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Lu sur : Regard Conscient « Le nouveau-né est un être sensible et conscient. Lorsque sa mère ne le reconnaît pas pleinement comme tel et le fait passer dans le canal de ses souffrances, de ses besoins de reconnaissance et de compensation, elle le détourne de sa pleine réalisation.
L’enfant devient un objet au service de la névrose. Les interventions du père réduisent drastiquement ses facultés sensibles et sanctionnent, par un interdit, l’accès au vécu naturellement harmonieux qui aurait dû être le sien.
Dès lors, l’enfant épuisé est soumis à l’obligation de servir la souffrance de ses parents et des éducateurs auxquels ceux-ci l’abandonnent. Il devra absorber les explications mensongères traditionnelles, les contrevérités de circonstance, les règles de comportement rigides, absurdes, les croyances religieuses et scientifiques fondées sur la terreur, les humiliations, les rebuffades agressives et le déni constant de ses efforts pour retrouver l’expression de sa sensibilité. Dans un tel contexte, sans un espace d’écoute réelle, l’enfant, puis l’adolescent, n’aura d’autre possibilité que de s’identifier à ce qu’il a entendu affirmer de lui toute son enfance. Il n’aura plus aucune confiance en ce qu’il sent et finira par prendre à son compte les concepts, idées et théories rabâchées en lieu et place de nommer son senti.
La propagande du libre choix
Une affirmation perverse et répandue agresse la conscience spontanée de l’enfant : celle du droit de choisir. Selon ce prétendu droit, la mère aurait le choix d’accoucher naturellement ou assistée médicalement, sans drogue ou avec, d’allaiter ou non, comme s’il n’y avait pas de conséquences pour le bébé. L’école offrirait la liberté de découvrir le monde et celle de choisir une formation, alors que le but normatif de l’instruction exclut toute liberté et que l’histoire - non résolue - de chacun détermine son avenir. Les religions imposent un libre-arbitre dont nous serions seuls responsables, nous réservant le soin de nous juger et de nous condamner en fonction d’un bien ou d’un mal qu’elles prétendent discerner.
Les industriels répandent des marchandises d’usage, de formes et de couleurs diverses. Ils en vantent les avantages comparés et invitent le consommateur à exercer son choix. Celui-ci portera donc la culpabilité des conséquences destructrices de la production, puisqu’il aurait pu ne pas acheter. Mais dans ce cas, il serait jugé responsable du chômage. Les sciences nous proposent de rester ignorants ou de devenir savants, de vieillir ou de rester jeunes, d’être malades ou de prendre des remèdes. À nous de choisir et d’en supporter les conséquences destructrices. La démocratie permet aux citoyens d’élire leurs représentants. La population a donc le choix entre plusieurs programmes d’aménagement d’un même rejouement patriarcal, mais n’a aucun espace pour remettre réellement en cause la hiérarchie qui étaye cette mise en scène.
Lorsqu’on est encore apte à sentir ce qui est naturellement juste, la vie ne se définit pas en termes de choix. Pour reconnaître la nature de son rapport à l’autre, il faut avoir été réellement accueilli et respecté. Ces prétendus choix sont des manipulations collectives destinées à canaliser les êtres et à leur interdire tout questionnement sur les obligations imposées tout au long de leur vie. Les enfants doivent s’asseoir et apprendre au lieu de jouir de leur vitalité. Les jeunes gens doivent croire au lieu de se vivre conscients et d’agir en conséquence. Les adultes persistent à refouler en consommant des marchandises, des produits, des idées et des espoirs au lieu de sentir la nécessité vitale de redevenir sensibles, conscients et responsables.
Une illusion de liberté
Pour le maintien de la structure de pouvoir, il est impératif que tous les êtres humains croient sans frémir en un droit légitime de choisir. C’est en effet sur cette base erronée que réside l’innocence revendiquée des adultes et la culpabilité qu’ils font porter aux enfants. Le père dit au bébé: «Tu te tais ou tu vas voir ce qui va t’arriver, ne m’oblige pas à te faire taire ». Pris dans des sentiments émergeants de son passé, terrorisé et impuissant, le père imagine deux alternatives pour son enfant : se taire ou continuer à crier, mais l’enfant souffre, et il est juste qu’il pleure, crie et appelle ainsi sa mère qui devrait être auprès de lui. En fait, le père impose sa loi : si l’enfant crie, il frappe, et l’enfant terrorisé reste seul avec la souffrance du manque de mère à laquelle vient s’ajouter la folie du père.
Si l’enfant, activé dans la terreur, refoule ses cris, il se résigne et commence à gérer le manque de parents disponibles. Il n’y a là que la volonté brutale de ne prendre aucun compte de ce qui est juste et bon, et de faire régner le pouvoir paternel. Le père considère l’enfant comme devant être réduit et soumis à ses exigences de refoulement. La conscience de ce qui se passe et la puissante vitalité de l’enfant sont considérées comme des résistances à la légitimité masculine d’exercer le pouvoir. Les violences physiques et psychiques ne sont dès lors que des moyens dont ceux qui les subissent doivent porter les douloureuses conséquences et l’entière responsabilité. Celui qui les utilise se veut innocent de ses actes puisque qu’il avertit et donne le choix, alors qu’en vérité, il menace, terrifie et nie le vécu de l’enfant ainsi que sa responsabilité d’adulte dans les rejouements collectifs à venir.
Le virtuel et le vivant
Pour refouler et compenser, l’adulte pose sur des notions et des conceptions justifiant son pouvoir des qualificatifs attribuables à sa véritable nature. Ainsi, l’homme considère-t-il la famille, la société, l’entreprise ou la démocratie comme ayant une vie autonome. Par exemple, il exigera et trouvera normal que chacun, a fortiori l’enfant, soit mis au service de la démocratie, souffre et meure pour elle, comme si elle était un être vivant, comme si elle existait réellement. Il pensera que la soumission - éventuellement le sacrifice - de vies humaines à cette entité est la preuve de son existence. Une conception qui apparaît très proche des divinités antiques, alors qu’aucunes d’elles n’ont d’existence réelle. Seuls les êtres humains (le vivant) sont réels. Nous appelons démocratie ou entreprise des formes particulières d’interactions. Cette dépossession consistant à dénier la vitalité propre au vivant pour en affubler des représentations virtuelles déstabilise la conscience des êtres humains et leur capacité à retrouver le sens de la vie. Octroyer une vie à des concepts politiques, sociaux, familiaux ou autres est une façon perverse d’asservir les hommes au système de refoulement et de compensation des classes dominantes. La démocratie est un interdit collectif d’accéder à une réalité consciente qui, elle, nous invite invariablement à vivre dans la reconnaissance et l’harmonie.
Bernard Giossi
Commentaires :
CarmenKane |
Monsieur giossi oublie que: "la liberté des uns s'arrête où commence celle des autres" Et refuser la vie de groupe, c'est refuser la vie telle qu'elle s'est dessinée à l'humanité...
La Démocratie est le moins pire des moyens pour tenter d'équilibrer les "libertés" des individualités... Sinon c'est la guerre... C'est vrai qu'avec toutes les baffes qu'il a reçues de son père, il a du en acquérir le goût! Mais tout le monde, enfant, n'a pas eu ce vécu là et tout le monde ne se montre aussi obtus d'esprit que lui... Trop de gens de son espèce chient sur la démocratie, c'est facile... Ca coule de "source" et ça leur sait comment faire le beau... Et parader dans les sites blogés... Répondre à ce commentaire
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à 10:42