Joueb.com
Envie de créer un weblog ?
ViaBloga
Le nec plus ultra pour créer un site web.
Débarrassez vous de cette publicité : participez ! :O)

L'En Dehors


Quotidien anarchiste individualiste





Crée le 18 mai 2002

Pour nous contacter : endehors(a)no-log.org



D'où venons-nous ?


Nos références
( archives par thèmes )


Vous pouvez nous soutenir en commandant nos brochures :

Les éditions de L'En Dehors



Index des rubriques

Les collaborateurs et collaboratrices de l'En Dehors

Liens

A noter

Recherche

Archive : tous les articles

Session
Nom d'utilisateur
Mot de passe

Mot de passe oublié ?

Le taoïsme, une philosophie libertaire
Lu sur JEUNES A CONTRE COURANT : "« L'appel aux armes est de toutes les vertus, la plus basse ; les récompenses et les châtiments sont les modalités d'éducation les plus inférieures ; les rites et les lois les moyens de gouverner les plus méprisables » (Tchouang-Tseu) Selon Tchouang-Tseu, une des principales figures du taoïsme, l'homme ne peut être heureux que s'il ne vit que pour lui et non s'il se propose un but qui lui soit extérieur. La voie de libération individuelle est celle du non-agir, car l'homme est fondamentalement inutile. C'est son inutilité même qui permet à l'individu d'échapper à l'emprise de la société. Le rapprochement du taoïsme et de la tradition libertaire doit se comprendre comme prenant en compte la philosophie primitive taoïste à l'exclusion de sa décadence théiste plus tardive. D'autre part, le parallèle ne peut se faire qu'avec une vision de l'anarchie comme libération totale de l'individu. Ceci dit, on doit pouvoir reconnaître les nombreuses similitudes entre ce qu'on aurait bien du mal à appeler des doctrines.

Mais plus encore que dans ses principes, c'est dans sa pratique que le taoïsme s'apparente à l'action anarchiste. Tao signifie la voie, qui est avant tout une démarche d'affranchissement et de respect de la liberté de l'autre. Cette conception conduit au pacifisme et à la contestation de l'oppression sociale. L'attitude taoïste vis à vis de la nature est par exemple profondément libertaire. La relation avec la nature est celle du respect et de la non-domination. Le but du taoïste est d'uvrer dans le sens de la nature pour créer le cadre matériel et social qui permette à chaque homme de réaliser le Tao : la libération de l'individu. Comment ne pas y voir un parallèle évident avec l'idéal et la pratique de l'anarchie qu'on gagnerait beaucoup à considérer également comme une voie, un cheminement, plutôt que comme le stade final de la lutte des classes ? Bertrand Russel ne s'y est pas trompé en mettant en exergue de son livre Le monde tel qui pourrait être : socialisme, anarchisme et anarcho-syndicalisme, les paroles subversives de Lao Tseu : « Produire sans posséder, agir sans s'imposer, développer sans dominer » que Proudhon aurait pu aussi bien formuler.

Conciliables, similaires, l'idée anarchiste et le taoïsme sont pour leur malheur trop souvent défendus par des esprits sévères et étroits, incapables de réaliser la parenté qu'il peut exister entre elles. C'est aussi que le jargon libertaire et la parole taoïste sont assez différents. Mais comment pourrait-il en être autrement ? Profondément ancrés dans le langage populaire de deux civilisations qui n'ont eu que de très rares contacts. Les deux styles ont toutefois ceci en commun qu'ils s'adressent à l'homme, dans son propre langage, se méfiant de celui des doctrinaires. Si la pensée taoïste peut paraître hermétique c'est aux yeux d'un occidental de ce siècle. Le fossé à première vue infranchissable entre taoïsme et anarchisme ne peut se franchir sans une capacité d'ouverture et d'adaptation étrangement absentes chez nos contemporains. L'impossible collision de deux faces d'une même idée n'empêche pas en tous cas l'acte de reconnaissance réciproque, le signe entendu que se font entre eux les ennemis de l'ordre social.

C'est jusque dans leurs destins que ces modes de pensée et de vie se recoupent vraiment. Imprégnant également leurs sociétés respectives, ils ont été pareillement déformés par leurs propagandistes et commentateurs qui ont voulu ériger en système ces philosophies anti-système. Ce qu'on ne peut appeler autrement qu'une trahison montre la faculté qu'on les hommes perdus hors des sentiers battus à retrouver la route du conformisme même s'il faut pour cela qu'il travestissent leurs errances. On connaît le sort qui fut fait à l'indomptable anarchie par les pseudos révoltés en manque de nouvelles églises. L'épreuve de l'histoire fait dans les deux cas la perte de l'idéal. De la même manière, le taoïsme primitif de Tchouang-Tseu et Lao-Tseu qui constituait une force de contestation sociale susceptible de s'opposer à la doctrine de Confucius, partisan de l'ordre étatique, a été trahie. Le taoïsme historique a dégénéré vers une reconnaissance de l'ordre établi faisant du non-agir l'acceptation du conformisme social. Cette soumission à la société du néo-taoïsme sera vivement combattue par le groupe des « sept sages de la forêt de bambou » qui s'en prendront également à la religion d'État : le confucianisme. La philosophie du Tao reste aujourd'hui encore entachée des apports ultérieurs de la décadence théiste qui l'abaissera à n'être plus qu'une religion, un amas de superstitions et de symboles idiots à l'usage de faux mystiques assoifés d'exotisme et d'absolu faciles.





Post-Scriptum
« Tchouang-Tseu dont il faut prononcer le nom avec précaution, puisqu'il n'est pas écrit, est un écrivain très dangereux. Et la publication de son ouvrage en anglais deux mille ans après sa mort est à l'évidence prématurée. Elle risque de causer beaucoup de peine à nombre de gens actifs et profondément respectables. Sans doute un idéal qui pousse à la culture et au développement de soi, ce à quoi tendent du reste ses vues philosophiques, est-il passablement nécessaire aux temps que nous vivons, où la plupart des gens prennent tant à cur l'éducation de leur prochain que le temps leur manque pour faire la leur. Mais est-il prudent de l'avouer ? A mon sens, si nous admettions le pouvoir destructeur de certaines des critiques de Tchouang-Tseu, il nous faudrait aussi réviser quelque peu cette habitude nationale qui est sans cesse de nous glorifier. Car ce qui toujours console l'homme de ses stupidités, ce sont les éloges dont il se couvre après qu'il les a faites. » (Oscar Wilde)".
Ecrit par libertad, à 21:33 dans la rubrique "Pour comprendre".



Modèle de mise en page par Milouse - Version  XML   atom