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Le Vlaams Belang, la Bête noire qui monte...
lu sur avoixautre : " Elections communales en Belgique 
Les politiciens ont tous crié victoire, le Vlaams Belang, parti d’extrême droite flamande, ne remporte pas les élections à Anvers et le cordon sanitaire - accord entre partis démocratiques afin de ne pas gouverner avec le VB - a tenu bon. Cependant, ce 8 octobre, le parti fasciste a reçu 5700 voix de plus qu’aux dernières élections communales de 2000.

Avec 35,3% des voix, les socialistes flamands du SP.A, le parti « gagnant » à Anvers, sont talonnés de près par les fascistes du Vlaams Belang (VB) qui affichent un score de 33,5 %. Quand les politiciens louent les vertus du cordon sanitaire, c’est Dewinter qui crie victoire sous les huées. Le député et chef de file du VB à Anvers a en effet de quoi se réjouir. Non seulement le Vlaams Belang ne régresse pas mais il perce dans de nombreuses petites communes. Il y réalise des sauts inquiétants allant de 5 à 9%.

Ainsi à Schoten, près d’Anvers, le VB décroche la première place avec 34,7%, soit 10% de plus qu’en 2000. Pourtant dans cette commune, la communauté immigrée (cible principale de la haine du Vlaams Belang) est absente du paysage social. Schoten ne compte qu’une poignée d’étrangers. Et le VB n’a pas pu s’appuyer sur le sentiment d’insécurité : les délits sont pratiquement inexistants dans cet ville. Quand il ne frôle pas la majorité absolue (comme à Merksem avec 41% ou à Deurne avec 44%), le Vlaams Belang est devenu le premier parti dans différentes communes de la province d’Anvers, comme à Lier, Schoten, Boom, Stabroek et Borsbeek. Quant à Leeuw-Saint-Pierre, où il se présentait pour la première fois, il y obtient d’emblée de jeu près de 18%...

D’où vient ce succès ? Comme en Pologne, en Slovaquie, en Allemagne, en Suisse, en France, en Italie... l’extrême droite a construit ses résultats, en Flandre, sur un chômage en hausse, sur la haine de l’establishment, sur le rejet des immigrés, sur les replis nationalistes. Les leaders du Vlaams Belang ont su adapter leur discours au public qu’ils veulent conquérir.

Et ils ont su se fabriquer une image de leaders forts et ont su galvaniser les « braves gens » avec des discours musclés, qui flattent les sentiments de haine et de vengeance.

Lors de ses meetings, le parti fasciste néerlandophone a appelé les citoyens à s’armer. « Les truands ne devraient pas s’étonner de se faire descendre par un bijoutier ni les voleurs se plaindre s’il leur manquait des dents après s’être fait frapper ». C’est ce qu’a éructé Filip Dewinter, durant son dernier congrès à Anvers. Un mot d’ordre ? En tous les cas, ça a été la toile de fond du contexte préélectoral en Flandre. Le 6 mai à Bruges, des skinheads tabassent à mains nues un Français d’origine gabonaise. La victime sombre dans le coma. Peu après, le 11 mai, à Anvers, la ville-bastion du VB, un skinhead proche du parti fasciste achète une arme et commet un crime raciste, en pleine rue. Deux morts et un blessé et le bilan aurait pu être plus lourd si le meurtrier avait utilisé les munitions de réserve sur lui. Dans la nuit du 2 au 3 août, un jeune homme soupçonné d’être l’auteur de plusieurs vols est battu à mort à Maasmechelen. Application de la loi du Talion. Le 7 septembre, 17 néo-nazis (dont 10 militaires) sont arrêtés. Ces membres de Bloed-Bodem-Eer-Trouw, la division flamande du mouvement ultra-violent « Blood and Honour », s’apprêtaient selon la Justice à commettre des attentats. Un stock de 300 armes de guerre a aussi été découvert.

Quel aurait été le score si la série noire des meurtres et des violences n’avait pas été mise en avant dans les médias ? Et que serait-il arrivé si l’électorat n’avait pas été élargi cette année, avec l’introduction du vote des "étrangers non européens".

Malgré ces faits divers tragiques dont certains concernent directement le Vlaams Belang et les concerts de plusieurs milliers de personnes organisés notamment à Anvers le 1er octobre (à l’initiative du chanteur de dEUS), le Vlaams Belang n’a pas régressé. Anvers restera l’enjeu principal des fascistes flamands, comme pour les scrutins communaux du 8 octobre. Filip Dewinter y a établi son QG en raison de son poids économique : Anvers reste l’un des ports les plus importants d’Europe. Il est vrai que le Belang ne contrôle toujours pas la ville... mais à quel prix ? Tous les partis démocratiques ont dû s’allier pour maintenir le cordon sanitaire !

Même s’ils le nient, il a toujours existé des liens entre le mouvement skinhead et le Vlaams Belang. Sur des photos trouvées par des journalistes du quotidien flamand « De Morgen », on retrouve Dieter Van Parijs et le bras droit du président du parti, Frank Vanhecke, sous la croix celtique au beau milieu des « Vlaamse Jongeren Westland », organisation extrémiste composée en bonne partie de néonazis membres de « Blood and Honour ». Selon « De Morgen » Van Parijs aurait été envoyé par le VB avec un autre membre, Pieter Van Hamme, comme émissaires dans les milieux néonazis. Dans les années ’80, Filip Dewinter et Frank Vanhecke donneront toute leur ampleur au « Cercle des Etudiants Nationalistes », le dotant de pas moins de 25 sections. A l’époque, l’extrême droite a régulièrement organisé à Bruges des ratonnades et des raids visant les milieux progressistes et immigrés. Le mouvement déclina suite au départ de Dewinter pour Anvers, mais Van Parijs et Van Hamme le ranimèrent grâce à leur nouvelle création : les « jeunes skinheads d’extrême droite ».

Mais pointer le seul VB est une erreur. Les partis politiques traditionnels ont également une part de responsabilité dans la situation : ils ont intégré les arguments de l’extrême droite afin de rafler son électorat. Il est temps que les partis démocratiques ainsi que les journalistes et certaines institutions publiques telles que l’Office des étrangers s’interrogent sur leurs méthodes. Il est temps de couper les subsides publics aux partis xénophobes et fascistes. Temps de briser la logique des quartiers-ghettos et celle des écoles-ghettos, qui se développent toujours plus aux dépens de la multiculturalité. Temps de s’atteler à la question du chômage ainsi qu’à celle du partage du travail et des richesses. Temps d’arrêter de flatter les replis identitaires de cette Flandre qui ressuscite les fêtes médiévales, se saoule d’hymnes régionalistes lors des « zangfeesten » (fêtes du chant) et se drape d’étendards jaunes frappés de lions noirs. L’« âge d’or » des nationalistes pourrait bien être nos temps maudits.

[Louis Jazz et Hertje]


Ecrit par patrick83, à 12:31 dans la rubrique "International".



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