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En 2001, le journaliste Luc Mariot
révélait au public le produit d’une enquête sur le tube cathodique,
autrement dit la télévision, dans le film « Le tube », de Peter Entell
(coproduit notamment par Arte).
Parmi les expériences menées, le
journaliste assiste à The Fordham Experiment, réalisée par le fils de
McLuhan et qui consiste à montrer qu’un film regardé à la télévision ou
au cinéma n’est pas perçu de la même manière (il forme deux groupes).
Lumière réfléchie (cinéma) et lumière directe (écran, télévision) n’ont
pas les mêmes effets sur le corps et l’esprit. Dans le groupe
télévision, le téléspectateur est ni plus ni moins l’écran sur lequel
est projetée la lumière et vit le contenu des programmes avec une
imprégnation émotionnelle plus forte, avec une perte du sentiment
d’extériorité des scènes regardées. Cette lumière directe donne aux
images télévisées le pouvoir d’envahir l’esprit comme dans un rêve, en
neutralisant l’activité critique. D’une autre manière, le neurologue
américain Thomas Mulholland, montre, lui, sur la base
d’électroencéphalogrammes (EEG), que la télévision plonge dans un état
de somnolence, de léthargie du cerveau. Du fait de la suspension
d’activité du cerveau, celui-ci est mis, face aux images projetées,
dans un état d’hypnose. Contrairement à son hypothèse de départ, qui
était de considérer que le cerveau était en état d’activité face à la
télévision (ce qui aurait dessiné des ondes bêta sur l’EEG), l’EEG
dessine des ondes alpha. Ces ondes sont celles que l’on observe lorsque
l’être humain ne fait rien. Moins le cerveau travaille, plus il produit
des ondes alpha. En revanche, lorsque l’on fixe son attention, il n’y a
plus d’ondes alpha. Un pas de plus est franchi, la télévision provoque
un état de somnolence proche de celui de l’hypnose.
Pour sa part, l’ancien publicitaire Herbert Krugman, va encore plus loin en comparant la télévision à certaines techniques de lavage de cerveau employées par les militaires. Il rapporte des expériences en usage pendant la guerre de Corée (ex. plonger le corps dans l’eau à température du corps pendant des heures et empêcher la personne de toucher quoi que ce soit). Selon lui, de telles techniques s’appuient sur une phase de désensorialisation très semblable à l’état de désensorialisation causé par la télévision. L’image télévisuelle est en effet pauvre en données sensorielles, conduisant à faire perdre au téléspectateur le sentiment de son corps. Dans le cas du lavage de cerveau, la perte des repères sensoriels par lesquels la personne se reconnaît elle-même est la phase préparatoire du changement imposé à son monde mental. Dans le cas de la télévision, les images plongent le téléspectateur dans un sommeil éveillé, où l’identité se dissout (notamment la réalité d’un imaginaire personnel et singulier) et auquel elles fournissent les rêves. Directeur de recherche pour des publicitaires, Herbert Krugman avait été embauché dans les années 1960 par General Electric (producteur de tubes cathodiques) pour démentir des thèses qui auraient pu porter de l’ombre à la télévision, mais il n’a fait que confirmer à sa manière ce qu’écrivait McLuhan… En 1964, le philosophe Marshall McLuhan avait publié « Pour comprendre les médias », expliquant que la télévision était un vecteur privilégié des messages publicitaires parce qu’elle était capable de faire tomber le sentiment d’extériorité des scènes regardées, comme si elle était une extension du cerveau. Le message passe, en colonisant la pensée du téléspectateur parce qu’il est de même nature que son imaginaire. La différence étant, bien sûr, que ce n’est plus son inconscient qui produit les images, mais qu’elles proviennent d’un univers qu’il ne contrôle pas. Cet univers est en outre capable de se supplanter à sa propre activité mentale et dans le même temps d’uniformiser sa pensée avec celle des autres téléspectateurs.
La suite ici.
Commentaires :
Totof |
très intéressant. Concernant les enfants, ça rappelle l'étude qui avait été menée sur le logiciel éducatif "baby Mozart" et qui mettait en évidence l'effet d'abrutissement des logiciels pédagogiques sur les gamins.
Nous sommes traités comme un cheptel par le pouvoir central et nous nous croyons libres. Le XXème siècle a fait de nous des humains nouveaux, encore plus contrôlés que les esclaves de jadis, c'est un fait historique. Ca me fait penser à l'obsolescence de l'homme d'Anders dont on peut trouver quelques points ici. Comme on le voit, il a aussi analysé la TV: "La télévision produit des schémas, c’est un pragmatisme, qui produit l’homme de masse. Il en résulte un conformisme puissant et un accord généralisé. Le solipsisme face à la lucarne magique va de pair avec la massification. Plus le pouvoir est total, plus les ordres sont imperceptibles et plus notre obéissance paraît évidente. Plus nous nous croyons libres, plus nous avons l’illusion d’être libres et plus le pouvoir est total." Misère de misère Répondre à ce commentaire
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TOLKIEN 04-03-09
à 17:47 |
Re:"Plus le pouvoir est total, plus les ordres sont imperceptibles et plus notre obéissance paraît évidente. Plus nous nous croyons libres, plus nous avons l’illusion d’être libres et plus le pouvoir est total." Enfin une citation résumant clairement et parfaitement la situation dans laquelle se trouve l'individu aujourd'hui et permettant d'y voir plus clair dans notre analyse et notre critique de la prison mentale et physique dans laquelle nous sommes enfermés.. je vais imprimer cette phrase sur une feuille A4 et l'afficher chez moi afin de l'imprimer aussi dans ma conscience, j'espère que d'autres feront pareillement.. cette phrase rejoint d'ailleurs une citation d'aldous huxley (l'auteur du livre "le meilleur des mondes") qui disait : "un etat totalitaire vraiment efficient serait celui dans lequel les dirigeants politiques et leurs armées de directeurs, auraient la haute main sur une population d'esclaves qu'il serait inutile de contraindre parce qu'ils auraient l'amour de leurs servitude.." Répondre à ce commentaire
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satya 07-03-09
à 17:10 |
Re: Une liberté d’esclaves ?Nous sommes fiers d’appartenir à des sociétés démocratiques où la liberté est affichée au fronton de nos mairies. Nous nous battons, à juste titre, contre les atteintes de plus en plus nombreuses à cette liberté politique. Mediapart fait partie de ce combat. Mais nous en oublions la principale (parce que la première) remise en cause. La liberté que le “progrès” nous avait permis de gagner. La liberté par rapport à la nécessité vitale qui faisait espérer une société du “temps libre” (à ne pas confondre avec le loisir qui n’est que la consommation, autre face du travail). Quelle est la liberté des employés ou inemployés que nous sommes devenus, citoyens des pays développés et émergeants ? Une liberté d’esclaves qui ne se rendent même plus compte qu’ils ont aux chevilles des fers certes beaucoup plus doux mais beaucoup plus solides : ceux du tout travail et du tout consommation ! Cette situation de servitude, reconnue et dénoncée dès la fin des années 1960, est devenue depuis si admise, parfois même si volontaire, que le principal tabou est la remise en cause du tout travail et la principale revendication, si on en juge par les média et les politiques, celle du pouvoir d’ACHAT ! Pour ceux qui, humanistes, cherchent d’autres sentiers à explorer, loin des impasses de la pensée zéro, l’émancipation intellectuelle par rapport à la prison du tout « travail/consommation » est redevenue indispensable. http://tto45.blog.lemonde.fr/2009/03/07/une-liberte-d’esclaves/ Répondre à ce commentaire
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TOLKIEN 08-03-09
à 15:42 |
Re: Une liberté d’esclaves ?une autre citation à afficher en gros : "notre sentiment de liberté est proportionelle à notre degré d'embrigadement et d'alienation" Répondre à ce commentaire
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Totof 09-03-09
à 11:28 |
Re: Une liberté d’esclaves ?salut,
pas mal aussi tes citations, Tolkien. De qui est la dernière? Satya, je ne te comprends quand tu écris que: "Mediapart fait partie de ce combat" Il me semble qu'ils font bien partie du sérail ceux-là. Je me souviens d'un article à leurs débuts où ils nous expliquaient que leurs forums seraient de qualité car leur journal est payant. En gros, quand les pauvres font des commentaires, c'est vulgaire à leurs yeux, c'est de mauvaise qualité... Répondre à ce commentaire
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satya 09-03-09
à 16:49 |
Re: Une liberté d’esclaves ?ce n'est pas moi qui ait écrit cet article, j'ai mis le lien en bas de l'article, je l'ai juste mis pour ajouter des éléments.
pour ce qui est des pauvres, nous sommes appelés les "invisibles" ce n'est pas pour des prunes !! Répondre à ce commentaire
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à 09:11