».
Si
l’on écarte l’hypothèse que « le Peuple est un ramassis d’imbéciles qui ne
comprennent rien »,… on doit bien reconnaître que c’est dans le système
politique lui-même que quelque chose est viciée.
En
fait une double mystification opère :
- le développement
continu – et aujourd’hui envahissant -
des moyens de communication a largement permis l’élaboration d’instruments
de mise en condition et de manipulation de masse… On peut les voir
aujourd’hui dans tous les domaines : le sport (nouveaux jeux du cirque),
l’insécurité, la grippe A, l’immigration, la « pipolisation » de la
vie politique, la charité médiatisée (Téléthon), les nouveaux paradigmes sur la
rentabilité, la concurrence… noyant la conscience dans un fatras d’informations
certaines inessentielles, d’autres parfaitement conformes aux intérêts du
système ;
- la véritable
« religion » civique du droit de vote qui distille l’idée sacrée que
seul le suffrage peut permettre le changement… Seule l’Eglise, avait pu ainsi
jouer sur la crédulité collective. L’adhésion de fait des
« oppositions » à cette fable, confortant la croyance et le
manque d’alternative concrète amènent à une véritable capitulation et à
l’acceptation du système en place. « Il vaut mieux ça qui n’est pas
satisfaisant, que rien,… qui fait peur ».
Ainsi,
la violence officielle se trouve légitimée idéologiquement et juridiquement,
dans la conscience collective. Il suffit donc au Pouvoir de condamner –
moralement et juridiquement - la violence sociale, non officielle, pour priver
toute contestation de moyen d’expression non contrôlable par lui et de la
canaliser dans les circuits stériles du processus électoral.
Le
renforcement inouï des moyens de répression, sous couvert d’insécurité et de
terrorisme, accroissent paradoxalement l’ambiance d’insécurité et donne au
système tous les moyens de réprimer toute contestation,…
La
boucle est ainsi bouclée.
Seule,
la reconnaissance de la nécessité d’un nouveau champ pour l’expression
de la conscience politique et d’une praxis alternative peut permettre de
sortir de cette impasse.
Décembre 2009 Patrick
MIGNARD
Voir
aussi :
« LES
AVANTAGES COLLATERAUX DU TERRORISME »
« DECADENCE »
« MANIFESTE
POUR UNE ALTERNATIVE »
« LA
VIOLENCE ET SES LIMITES »
« VIOLENCE
ET CHANGEMENT SOCIAL »