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L'En Dehors


Quotidien anarchiste individualiste





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Le Manifeste de Josiah WARREN
Notre ami Joseph Ishill, l'animateur de « the Oriole Press », aux U.S.A. vient de rééditer un document devenu très rare, ne figurant même plus dans les grandes bibliothèques publiques. Il s'agit du fameux MANIFESTO de Josiah Warren, l'initiateur de Benjamin R. Tucker. Josiah Warren fut, on le sait, le premier anarchiste américain, un individualiste sans compromissions. Bien entendu, il a exposé ses idées plus complètement que dans ce Manifeste soit dans « The Peaceful Revolutionist » (Le Révolutionnaire Pacifiste) 1833 - soit dans des ouvrages comme « True Civilization » (La Véritable Civilisation), « Equitable Commerce », etc., soit dans son magasin de Cincinnati, où le « coût » fixait la « limite du prix », l'usure et le profit étaient éliminés. Il est évident que ce qui suit ne prétendait à aucune valeur littéraire. Ce n'était pas le but visé. Et il convient de replacer ce Manifeste à l'époque où il a été écrit - il y a plus d'un siècle.

Le bruit s'est répandu que je me consacre à la création de sociétés. C'est une très grande erreur que j'ai à coeur de corriger.

Ceux qui, en m'écoutant ou en me lisant, connaissent mes vues à ce sujet, savent que l'un des principaux points sur lesquels je n'ai cessé d'insister est que la Création de sociétés ou de toute autre combinaison artificielle est l'erreur primordiale, la plus conséquente et la plus fatale qu'aient jamais pu commettre législateurs et réformateurs. Toutes ces combinaisons, en effet, exigent l'abandon de la souveraineté naturelle de l'individu sur sa personne, son temps, sa propriété et ses responsabilités au gouvernement de la combinaison. Elles tendent à l'assujettissement de l'individu, - à le réduire à une simple pièce de machine, à un rouage entraînant les autre à subir les responsabilités de ses actions, alors que de son côté il est amené à assumer les responsabilités des actes et des sentiments de ses associés. Il vit et il agit sans pouvoir contrôler efficacement ses propres affaires, sans la moindre certitude concernant les résultats de son activité et presque sans pouvoir utiliser son intelligence pour son propre compte. De sorte que n'est jamais atteint le but, le but essentiel, en vue duquel la société s'est prétendument formée.

Une partie au moins de ceux qui ont assisté à nos réunions publiques savent que le COMMERCE EQUITABLE est fondé sur un principe exactement opposé à la combinaison (l'association) : ce principe peut être désigné comme étant celui de l'individualité. Il laisse chacun en possession absolue de sa propre et naturelle souveraineté sur sa personne, son temps, sa propriété et ses responsabilités. On n'exige, on n'attend de quiconque qu'il renonce à une partie QUELCONQUE de sa liberté naturelle en se joignant à une société quelconque - ni qu'il devienne en aucun cas responsable des actes ou des sentiments de personne autre due lui-même. Ce principe, exclut tout arrangement qui permettrait à l'ensemble d'exercer un gouvernement quelconque sur la personne, le temps, la propriété ou la responsabilité d'un individu particulier.

Les combinaisons (1) et toutes les institutions basées sur elles sont des inventions humaines. Elles se ressentent plus ou moins de l'imprévoyance et des autres imperfections de l'homme - tandis que -le Commerce Equitable consiste en le simple développement de principes lesquels, s'ils sont nouveaux pour le public, sont aussi vieux. que la création et dureront autant qu'elle.

Cette explication est très naturelle. L'insuccès de toutes les tentatives de réforme radicale basées sur la « combinaison » a détruit la confiance du public qui, ignorant qu'il est de tout autres principes, conclut que ce qui est présenté ici est une proposition du même genre, vouée comme les autres à l'échec. Je respecte cette opinion et je crois, comme le public, que toute tentative d'améliorer la condition sociale, par la formation de sociétés ou combinaisons artificielles, est destinée à produire un résultat opposé à celui pour lequel elles étaient créées et à désappointer tous ceux qui y ont participé (peu importe, d'ailleurs, l'ingéniosité mise en oeuvre, la pureté d'intention ou l'honnêteté de la gestion).

L'insuccès de l'expérience du système communautaire des « New Harmony » (de 1825 à 1827) me l'a suffisamment démontré et m'a amené à la conviction que le système de la combinaison n'est pas capable de réaliser les buts grandioses que s'assigne la Société. Après de sérieuses et profondes recherches, je suis convaincu que le principe de l'individualité et le système de la SÉPARATION (ou dissociation) possèdent ou sont susceptibles de posséder toute la puissance rédemptrice et régénératrice nécessaire à la complète solution du grand problème social. A vrai dire, ce principe et ce système semblaient être gros de tant de promesses et de tant d'espoirs que celui qui en fit la découverte (si je puis m'exprimer ainsi) n'osait pas - de crainte de passer pour insensé faire part de ce qu'il pensait à ses intimes.

Il ne lui restait comme ressource qu'à en appeler à la PRATIQUE avant de présenter principe et système au public (2).

Une série toute nouvelle de recherches et d'essais commencèrent alors, dont la première fut le Time Store - « le magasin de l'heure » - ouvert à Cincinnati en mai 1927. L'essai dura trois ans, à l'expiration desquels il y fut mis un terme afin d'introduire les principes sur lesquels il était basé dans toutes les branches de l'activité humaine; l'intervalle écoulé entre cette époque et l'actuelle a été employé (dans la mesure où mes circonstances personnelles l'ont permis) soit à des développement pratiques desdits principes, soit à leur préparation.

Ces principes ont été appliqués au traitement et à l'éducation des enfants et révèlent l'erreur fondamentale commise en ce domaine, ainsi que la cause de l'insuccès que rencontre la solution de cet important problème.

Ces principes ont été de même appliqués à l'achat et à la vente de terrains et de presque toutes espèces de propriétés, à l'interchange de presque toutes les sortes de production, y compris celle des négociants, avocats, médecins, éducateurs, propriétaires de pensions de famille, etc. Dans toutes les transactions la souveraineté de l'individu fut strictement préservée et invariablement respectée. Nulle législation n'exerça de contrôle sur l'individu en aucune circonstance, et telle fut la complète individualité d'action que des centaines de personnes utilisèrent « Time Store » sans guère comprendre ses principes ou ses buts ; elles s'aperçurent simplement qu'il était dans leur intérêt d'agir ainsi, démontrant par là que les affaires de la Communauté humaine peuvent être traitées et réglées selon les principes ci-dessus énoncés, grâce à une méthode naturelle et irrésistible - sans recours à des combinaisons, à l'organisation ; sans lois, sans gouvernement, sans l'abandon d'une parcelle quelconque de la liberté naturelle de l'individu. Cela démontrait aussi qu'aucune réforme n'exige, pour être réalisée, d'attendre que le monde soit instruit, mais que la mise en pratique constitue en soi un procédé de rééducation que nul ne peut estimer sans en avoir l'expérience, et que les gens instruits se révèlent très arriérés quand il s'agit de l'acquérir.

La complète individualité d'action s'est avérée telle au cours des tentatives en question que - alors que des centaines de personnes y ont participé - celles-ci ne se font jamais connaître comme constituant une secte, un parti, une société. Le public, en général, les ignore. Il n'en a entend parler que dans la mesure où un individu choisit de s'identifier avec les principes dont s'agit.

L'influence de l'opinion publique est le vrai gouvernement du monde. C'est l'imprimerie qui crée ce pouvoir. C'est pourquoi, parmi les préparations destinées à faciliter la connaissance générale des questions traitées ici, figure une simplification de l'imprimerie et des machines à imprimer afin d'introduire la puissance qu'elles engendrent dans la demeure familiale, et la mettre à la portée de quiconque, homme ou femme, veut profiter de l'occasion ainsi offerte (3). C'est ainsi que notre sujet -- comme tout autre sujet se rapportant à une réforme véritable - pourrait être porté à la connaissance du public, indépendamment de la presse ordinaire dont les maîtres sont généralement trop absorbés ou trop intéressés en les choses telles qu'elles sont, trop soumis à l'opinion publique, ou trop superficiels dans leurs façons de penser, pour donner, à leurs débuts, à des sujets tels que celui dont il est question ici l'attention qu'ils méritent.

Expériences et préparations sont maintenant achevées et leurs résultats ont été consignés ou se trouvent en possession de témoins actuellement vivants; elles sont en passe de devenir la base d'opérations pratiques dans le voisinage. Ceux qui désirent se familiariser avec le sujet qui nous occupe peuvent suivre nos réunions publiques ou lire « The Equitable Commerce Gazette » qui va paraître. Voici d'ailleurs, les principales caractéristiques du Commerce Équitable.

I1 vise à établir un principe juste et permanent de négoce qui mette fin à toutes les fluctuations sérieuses en matière de prix et par conséquent à l'insécurité et aux ruines qu'engendrent ces fluctuations - il tend aussi à renflouer ceux qui sont déjà ruinés.

II tend à mettre fin à tous les genres de spéculation.

Il implique un moyen de circulation sain et rationnel, représentation réelle et définie de la richesse. Il est basé exclusivement sur le travail comme le seul capital légitime. Ce moyen circulatoire vise naturellement à amenuiser graduellement la valeur et l'emploi de l'argent, finalement à le rendre inutile - conséquemment à balayer la masse écrasante de fraude, d'iniquité, de cruauté, de corruption et de contrainte qui s'étayent sur la monnaie.

L'agent de circulation (le moyen d'échange circulatoire) étant émis seulement par ceux qui travaillent (produisent), ceux-ci réuniraient en leurs mains toute la puissance et toute la richesse existantes. Quant à ceux qui ne travaillent (produisent) pas, quelle que soit leur fortune actuelle, ils deviendraient immédiatement pauvres et impuissants.

Il comporte la possibilité d'emploi pour tous ceux qui en ont besoin, par un simple arrangement qui répond à une tendance naturelle à maintenir l'offre raisonnablement proportionnelle à la demande.

Il résout le grand et difficile problème de la machine par rapport au travail. Selon les principes ci-dessus exposés, dans la même proportion que le machinisme réduit les ouvriers au chômage, il travaille pour eux ; et la voie est ouverte à un nouvel emploi, car le Commerce Equitable abolit le profit sur le « mystère » - ne tient aucun compte de l'apprentissage tel qu'il est ordinairement compris et place à la portée de tous ceux qui le désirent tous les genres de connaissance.

La nécessité où se trouve chacun de payer ce qu'il consomme par sa production personnelle, s'avère le seul légitime et effectif frein au luxe excessif, cause si fréquente de ruine des individus, des états et des empires - qui n'a amené sur nous qu'une banqueroute universelle.

Le Commerce Equitable n'offre pas de places ou de situations aux ambitieux ou à ceux qui ne voient de possibilités de s'élever qu'aux dépens de la personne ou de la propriété d'autrui. Le Commerce. Equitable ne saurait tenter ces gens-là et ils ne figureront pas parmi les premiers à adopter ses principes. Le Commerce Equitable s'adresse d'abord à ceux qui sont les plus opprimés, aux humbles, aux foulés-aux-pieds - ce sont ceux-là qui l'adopteront en premier lieu, de même que ceux qui n'éprouvent aucun désir de vivre aux dépens d'autrui et ceux encore - parmi les riches et les pauvres - que leurs qualités supérieures - morales on Intellectuelles. - rendront aptes à apprécier quelques-uns des bienfaits inestimables qui résulteraient - d'un tel état d'existence humaine.

Ce qui précède est l'exposition des principales caractéristiques du Commerce Équitable. Il ne faut pas être grand clerc pour s'apercevoir que ce sont précisément les caractéristiques que devrait posséder toute grande révolution, toute révolution rédemptrice. Mais elles sont si extraordinaires, si étrangères au sens commun et au courant que suivent les choses que certains les dénonceront comme visionnaires et impraticables. Je m'y attends et suis aussi prêt : à prouver - que les applications les plus importantes de ces principes ONT ETE réalisées - qu'elles ont démontré leur solidité au delà de toute contestation possible ; - et à établir que, en se fondant sur les principes objets de ces pages, il est parfaitement possible pour presqu'un chacun (homme ou femme) de bénéficier des avantages qui y sont exposés ; et de s'émanciper graduellement de l'impitoyable iniquité et des souffrances de la société (dite) civilisée. Et cela sans se joindre à aucune ligue, société ou abandonner en aucune façon une partie quelconque de sa naturelle et inaliénable souveraineté sur sa personne, son temps et sa propriété; sans devenir non plus responsable en aucune manière des actes et des sentiments de ceux dont les tractations se baseraient sur ces principes.

New Harmony, 27 nov. 1841.


Josiah WARREN.


Un sentiment très répandu à cette époque-ci est qu'il y a quelque chose qui cloche quelque part, un vice profond et radical, que les législateurs se montrent incapables de découvrir ou guérir.

Avec toute considération pour le jugement d'autrui, je me suis efforcé d'indiquer ce qui me semble constituer ce vice, ainsi que le remède naturel, légitime et efficace. Je continuerai à le faire là, où et quand le sujet sera traité avec l'attention et le respect que semble mériter son importance de tout premier ordre. On espère que plusieurs personnes, capables de raisonner clairement, entreprendront de s'enquérir du Commerce Equitable et d'y objecter (s'ils en aperçoivent un motif), découvrant, ainsi faisant, et démasquant l'indécrottable sottise, la faiblesse de toute objection qui pourrait être opposée. Pour être prise en considération l'objection doit être limitée au dit sujet à ses tendances naturelles, à l'exception de tous autres et en dehors de toutes considérations personnelles.

[Je décline toutes controverses personnelles, verbeuses et confuses. Le sujet exposé l'est pour être étudié calmement et approfondi honnêtement. Après l'avoir loyalement présenté au public (comme j'entends le faire), qu'il soit apprécié par chacun selon son degré personnel de compréhension, qu'il ne comporte aucune violence à l'égard de son individualité, soit en essayant de la restreindre soit en la poussant à se dépasser. -_ J. W.]

Texte français d'E. Armand.


(1)Dans le sens de « sociétés », « associations », etc. Egalement « Commerce » peut s'entendre dans le sens de « relations ». -

RED.

(2) Etant admis que le grand principe de l'élévation humaine était la souveraineté de chaque individu sur sa personne, son temps, sa propriété et ses responsabilités, il s'avéra Impraticable là où ces divers éléments se rencontraient reliés, réunis les uns aux autres. Leur séparation (dissociation) ou individualisation parut être le système désiré. Le respect habituel de cette « souveraineté individuelle » suffirait à constituer le Commerce Equitable moral. Une question se posa alors : comment cette complète souveraineté de l'individu sur son temps et sa propriété pouvait-elle être réservée au cours de l'échange impliqué par le commerce pécunier de la Société en général ? Ce point fondamental fut réglé par l'idée du « temps pour temps, heure pour heure, travail pour travail » - qui séparait (dissociait) du travail toute richesse naturelle, chacun évaluant son produit par ce qu'il lui coûte mais sans outrepasser les bornes naturelles de son individualité en fixant, dans ses rapports avec le destinataire, un prix à la valeur de son produit ou de son travail. C'est en SEPARANT (dissociant) le coûrt de la valeur que s'édifie le Commerce Équitable pécuniaire. Ce nouveau Commerce exigeait un agent de circulation distinct de l'argent sous tous ses aspects, uniquement représentatif du travail; ainsi le travailleur s'affranchit-il de l'argent et de la tyrannie. (J.W.).

L'Unique #71 1er février - fin mars 1953

Ecrit par libertad, à 23:41 dans la rubrique "L'En Dehors d'Armand".



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