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Le nouveau mur de l'argent : essai sur la finance globalisée

Lu sur Attac : "Dans cet ouvrage, nous avons voulu montrer que l’histoire monétaire et financière que la France a connue dans l’entre-deux guerres (avec les gouvernements du Cartel des gauches) est en train de se répéter, mais, cette fois-ci, dans une dimension autrement plus importante puisqu’elle se situe à l’échelle mondiale : un nouveau « mur de l’argent » est dressé depuis une dizaine d’années par les grandes banques internationales qui a pour résultat de contrer la volonté des politiques et notamment des gouvernements démocratiquement élus. L’ouvrage analyse ainsi l’architecture, la construction et les dangers de ce mur.

Comment le processus de globalisation financière a-t-il pu aboutir à un tel résultat ?

Le cœur du processus, appuyé sur les argumentaires des théoriciens libéraux des années 60, a stratégiquement visé la libéralisation, de la tutelle des États, de deux prix de marché : le taux d’intérêt d’une part (libéralisation interne), et le taux de change d’autre part (libéralisation externe). Ces bases ont donné aux épargnants, grâce à des taux d’intérêt réels redevenus positifs, une place centrale dans le financement d’économies, dominées désormais par les marchés financiers.

Cette libéralisation a d’abord provoqué, durant les années 80 et au début des années 90 une montée vertigineuse de la finance directe au détriment du crédit bancaire traditionnel. Mais, l’instabilité des prix propre à ce type de financement a engendré également une « innovation financière », dite foisonnante, mais destinée paradoxalement à couvrir, en réalité, les risques liés au fonctionnement même de ces marchés. Il faut en effet se couvrir contre les variations intempestives des taux d’intérêt et des taux de change.

Le résultat ? Une démesure totale des transactions sur les marchés monétaires et financiers qui tient à la place prise non seulement par la « marchéisation » du financement, mais surtout par le besoin de couverture engendré par ce financement, qui, lui-même, entraîne mécaniquement des comportements spéculatifs.

Nous proposons alors une évaluation précise de l’emprise de la finance globale sur l’économie réelle. Des tableaux inédits, exprimés dans une nouvelle unité de mesure (le tera-dollar, soit mille milliards de dollars), offrent une vision cohérente des flux financiers (capitaux) et des flux réels (biens et services) qui traversent désormais l’économie mondiale. On sait qu’une façon de mesurer l’explosion de ces marchés est de constater le volume des liquidités qui transitent sur les marchés interbancaires : 1155 téra-dollars, à comparer, par exemple, sur la même période (l’année 2002), au volume des transactions sur biens et services de la planète entière : 32,4 téra-dollars.

Cette hypertrophie actuelle des transactions de la finance globalisée justifie le thème de cet ouvrage, celui du « mur de l’argent ». Ce mur est certes fait de liquidités énormes qui transitent à l’intérieur des systèmes de règlement, ce qui les soumet à un risque systémique croissant. Mais surtout, il se bâtit sur des comportements d’acteurs dont la logique est celle de prélèvements de valeur sur l’activité économique : survaleur actionnariale, coûts de transaction et plus values spéculatives sur produits dérivés, ainsi que surcoûts de financement en raison du niveau atteint par les taux d’intérêt réels.

Une des conséquences les plus graves du poids croissant de cette finance nouvellement libéralisée est son impact considérable sur l’économie réelle. De nouvelles normes de gestion ont été ainsi imposées par les investisseurs financiers aux entreprises, transférant massivement les risques sur les salariés et sur les futurs retraités. Les principes de la nouvelle gouvernance des firmes sont là pour rappeler aux chefs d’entreprise que le profit pour l’actionnaire doit guider essentiellement leur action.

La combinatoire de ces différents prélèvements sur l’activité, et les transferts de risque qui y sont associés forme, en quelque sorte, le ciment de ce mur d’argent, ce que nous avons aussi appelé le nouveau paradigme de la finance globalisée. Celui-ci se caractérise, sur le plan financier, par l’émancipation de la liquidité de la tutelle des banques centrales. Pour le dire autrement, les Banques centrales sont, dans ce nouveau régime, contraintes d’alimenter les marchés monétaires et financiers de la liquidité dont ceux-ci ont continuellement besoin. Autant dire que ce suivisme leur fait perdre le pouvoir de régulation qui était le leur auparavant, et notamment leur pouvoir d’action sur la gamme des taux d’intérêt.

Ce nouveau régime d’accumulation se caractérise alors par des cycles récursifs qui se combinent à l’échelle internationale, ce qui le rend intrinsèquement instable : cycle financier provoqué par la prise de risque excessive des firmes sous la contrainte de la valeur actionnariale, et cycle récursif des produits dérivés, alimenté par les incertitudes de marché, elles-mêmes générant une bulle qui ne cesse de grossir.

Cette instabilité est amplifiée, en outre, par des dérives spéculatives et mimétiques de certains investisseurs financiers. Ces comportements sont souvent à l’origine de graves dysfonctionnements, ou de crises monétaires et financières, à impact planétaire en raison des effets de contagion. Ces dérives actuelles trouvent en partie leur source dans des logiques spéculatives particulières, celles notamment de certains intervenants qui cherchent à manipuler les marchés à terme.

Finalement, lorsque l’on cherche à cerner les forces dirigeantes qui sont à l’œuvre dans le nouveau régime d’accumulation, une réalité émerge fortement, depuis une dizaine d’années : le pouvoir devenu considérable des plus grandes banques internationales. Celles-ci sont le plus souvent à l’origine de l’innovation financière liée aux produits dérivés ; elles dominent le marché des swaps au point d’exercer un pouvoir de marché sur la formation de leur taux, taux qui sont aujourd’hui les taux référents de l’ensemble des marchés monétaires et financiers ; enfin, depuis peu, elles ont pris le contrôle des sociétés qui gèrent les fonds d’investissement pour le compte de tiers, qui sont à l’origine de la valeur actionnariale et, par conséquent, de la financiarisation de la gestion des firmes.

Depuis les années 1990, quelques dizaines de banques ont ainsi conquis le vrai pouvoir de régulation monétaire : ce sont elles désormais qui dictent effectivement l’évolution des taux d’intérêt, et non plus les banques centrales. En raison de leur petit nombre d’une part et de leurs profits financiers considérables d’autre part, nous défendons l’idée que ces banques forment aujourd’hui un oligopole particulièrement puissant à l’échelle internationale. Reléguant les banques centrales au second plan, c’est-à-dire les cantonnant à de simples pourvoyeuses de la liquidité dont il a besoin, cet oligopole est le véritable régulateur des marchés monétaires et financiers mondiaux. C’est lui qui est le maître d’ouvrage du mur de l’argent qui se bâtit sous nos yeux.

Cet oligopole n’est évidemment soumis ni à un contrôle politique, ni a fortiori à un contrôle démocratique. Tout juste est-il contraint par des règlements prudentiels de portée limitée et élaborés pragmatiquement a posteriori, ou encore par des normes issues d’une autorégulation professionnelle, une fois que les difficultés ou les catastrophes ont été malheureusement constatées.

La question qui se trouve désormais posée est donc bien celle d’une régulation des activités de cette finance globalisée et de ce noyau oligopolistique. Comment produire les contre-pouvoirs efficaces face aux tentations hégémoniques de cette sphère et de ses principaux acteurs, dont le résultat est une croissance des inégalités et une instabilité chronique ?

Nous touchons avec cette dernière question, le contenu potentiellement explosif des rapports entre cette finance globalisée et la démocratie. On peut en faire le constat : d’un côté, des sociétés démocratiques en Europe, mais aussi un peu partout dans le monde, voient se succéder des majorités alternantes, avec souvent des basculements forts, qui traduisent des mécontentements profonds (comme en atteste également l’installation durable d’extrémismes nationalistes) ; on y dénonce l’absence de projets, ou lorsqu’il y en a un, celui-ci se borne à demander « l’accompagnement », jugé inévitable, de la mondialisation économique ; il faut par conséquent « s’adapter » à cette nouvelle donne par des « réformes indispensables ».

De l’autre côté, une finance libéralisée et son noyau oligopolistique de plus en plus puissants, avec ses propres codes et ses propres valeurs, ne rencontrent guère d’obstacles sur leur chemin. Certes, des bulles et des scandales émaillent son expansion ; mais, l’adaptation des règles prudentielles, l’adoption de chartes de bonne gouvernance, ou le renforcement des autorités de régulation ont pour objectif de pallier les erreurs de parcours qui sont jugées seulement regrettables. La question redoutable posée par cette expansion est donc en définitive de savoir si la finance globale n’exerce pas des effets dissolvants sur nos sociétés démocratiques.

Notre conclusion cherche alors à introduire une piste de réflexion pour une autre régulation de la finance globale. La réponse ne peut pas être seulement partielle comme, par exemple, la taxe Tobin. Celle-ci ne s’intéresse qu’aux flux de capitaux à court terme qui transitent sur le marché des changes, soit un compartiment très particulier de l’un des marchés de cette finance globale. À question globale, ne faut-il pas une réponse globale ? D’où notre proposition principale concernant une nouvelle architecture de régulation : la création, à son sommet, d’un régulateur global, qui sera en capacité de faire face à cette finance internationale, non pas à travers un seul de ses compartiments, aussi important fût-il, mais conjointement à l’ensemble de ses activités. Les dernières pages de l’ouvrage s’achèvent par un exposé précis de ce nouveau système, mais aussi par celui des résistances, plus que probables, qu’il rencontrera.

François Morin [1] : Le nouveau mur de l’argent : essai sur la finance globalisée, Editions du Seuil 2006.

Notes
[1] François Morin, professeur de sciences économiques à l’université de Toulouse I, a été membre du Conseil Général de la Banque de France et du Conseil d’Analyse Économique. Il a notamment publié La Structure financière du capitalisme français (Calmann-Lévy, 1974), Le Capitalisme en France (Cerf, 1976), Le Cœur financier européen (en coll., Economica, 1993), Le Capital des grandes entreprises et la restructuration du capitalisme en France (Éditions de Bercy, 1998).

Ecrit par libertad, à 15:45 dans la rubrique "Economie".

Commentaires :

  libertad
13-10-08
à 23:25

A relire pour comprendre la crise financière actuelle !
Répondre à ce commentaire

  satya
13-10-08
à 23:40

Re:

en fait, les plus gros ont avalé des plus petits et se sont considérablement enrichis tout en finissant de mettre leur pouvoir sur les états qui deviennent leur pions en les poussant à mettre en jeu la totalité de l'argent des populations. les économistes utilisent des termes de casino: ils ont mis le tapis, c'est à dire la totalité des ressources des peuples.
et une des prochaines "crise" que je dénommerai plutôt "étape" va être la réelle solvabilité des états qui est déjà remise en cause.

de plus, pour payer tout cela, les crises sociales vont cruellement s'amplifier. il y a bien un prix à payer et nous savons tous fort bien qui va le payer encore et toujours. "au pire" disent-ils il faudra lever des impôts, les boucliers fiscaux pour les plus riches ont bien été installés juste à temps, ben voyons !!

comme quoi le crime paie et les gouvernants viennent encore une fois nous le prouver !!!


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  PatrickMignard
14-10-08
à 14:18

Re:

Ouvrage remarquable !
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