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Zarqawi est l’ennemi extérieur des États-Unis. L’administration Bush, lors de déclarations officielles incluant les discours présidentiels et des documents de sécurité nationale, a souligné à plusieurs reprises le besoin de « pourchasser » Abou Moussab Al Zarqawi et Oussama Ben Laden.
Lors d’une conférence de presse le 1er juin 2004, George W. Bush déclarait : « Vous savez, je déteste prédire la violence, mais je comprends la nature des tueurs. Cet homme, Zarqawi, un associé d’Al Qaïda - qui, en passant, était en Irak avant la chute de Saddam Hussein - est encore en liberté en Irak. Et comme vous vous en rappelez peut-être, une partie de son plan d’opérations était de semer la violence et la discorde parmi les différents groupes en Irak par des actions meurtrières. Et nous devons aider à combattre Zarqawi pour que le peuple irakien puisse avoir un futur plus radieux. »
Le mandat officiel des forces d’occupation américaines et britanniques est de combattre et de gagner la « guerre au terrorisme » au nom du peuple irakien. Zarqawi constitue la justification de Washington pour l’occupation militaire de l’Irak, sans mentionner le siège brutal de zones urbaines à forte densité démographique, dirigé contre « Al Qaïda en Irak ».
Les forces de la coalition sont présentées comme jouant un rôle de « maintien de la paix » en liaison avec les Nations unies. Les médias occidentaux ont repris en chœur le discours officiel soutenant la légitimité de la « guerre au terrorisme ». Ils ont non seulement présenté Zarqawi comme un terroriste sanguinaire, mais la question de la campagne de désinformation du Pentagone, qui est connue et documentée depuis 2002, n’est jamais abordée.
Dans un revirement inhabituel, le Washington Post, dans un récent article, a reconnu que le rôle de Zarqawi avait été délibérément « amplifié » par le Pentagone, dans le but de galvaniser le soutien du public pour la « guerre au terrorisme ».
Le 10 avril, on pouvait y lire que « La campagne Zarqawi est mentionnée dans plusieurs des documents militaires internes. “ Démoniser Zarqawi / augmenter la réponse xénophobe ” déclarait un document militaire préparatoire de 2004. » Les documents feraient état de trois méthodes, soit les opérations-médias, les opérations spéciales d’unités militaires d’élite et les « PSYOP », le terme militaire américain pour le travail de propagande.
Selon le Washington Post, le programme de propagande était destiné « principalement à l’intention des Irakiens », mais il semble s’être étendu aux médias américains. Une diapositive préparatoire sur les « communications stratégiques » américaines en Irak, préparée pour le général George W. Casey Jr., le commandant américain, décrit l’opinion publique américaine comme l’une des six principales cibles du côté américain.
Dans le même article, on précise qu’un document interne produit par le quartier général militaire américain en Irak déclare que « la programme Zarqawi PSYOP est la campagne d’information qui connaît le plus de succès jusqu’ici ».
Le commandant senior responsable des opérations PSYOP du Pentagone est le général Kimmit, qui occupe maintenant la position de haut responsable pour la planification au commandement central américain des opérations en Irak et au Moyen-Orient.
Toujours selon le Washington Post du 10 avril 2006, Kimmit a déclaré qu’« il y avait clairement une campagne d’information pour attirer l’attention du public sur Zarqawi, principalement pour le public irakien, mais aussi pour le public international ».
Le quotidien poursuit : « Un des buts de la campagne était de creuser un fossé au sein de l’insurrection, en soulignant les actes terroristes de Zarqawi et ses origines étrangères, selon un officier familier avec le programme. » Grâce à cette opération, Abou Moussab Al Zarqawi représente maintenant le terrorisme en Irak, les combattants étrangers en Irak, la souffrance du peuple irakien, les attaques contre les infrastructures.
Il est difficile de déterminer combien d’argent a été dépensé pour la campagne Zarqawi, débutée il y a deux ans. La propagande américaine en Irak en 2004 a coûté 24 millions $, mais cela comprenait l’importante construction de bureaux et de résidences pour les troupes ainsi que des diffusions radio et la distribution de tracts affichant le visage de Zarqawi, selon le même officier.
Le programme Zarqawi au Pentagone était mené en parallèle avec une opération connexe, « dirigée par le Groupe Lincoln, une firme de consultants américains, pour placer des articles pro-américains dans les journaux irakiens, selon l’officier familier avec le programme ». Selon le Washington Post, toutefois, il n’y avait pas de lien entre le programme PSYOP du Pentagone et celui dirigé par le Groupe Lincoln pour le Pentagone.
La désinformation et la propagande de guerre font partie des plans militaires. Ce que le Washington Post ne mentionne pas, toutefois, c’est son propre rôle dans la propagation de la légende Zarqawi, de concert avec les réseaux de télévision, la plupart des médias de la presse écrite et bien sûr CNN et Fox News, sans mentionner une partie des médias alternatifs.
Zarqawi a été identifié par les médias américains comme étant le cerveau derrière « l’insurrection » à Fallujah, Tal Afar et Samara. Il a été tenu responsable des attentats à la bombe dans l’hôtel d’Amman ainsi que d’attentats-suicides dans plusieurs capitales occidentales et en Irak.
L’opération PSYOP du Pentagone vise à détourner l’attention des atrocités américaines avec l’aide des médias, qui ont participé à la « démonisation de Zarqawi » dans leur couverture du mouvement de résistance irakien.
Les officiers supérieurs du renseignement américain en Irak affirment qu’Abou Moussab Al Zarqawi et ses associés irakiens et étrangers ont essentiellement dirigé l’insurrection, devenant la force dominante de l’opposition et la plus grande menace immédiate pour les objectifs américains dans le pays.
Si le rôle de Zarqawi a été fabriqué dans le cadre de l’opération PSYOP du Pentagone, quelle est la valeur de ces rapports dans les médias ?
Les documents militaires internes transmis au Washington Post confirment que le Pentagone est impliqué dans une campagne de propagande qui vise à donner un visage à l’ennemi. Le but est de présenter l’ennemi comme un terroriste, de tromper l’opinion publique.
Le contre-terrorisme et la propagande de guerre sont inter-reliés. L’appareil de propagande fournit de la désinformation aux médias. L’objectif est de présenter les groupes terroristes comme les « ennemis des États-Unis » responsables d’innombrables atrocités en Irak et dans le monde. L’objectif sous-jacent est de galvaniser l’opinion publique en soutien au programme de guerre américain au Moyen-Orient.
Michel Chossudovky