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Pourtant
ce ne sont ni la peur, ni la terreur qui sont les meilleurs garants de la
survie des systèmes. Un autre type de peur assure sinon leur stabilité, du
moins leur pérennité, la « peur du vide ».
« UN TIEN » VAUT MIEUX QUE
DEUX « TU L’AURAS »
Dis
simplement on peut poser la question de la manière suivante : « Comment se construit un avenir économique,
politique et social ? ».
Dis
de manière plus sophistiquée, la question est la suivante : « Quelles garanties et conditions pour dépasser
le système dans lequel on vit ? »
Etre
dans un système, y vivre, c’est y avoir ses repères, ses habitudes, ses
réseaux. Bref c’est reconnaître la validité des rapports sociaux dans lesquels
on vit,… même si ceux-ci sont antagoniques et contradictoires.
L’exemple
le plus édifiant est celui de la classe
ouvrière des pays industriels développés, classe exploitée mais qui ne
s’est jamais donné les moyens de dépasser le système capitaliste et s’est au
contraire intégré au point d’en retirer un maximum d’avantages. C’est
d’ailleurs aussi vrai, dans une certaine mesure, de la paysannerie durant l’Ancien Régime.
Aujourd’hui
les conditions ont changé dans l’expression des rapports salariés… Pourtant,
malgré une aggravation de leurs conditions – exclusion, inégalités croissantes,
perte des acquis sociaux,…- les salariés
n’en demeurent pas moins « fidèles » aux rapports qui les dominent.
Il n’est qu’à voir leur comportement électoral et les stratégies dérisoires
qu’ils développent : manifestations, pétitions, … S’ils avaient voulu
prendre le pouvoir il y a longtemps qu’ils l’auraient.
Autrement
dit, à leurs yeux, les projets théoriques produites par les formations
politiques de « gauche », les programmes alléchants des
« révolutionnaires » et autres « altermondialistes » n’ont
aucun valeur pratique,… la preuve, ils reconduisent systématiquement au Pouvoir
les gestionnaires, de gauche et de droite, du système marchand… délaissant
leurs « sauveurs »
Pourquoi ?
Parce
qu’ils préfèrent une réalité qu’ils connaissent, même si celle-ci est dure et
insupportable, plutôt que d’être obligé de prendre une initiative, de mettre en
place une alternative qui ira de toute manière contre les intérêts d’une classe
politique mythifiée.
La pratique des politiciens a fait de
la plupart des citoyens des êtres
dépendants, craintifs et sans imagination, attendant que l’élu prenne les
décisions à sa place, lui règle ses problèmes, le fasse rêver… à condition
de ne rien changer. Ce qui explique
que les gestionnaires du système ne prennent
aucun risque à donner un pouvoir fictif - le
bulletin de vote - à des citoyens qui, de toute manière les reconduiront
systématiquement et régulièrement au Pouvoir… C’est d’ailleurs ce qui se
passe depuis plus d’un siècle.
L’INCOMPREHENSION
CONTRE LA CONSCIENCE
Ce
que l’on appelait la « conscience de
classe » et qui a été un extraordinaire moteur pour les salariés pour…
améliorer leurs conditions de travail et de vie, a cédé la place à
l’ « incompréhension ».
« Il ne devraient pas faire ça », « c’est inhumain », « c’est incompréhensible», « ça n’a pas de sens » … telles
sont les expressions que l’on entend aujourd’hui lorsque l’on interroge des
victimes de licenciements, suite souvent à des restructurations ou
délocalisations.
Que
les salariés soient scandalisés par le fait que, dans une entreprise, priorité
soit donnée aux actionnaires plutôt qu’à eux, en dit long sur la compréhension
du système dans lequel ils sont opprimés, sur la conception et l’intelligence
qu’ils ont de celui-ci. Or, cette connaissance – ou plutôt méconnaissance –
rejaillit évidemment sur leur manière de riposter, et la seule riposte qu’il
connaissent ce sont les « bonnes vieilles méthodes » - aujourd’hui
obsolètes - qui correspondaient à une situation où le Capital pouvait, et
acceptait, de céder des miettes. : Grève, manifestation, pétition,…
Devant
l’inefficacité de leurs actions, c’est donc aujourd’hui l’incompréhension qui
passe par le stress, la déprime, le désarroi,… voire pour les plus fragiles, le
suicide.
Les
organisations politiques et syndicales, censées défendre la « cause des
salariés », sont bien sûr incapables de répondre à cette nouvelle
situation,… elles ne sont capables que d’accompagner les pleurs, les
lamentations, l’indignation, les « hommages » rendus aux suicidés,… mais rien de concret sur le plan de
l’organisation stratégique. Rien ? Formellement pas tout à fait,… elles proposent
à chacune et chacun la seule chose qu’elles savent faire : voter pour elles, soit aux élections
professionnelles, soit lors des consultations politiques. Autant dire concrètement
RIEN !
Le
désarroi actuel des salariés n’est que l’expression de cette situation qui
érige l’incompréhension, la condamnation morale du système marchand, en
« pratique politique »… ce dont le système se moque totalement.
Il
s’en moque d’autant plus qu’il sait qu’aucune
alternative sérieuse ne lui est opposée. La conscience de ce qu’il est
exactement, de sa relativité dans l’Histoire, de ses contradictions, de ses
points faibles et des alternatives qui pourraient l’affaiblir et finalement
l’abattre, sont totalement hors du champs de la réflexion politique de l‘ « opposition
officielle »… celle qui ne joue que le jeu électoral qu’il impose et qui
verrouille toute alternative.
LA PEUR, NOUVEAU CHAMP SOCIAL
C’est
donc la débandade sur le plan moral, éthique, psychologique, humain, politique,
sur l’attitude quotidienne dans les relations de travail.
La
solidarité de classe laisse peu à peu
la place à l’égoïsme, à la suspicion… la conscience de classe a cédé la place,
dans le meilleur des cas à l’individualisme, dans le pire au « syndrome de
la meute »… qui consiste à s’allier, entre concurrents, pour exclure le
plus faible… et sauver sa place, du moins temporairement.
Le
nouveau management surfe un maximum
sur cette nouvelle donne sociale. Exploite à fond, et pour le plus grand profit
du Capital, cette dérive mortifère Il saccage jusque dans les derniers recoins
des vestiges de la conscience et de la solidarité.
Le
mythe du « gagneur », du « meilleur »,… et autres foutaises
devient la référence sociale, le nouveau paradigme… Affaiblissant
la coopération, la solidarité, il permet d’écrémer, de passer au filtre de la
sélection – fondée sur la compétitivité et la rentabilité – la masse des salariés
pris au piège, et contraints de jouer ce jeu.
Désormais
la peur règne dans les ateliers, les bureaux, l’Ecole. La peur de « ne pas être à la hauteur », la peur
d’être « le prochain sur la liste »,
la peur de « déplaire à la
hiérarchie »,…
La
peur règne sur un avenir incertain, sur celui de la planète, des générations
futures.
Cette
peur qui s’étend à tous les domaines….
Cette
peur qui fait la fortune des « experts », vendeurs de rêves-politiciens,
gourous, religieux et autres sectes…
Cette
peur qui permet d’augmenter les effectifs des forces de répression, les
contrôles divers et variés, la vidéo surveillance, les tests ADN, … tout en
n’abordant jamais les vraies causes du malaise.
Cette
peur, qui suinte par tous les pores de cette société en décomposition,
empoisonne, annihile les consciences, l’esprit de combat, de révolte, au grand
bénéfice des gestionnaires du capital qui peuvent continuer leurs petites et
grandes affaires, mais aussi la classe politique qui peut se reproduire en
surfant sur cette peur en promettant des lendemains
qui chantent.
Cette
peur qui isole le citoyen correspond parfaitement à la conception qu’a le
système marchand de la « démocratie » : une pensée isolée,
soumise au matraquage idéologique de faiseurs de rêve, dont le seul mot d’ordre
peut se résumer à : « nous ou
le chaos ! »
Et
le tour est joué !
Octobre
2009 Patrick MIGNARD
Voir
aussi :
« LE
FAUX HUMANISME DE LA MARCHANDISE »
« DECADENCE »
« CONFLITS
SOCIAUX : DE LA LUTTE AU… SUICIDE »
«
LA PRIVATISATION DE L’ETAT »
et
pour éviter toute désespérance : « MANIFESTE POUR UNE
ALTERNATIVE »