L'En Dehors

Les facteurs idéologiques ne suffisent pas à expliquer les attentats anarchistes de Lyon, dans les années 1882-4. Il faut plutôt y voir une logique identitaire.

En premier lieu, l’anarchisme et la société se situent comme deux réalités totalement étrangères l’une à l’autre et autonomes. Le premier est totalement étranger au cadre structuré du politique, c’est-à-dire des codes et des thèmes sur lesquels fonctionnent les principaux partis. Réunie sur les idées de patriotisme notamment, l’identification française fonctionne sur des structures morales et proto-fascistes. L’anarchisme ne peut, dans ses conditions, être reconnu come un discours politique : il est traité sous l’angle moral, considéré comme criminogène et même inhumain.

En second lieu, l’anarchisme lyonnais fournit à ses membres un groupe de valeurs et des mécanismes de légitimation des actes, ainsi que des idées, qui diffèrent des standards établis. Son discours oppose le Peuple travailleur et le Bourgeois paresseux et cynique, la loi et le Droit, et l’appel identitaire consiste à exterminer la bourgeoisie en supprimant la propriété privée. Cette action est violente, sur le plan verbal et sur celui des faits, parce qu’elle n’envisage pas un Futur mais le présent immédiat.

C’est avec l’apparition de l’anarchisme éducatif que s’introduit l’avenir, l’utopie, et aussi une certaine intégration dans la société.

Ainsi, l’auteur s’efforce d’aller au-delà des positions d’Uri Eisenzweig en ne se contentant pas de situer l’incompréhension sur le seul terrain de la communication et le refus de la représentation, mais au-delà du discours, dans l’identité anarchiste.

Ronald Creagh

Nicolas Lecompte, Mémoire de fin d’études "Le Complexe anarchiste Lyon 1880 – 1894". Institut d’Etudes Politiques de Lyon. Directeur : Pr. Bruno Benoît. Texte du mémoire (sans les Annexes).

http://doc-iep.univ-lyon2.fr/Ressources/Documents/Etudiants/Memoires/MFE2001/lecompten/these_front.html.