Quotidien anarchiste individualiste
Index des rubriques
Les collaborateurs et collaboratrices de l'En Dehors
Liens
A noter
Recherche
Session
Le cancer de l’industrie. Syndicalisme et chimiothérapie
Nous devons une autocritique et des excuses à nos
lecteurs : nous avons commis un crime de lèse-prolétariat. Dans deux
libelles récents sur la défense du cancer français [1], nous nous sommes
permis, avec notre arrogance typique d’intellectuels et de déserteurs
coupés des masses, d’attaquer l’emploi, la croissance et le PVC, un
magnifique produit universellement répandu dans les objets de notre vie
quotidienne ; et si précieux pour les salariés, les consommateurs, leurs
familles – et bien sûr l’industrie du cancer.
Heureusement, la classe ouvrière, comme toutes les catégories opprimées,
a des ventriloques, des souteneurs qui savent la faire parler et parler
en son nom : hauts-parleurs du Front de Gauche, hauts-parleurs
médiatiques, stratèges du « Retour à l’usine » et de « L’industrie, socle de la puissance » (Le Monde diplomatique,
mars 2012). Leur discours ? Les ouvriers n’ont pas le choix, ce sont
des victimes, en particulier du chômage de masse et de la précarité, des
irresponsables, il est indécent de leur parler des nuisances de leur
activité salariée sans leur proposer d’alternative. Les souteneurs font
leur pelote sur le dos de leurs protégés et de leur cause qu’ils
prostituent, c’est la règle.
Parce que nous voulons conserver une autre idée de la classe ouvrière,
parce que nous croyons ses membres doués de libre-arbitre, de dignité,
de volonté (qu’ils savent manifester pour défendre les pires secteurs
d’activité), de capacité de révolte et d’aspiration à l’autonomie, nous
leur faisons crédit d’une responsabilité qu’ils doivent assumer.
Beaucoup ont déserté la boîte, plutôt que de collaborer.
Nous nous reconnaissons dans ceux-là, dans cette désertion à la fois
morale et politique. Il ne manque que le nombre pour que cela crève les
yeux des plus aveugles souteneurs.
Dans ces pages, nous rendons au PVC et à ses apologistes tout ce qui
leur appartient. À vrai dire, nous n’avons pas cessé de le faire depuis
2002 – date du transfert du phosgène de Toulouse à Grenoble, après
l’explosion d’AZF [2]. Dans un fielleux pamphlet de 2004, consacré à la
fermeture de l’usine Atofina de Brignoud (Du crabe dans l’Isère), nous disions déjà : « quoi qu’on fasse avec du PVC, ça ne vaut pas le foie d’un homme » [3].
On voit que nous sommes endurcis dans la calomnie, jusqu’à nos plus
récentes dénonciations des nanotubes de carbone – produits par Arkema –
qui préparent la prochaine vague de cancers. Logique, puisque le cancer
et les maladies neurodégénératives sont le produit de la société
industrielle que nous combattons, entre autres pour ce motif. (...)
Pour lire la suite ici