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Les élections, quoiqu’on puisse en penser constituent incontestablement un évènement politique, certainement pas pour ce qu’elles permettent … de manière générale rien d’essentiel, mais parce qu’elles sont un mode de fonctionnement politique d’une collectivité. A ce titre elles méritent analyse. C’est donc plus en observateur, voire anthropologue, que je me place qu’en analyste politique proprement dit.
Si
l’on a un regard « décalé » on ne peut que constater que rien
d’essentiel ne s’est véritablement produit lors de ce scrutin… car rien
ne pouvait se produire….
ILLUSON
D’OPTIQUE
La
plupart des observateurs politiques voient un changement. Ceci est du à
la spécificité des lunettes qu’ils portent. Munis de ces lunettes constituées
d’un verre aux couleurs de la Droite et d’un autre aux couleurs de la Gauche,
ils ne peuvent qu’avoir une vision tout à fait orientée dans le sens non pas de
ce qui est, mais de ce que le système électoral a prévu.
Il
y a en fait incontestablement une stabilité du corps électoral. L’abstention
se maintien et ne peut être que difficilement interprétée quant à sa
signification.
Le
reste du corps électoral se réparti à peu près de la même manière entre les
grands « courants » de la politique politicienne… c’est ce qui fait
croire – ce qui est un peu vrai - aux centristes, ce marécage mouvant, qu’ils
peuvent jouer un rôle puisque les « changements » se font aux
« marges internes » (à droite pour la Gauche et à gauche pour la
Droite- l’extrême-droite étant hors jeu !) des deux grands
courants.
Si
l’on prend du recul, si l’on examine sans a priori le « phénomène
électoral », ça semble bouger, mais
rien ne change, de fait, fondamentalement… ce qui peut se résumer par « les
élections passent, les problèmes demeurent ».
MECONTENTEMENT
SOCIAL ET RESULTATS ELECTORAUX
- ou
bien l’élection est incapable de l’exprimer.
Or,
il y a bien mécontentement social… comment se fait-il donc que les élections
soient incapables de l’exprimer ?
Ceci
montre qu’il y a dans le processus électoral « quelque chose »
qui stérilise l’expression politique. Mais qu’elle est la nature de ce « quelque
chose ». Ce « quelque chose » n’est bien sûr pas unique et
homogène, il est constitué par un ensemble de comportements, de croyances et de
techniques de manipulation de l’opinion.
La
culture politique : on est de gauche, ou de droite, par
tradition, souvent familiale, comme on est catholique ou protestant.
La
fidélité : à un parti, à un homme ou une femme, à un symbole, à un
idéal,… ou ce que l’on croit être un idéal ;
Le
légitimisme : la fidélité à l’autorité, au pouvoir en place, à
celui qui représente symboliquement la République, le peuple, la
démocratie,…autrefois le roi, Dieu….
La
peur du « changement », de l’ « inconnu »… « Il
vaut mieux ça que rien »… « Untel on le connaît, les autres,
on ne sait pas !... »
Le
marketing politique – se sont toutes les techniques de persuasion développées
par les candidats et empruntées à la publicité commerciale… et ça marche dans
une certaine mesure… en particulier vis-à-vis des indécis… qui font de fait les
majorités.
IL
EST URGENT DE NE RIEN CHANGER
C’est
cette alchimie subtile fondée sur la manipulation, le conservatisme individuel
et collectif et la dépossession d’une quelconque pratique sociale (« votez
nous ferons le reste »), qui constitue l’essence même du processus
électoral et en fait un processus particulièrement pervers et mystificateur.
Si
l’on adhère, sans conscience et sans esprit critique (ce qui est le cas de la
majorité des électeurs/trices), à ce contexte, on est pris dans sa logique et
ça donne l’attitude aujourd’hui, en particulier, de l’extrême-gauche qui joue
le jeu tout en s’en cachant, mal, derrière un discours radical purement verbal.
Ces organisations comme les grands partis sont devenues des
« boutiquiers électoraux » qui comptent et gèrent « leurs »
voix comme Arpagon comptait son or…
COMMENT
SORTIR DE CE PIEGE ?
Certainement
pas en s’y enfonçant un peu plus… Pas plus que, simplement, en le dénonçant –
c’est nécessaire, mais largement insuffisant.
Alors ?
Le
vrai terrain du changement n’est pas dans les élections mais dans des
structures alternatives expression d’un changement des rapports sociaux.
Rien
n’est évidemment fait pour favoriser ces initiatives, au contraire. Tout est
fait pour résumer à sa plus simple expression l’existence citoyenne : l’élection.
Le système va même jusqu’à faire « singer » aux enfants les pratiques électorales, les conditionnant
en cela à la soumission à un processus qui les instrumentalisera un fois
adultes.
Une
fois le scrutin passé chacun-ne va s’en retourner à ses occupations, les
affaires vont continuer, les licenciement se poursuivre, les prix augmenter et
les officine politiciennes après un « repos bien mérité » prépareront
les « prochaines échéances électorales »… en nous expliquant que le
peuple et souverain et que c’est ça la démocratie. Ainsi soit-il !
Patrick
MIGNARD
Mars 2008
Voir
aussi :
« VICTOIRE DE « LA « POLITIQUE,…
MORT « DU » POLITIQUE »
Commentaires :
ThierryLode |
L'esprit critique...Certes, seule l’expression
concrète d’une alternative pourra construire un autre monde. Mais il existe
néanmoins une dimension critique du vote, petite et rase, mais une lueur quand
même. Combien de gens ne trouvent que dans cette opération une voix autrement bâillonnée. Quand Albert Libertad disait, « le
criminel, c’est l’électeur », il voulait bouger les consciences,
trouver une autre expression. Cela n'est pas si facile quand la paole appartient à la marchandise.. Il faut redire l'insuffisance des votes, mais sans jamais donner cette
impression de savoir mieux, quand nous même avons si difficilement de la
voix... Thierry Lodé Répondre à ce commentaire
|
à 09:55