Une enquête de la HALDE (Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations et pour l'Égalité des chances), ce machin concédé par Chirac aux personnes LGBT (Lesbiennes/Gay/Bi/Trans') comme on donne un nonosse à son/sa chienNE, est actuellement en cours sur les discriminations au travail.
Parfait.
Elle ne mentionne même pas les personnes transgenre.
Quatre hypothèses nous viennent à l'esprit (qu'on a mauvais) :
- Ou bien les trans' ne travaillent pas ;
- Ou bien, la HALDE a remarqué que les personnes transgenre n'ont aucun problème dans l'univers trans-friendly de l'entreprise, de la fonction publique et des services sociaux ;
- Ou bien la HALDE est un ramassis d'étourdiEs ;
- Ou bien, une fois encore, les trans' sont reléguées loin, bien loin, là où on ne les voit pas, où on ne
les entend pas, dans un endroit où les souffrances sociales déterminées par une société transphobe sont
camouflées, déniées, invisibilisées. Dans un placard sordide.
Ce n'est qu'un exemple parmi d'autres, parmi tant d'autres. La liste de ce que subissent les personnes trans' partout dans le monde est écœurante, alarmante.
Et pourtant, elle n'alarme ni n'écœure personne. Les rares voix audibles sont celles de psys et d'"expertEs" de la santé, voix criminelles et haineuses...
La voix des concernéEs, elle, ne transperce pas le mur du son médiatico-politique.
C'est silence de partout. NulLE trans' à l'horizon.
AUJOURD'HUI, 20 NOVEMBRE : le TDoR...
Le TDoR (Transgender Day of Remembrance), ce 20 novembre, est pour nous l'occasion de mettre dans la
lumière les oppressions subies par les personnes trans'.
À l'échelle internationale : les trans' sont pourchasséEs, assassinéEs, leurs agresseurs dédouanés : la plupart sont fièrement encouragés par leurs États...
À l'échelle du "pays-des-droits-de-l'homme" (c'est censé être nous, ça !) : la Loi avalise les discriminations et fait en outre endurer aux personnes trans' tout un arsenal de mesures humiliantes.
Le TDoR, ce 20 novembre, est pour nous l'occasion de témoigner de notre solidarité. De redire publiquement
notre colère devant ce que vivent les personnes trans'.
Pour certainEs : chasséEs de leurs familles, vouéEs à la précarité, à des formes de vie clandestines.
Pour touTEs : le rappel au quotidien d'une "anormalité" en regard des normes, par la Loi, par les
insultes.
Souvent : les agressions ; parfois : les meurtres.
Le TDoR, ce 20 novembre, est aussi pour nous l'occasion de rappeler qu'il n'existe aucune oppression qui ne soit politique.
Et que toute politique peut être infléchie, contestée voire révolutionnée (yes !).
Que ces oppressions sont organisées, conçues, appliquées au premier "chef" par l'État.
Que de l'État et de ses services découle tout un ensemble de mesures, de comportements, d'incidences
dans les vies des personnes transgenre.
Du crime aux discriminations sur les sites de rencontres, des vexations administratives aux insultes, etc.
Bien sûr, ces violences ne sont pas toutes les mêmes.
Elles n'ont ni la même intensité ni la même gravité.
Elles témoignent cependant de la cohérence de la transphobie : ne rien laisser idemne.
Que tout soit gouverné par la Haine et l'Injustice.
Le TDoR, ce 20 novembre, est enfin l'occasion pour nous de rappeler nos exigences. Rien n'est négociable,
rien n'est demandé. Tout est exigé :
- Une personne trans' n'est pas malade : abolition de toute psychiatrisation imposée des personnes transgenre et de tous "protocoles" médicaux ou "standards de soins" imposés à leur encontre, et garantie du libre choix de nos médecins, tel que défini par la Loi en vigueur.
- Une personne trans' n'est pas inférieure : nous exigeons les mêmes droits pour toute personne transgenre que pour toute personne cisgenre. Et pour cela, le changement sur simple demande du premier chiffre du n° de Sécurité Sociale pour toutes les personnes qui en feraient la demande, afin de couper court à l'omniprésente discrimination selon ce n°, p.ex. à l'embauche, discrimination qui mène à l'exclusion, à la précarité et aux comportements à risque (prostitution publique etc).
- La transphobie n'est pas une opinion : une vraie politique de prévention de la haine transphobe s'impose.
De nos luttes, nous avons appris que c'est à nous, personnes transgenre et soutiens, d'apparaître, de nous mobiliser, de nous organiser, de nous imposer.
On ne s'en remettra pas à unE hypothétique candidatE de la cause trans' en 2007.
Les avancées nous les obtiendrons dans la rue, par nos mobilisations - et pas par l'aumône politicienne.
Nous avons touTEs à y gagner : nous libérer collectivement des assignations de genre et de sexe.
Ébranler l'ordre hétéropatriarcal. Et nous découvrir plus libres et plus égaux/-ales - plus heureux/-ses.
TaPaGeS (TransPédéGouines de Strasbourg), le 20 novembre 2006
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