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Pourtant,
malgré tout cela, ce sera à n’en pas douter, un « coup d’épée dans l’eau ».
CONFLIT DE « LEGITIMITES »
Organiser
un vote, une consultation, un référendum, en dehors du cadre de la loi, en
marge des institutions officielles est incontestablement un défi lancé au
Pouvoir en place.
Alors,
de deux choses l’une :
- ou bien le
Pouvoir est illégitime, et dans ce cas cette « votation » prend tout son sens et peut se draper d’une
légitimité qui manque à celui-ci ;
- ou bien, ce
Pouvoir est légitime et dans ce cas c’est cette « votation » qui est marquée du sceau de l’illégitimité.
Or,
à ce que l’on sache, toutes les forces politiques et syndicales à l’initiative
de cette « votation », ne
tiennent pas pour illégitime le pouvoir en place. Sans partager ses
conceptions, ses méthodes sa philosophie, elles le reconnaissent comme
légitime, représentant la « volonté du peuple ».
Le
Pouvoir a donc beau jeu de tourner en dérision cette action et de la qualifier d’illégitime,
illégale et même anti démocratique… Et il a formellement raison.
Doit-il
tenir compte de cette consultation ? Rien ne l’y oblige… il peut la
considérer – ce qui est d’ailleurs le cas - comme nulle et non avenue, et ce
d’autant plus que perfidement, il nie, contre toute évidence, que son objet n’a
pas de sens : « loin de lui
l’idée de privatiser ».
Il
ment bien sûr, comme il a menti pour les autres services publics, mais il a les
moyens du mensonge, il a le pouvoir légitime.
Notons
au passage l’attitude non moins faux-cul du Parti Socialiste qui s’est
« opportunistement » associé à cette opération. Quelle aurait été son
attitude si, quand il était au pouvoir et qu’il privatisait (sans le dire comme
le gouvernement actuel), une telle action avait été entreprise ? Y
aurait-il participé ?
LE « REFERENDUM BOOMERANG »
Le
référendum, souhaité par les organisateurs de la « votation » est en
apparence une consultation tout ce qu’il y a de simple et de démocratique.
C’est d’ailleurs au nom de ces qualités qu’ils ont agi. Et pourtant !
Imaginons
un instant que les partisans du « rétablissement
de la peine de mort » organisent une « votation » pour que la guillotine reprenne du service.
Formellement,
les tenants de la « votation »
pour la Poste n’ont rien à dire contre cette procédure… et pour cause !
Imaginons
alors que la consultation donne une majorité « pour le rétablissement »,… ce qui, reconnaissons le, est loin
d’être irréaliste… surtout si un fait divers sordide précède la consultation.
Question :ceux là même qui organisent la « votation
sur la poste, auront-ils le même enthousiasme pour qu’un vrai référendum sur le
« rétablissement de la peine de mort » soit officiellement
organisé ? Le réponse ne fait évidemment aucun doute.
Alors ?
Le procédé de la « votation »
serait correct ou non correct en fonction du contenu de la question
posée ? Si oui, curieuse conception de ce que l’on entend par
« volonté populaire » !
On
voit là qu’il y a quelque chose de gênant qui relativise largement le recours à
une telle pratique.
CONCLUSION
Même
fondée sur les meilleures intentions du monde, dans le cadre d’un système qui
se dit démocratique – et qui est reconnu comme tel par la majorité – la « votation » est un acte de
désespérance militante (un de plus !) qui donne l’illusion de la force et
de l’unité… Stratégiquement et tactiquement nulle, elle traîne des
contradictions difficilement surpassables.
Elle
est une démonstration militante d’organisations qui ne savent plus quoi inventer pour exister et montrer qu’elles ont
encore prise sur la réalité.
Que
restera-t-il finalement de cette opération dans quelques semaines… rien, ou
plutôt si, une nouvelle vague d’amertume et de déception.
Quant
au référendum espéré, il est en fait une arme à double tranchant dans le cadre
d’un système politique pervers, pseudo démocratique et fondé sur le mensonge et
la manipulation de masse. Il peut aboutir au meilleur comme au pire.
Ce
n’est pas avec de tels moyens, stratégiquement et même tactiquement
dérisoires que l’on va mettre à mal le
système marchand. De plus, mobiliser sur de telles actions, c’est faire preuve
d’impuissance au regard du pouvoir et entretenir, une fois encore, l’illusion
de l’efficacité politique…. C’est du même acabit que les « grandes
manifestations » qui battent vainement le pavé.
Devait-on
finalement procéder à cette « votation » ? Oui, pourquoi
pas ! Si c’est un moyen de doper le moral des militants.….Mais là n’est
pas la vrai question.
La
vrai question est : quelle est la
valeur stratégique d’une telle opération ?
Et
la réponse est claire et nous sera fournie par la suite : elle est nulle.
S’il
s’agit de faire du marketing politique pour certaines organisations politiques
et syndicales, alors, c’est certainement réussi.
Si
c’est une opération à vocation de déstabilisation du gouvernement, voire du
système, alors c’est raté. En effet, qui peut croire sérieusement que ce
gouvernement va obtempérer et organiser la consultation demandée. Le croire
c’est de la naïveté, le faire croire, de la manipulation.
Octobre 2009 Patrick
MIGNARD
Commentaires :
Gorban |
Enfin un article interessant au sujet du dernier spectacle organisé par la gauche. Quel terrible moment de l'histoire que de voir la réponse militante à une des plus grandes crises du capitalisme depuis 2 siècles. Pitoyable et en même temps symptomatique de la déliquescence militante. Répondre à ce commentaire
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fabou89 11-10-09
à 02:59 |
Re:Cette "votation" permettra aux partis et aux syndicats de dire à la population "on a fait de notre mieux". Leur role n'est que de "tenir" la population afin d'éviter tout "débordement" (entendre par là explosion sociale) Cet article est du grand Patrick Mignard ! Répondre à ce commentaire
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libertad 11-10-09
à 22:56 |
Re:En réponse à l'article de Patrick MIGNARD sur le site « L’ en dehors » ( réponse reçue par mail ) Répondre à ce commentaire
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à 01:15