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L'En Dehors


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Le monde est une marchandise 2
Prenons le premier travailleur venu, par exemple un employé d’une usine de construction d’ ordinateurs portables. Le capitaliste lui fournit les machines d’assemblage et les composants électroniques. L’employé se met au travail et les composants électroniques deviennent des ordinateurs portables. Le capitaliste s’approprie les ordinateurs et les vend 500 euros par exemple. Le salaire de l’employé est-il alors une part du lot de portables, des 500 euros, du produit de son travail ?
Pas du tout. L’employé a reçu son salaire. Le capitaliste ne paie donc pas ce salaire avec l’argent qu’il va retirer du lot d’ ordinateurs portables, mais avec de l’argent accumulé d’avance. De même que les machines d’assemblage et les composants électroniques ne sont pas le produit de l’employé auxquels ils ont été fournis par l’employeur, les marchandises qu’il reçoit en échange de sa marchandise, la force de travail, ne le sont pas davantage. Il peut arriver que le capitaliste ne trouve pas d’acheteur du tout pour ses ordinateurs portables. Il peut arriver qu’il ne retire pas même le salaire de sa vente. Il peut arriver qu’il les vende de façon très avantageuse par rapport au salaire de l’employé. Tout cela ne regarde en rien l’employé. Le capitaliste achète avec une partie de sa fortune actuelle, de son capital, la force de travail de l’employé tout comme il a acquis, avec une autre partie de sa fortune, la matière première- les composants électroniques- et l’instrument de travail- les machines d’assemblage. Après avoir fait ces achats, et parmi ces achats il y a aussi la force de travail nécessaire à la production des ordinateurs, il ne produit plus qu’avec des matières premières et des instruments de travail qui lui appartiennent à lui seul. Car de ces derniers fait aussi partie notre brave employé qui, pas plus que les machines d’assemblage, n’a sa part du produit ou du prix de celui-ci.
Le salaire n’est donc pas une part du travailleur à la marchandise qu’il produit. Le salaire est une partie de marchandises déjà existantes avec laquelle le capitaliste s’approprie par achat une quantité déterminée de force de travail productive.
La force de travail est donc une marchandise que son possesseur, le salarié, vend au capital. Pourquoi la vend-il ? Pour vivre.
Mais la manifestation de la force de travail, le travail, est l’activité vitale propre a l’employé, sa façon à lui de manifester sa vie. Et c’est cette activité vitale qu’il vend à un tiers pour s’assurer les moyens de subsistance nécessaires. Son activité vitale n’est donc pour lui qu’un moyen d’exister. Il travaille pour vivre. Pour lui-même, le travail n’est pas une partie de sa vie, il est plutôt un sacrifice de sa vie. C’est une marchandise qu’il a adjugée à un tiers. C’est pourquoi le produit de son activité n’est pas non plus le but de son activité. Ce qu’il produit pour lui-même, ce n’est pas l’ordinateur qu’il assemble, les pommes bio qu’il cultive, ce n’est pas le château qu’il restaure. Ce qu’il produit pour lui-même, c’est le salaire, et le portable, la pomme bio, le château se réduisent pour lui à une quantité déterminée de moyens de subsistance, peut-être à une facture d’électricité, les caddys de courses du mois et à un logement en HLM.
Et l’employé qui, 7 heures durant, assemble, soude, désherbe, taille la pierre, répond au téléphone, vend des hamburgers, etc. ; regarde-t-il ces 7 heures d’assemblage, de soudage, de désherbage, de travail de maçonnerie ou de service comme une manifestation de sa vie, comme sa vie ? Bien au contraire. La vie commence pour lui où cesse cette activité, dans son temps libre s’il n’est pas conditionné…Les 7 heures de travail n’ont nullement pour lui le sens d’assembler, de souder, de cuisiner, etc . ; mais celui de gagner ce qui lui permet de payer son temps libre, ses loisirs.
La force de travail ne fut pas toujours une marchandise. Le travail ne fut pas toujours un travail salarié, c’est-à-dire du travail libre. L’esclave ne vendait pas sa force de travail au possesseur d’esclaves, pas plus que le berger allemand ne vend le produit de son travail au maître-chien. L’esclave est vendu , y compris sa force de travail, une fois pour toutes à son propriétaire. Il est une marchandise qui peut passer de la main d’un propriétaire dans celle d’un autre. Il est lui-même une marchandise, mais sa force de travail n’est pas sa marchandise. Le serf ne vend qu’une partie de sa force de travail. Ce n’est pas lui qui reçoit un salaire du propriétaire de la terre ; c’est plutôt le propriétaire de la terre à qui il paie un tribut.
Le serf appartient à la terre et constitue un rapport pour le maître de la terre. Le travailleur libre, par contre, se vend lui-même, et cela morceau par morceau. Il vend aux enchères 2, 4, 7,10 heures de sa vie, jour après jour, aux plus offrants, aux possesseurs des matières premières, des instruments de travail et des moyens de subsistance, c’est-à-dire aux capitalistes. Le travailleur n’appartient ni à un propriétaire ni à la terre, mais 2, 4, 7, 10 heures de sa vie quotidienne appartiennent à celui qui les achète. Le travailleur quitte le capitaliste auquel il se loue, aussi souvent qu’il veut, et le capitaliste le licencie aussi souvent qu’il le croit bon, dès qu’il n’en tire aucun profit ou qu’il n’y trouve plus le profit escompté. Mais le travailleur dont la seule ressource est la vente de sa force de travail ne peut quitter la classe toute entière des acheteurs, c’est-à-dire la classe capitaliste sans renoncer à l’existence. Il n’appartient pas à tel ou tel employeur, mais à la classe capitaliste, et c’est à lui à y trouver son homme, c’est-à-dire à trouver un acheteur dans cette classe bourgeoise.

MIND 2e volet à suivre...
Ecrit par , à 13:44 dans la rubrique "Pour comprendre".



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