Dans la voiture, je sifflote. Par moment, je taquine ma copine, Lolo, elle rit encore un peu de mes facéties... Nous rentrons à Paris, il faisait beau en Bretagne. Maintenant, il pleut.
A présent sur l'autoroute, après Laval, nous écoutons des chansons de Marta Wainwaight, Clem Snide, etc, un style de musique paisible, folk, presque joyeux. On n’est pas si mal en quittant la Gérardière, ma mamie, ma famille maternelle d'Ille-et-Vilaine, tous sourire. Même si Lolo a déjà choppé un herpes, moi je me sens assez bien, encore. Quelques instants sur l'autoroute... Après Le Mans, ayant passé Laval, las, nous faisons la jonction avec l'autoroute de Caen. A bord de notre petite polo de quinze ans d'âge, nous nous faisons doublés allègrement par les grosses voitures immatriculés 92 rentrant de Deauville. Comme des brindilles, fragiles, à bord d’une automobile en vrille... Et puis, et puis, à la station pas loin du péage, coup d'stress. Tout à coup. Comme une porte ouverte sur la cité Pan Pan. Ca crie, crisse, trois cent pelés et un café. Vite fait. Vite vite. Il faut regagner la voiture à toute vitesse et se barrer ! Rejoindre la sacro-sainte cohue citadine. S'entasser emmitouflés dans notre cocon Hlm, encastrés sous la barre...Sur la périph, après l'éternel bouchon - je pense à la jeunesse avec elle qui manifeste en inventant un slogan « l'avenir est bouché débouchons le ! » - sur la voie du périph à côté de la porte de Charenton, Lolo se met à pleurer (elle qui riait à la campagne seulement hier) en larme serrée, retenues, parce que j'ai un peu mal au ventre et que ça m'irrite (j'écoute l'émission le masque et la plume, j'essaye de m'intéresser à la Qulture mais, mais)
Pfff.
En rentrant, je prends le courrier. Lolo récupère, essaye de respirer, de "réadapter l'esprit", parti dans un souffle d'air... J'ai des mauvaises factures, des trucs chiants. Que je fous à la poubelle, le plus possible pour m’en débarrasser.
Et puis basta ! Lolo arrive, elle ne pleure plus, et puis il y a des fleurs sur le balcon semées par les pigeons, et puis c'est le printemps, et puis bientôt, on repart Lolo ! On reviendra, et alors ? Dans quatre mois on se tire ! Je m'apprête déjà à en rire, de soulagement, je réalise à quel point le bonheur est capricieux, qu'il se cache sans cesse, sauvage, tel un fennec, un écureuil malicieux amateur de noisette. A quelques marches d'heures ! Des brassées de minutes ! Des pétales de secondes, on dirait, ce serait le sud, bientôt !
à 19:03