La mort du paysan
--> À Michael William mais aussi pour d'autres...
Il y a peu de temps, une Idole naissait : la Techno-science. Ses prêtres savants en quelques décennies firent des miracles. Environ 100 000, dans tous les domaines ( 100 000 molécules nouvelles disséminées sur la planète ). L'âge de pierre était révolu.
Les prêtres savants de cette nouvelle Idole dirent que cela était bien,
et nous, simples mortels, bouche bée, clignant des yeux, nous l'avons
cru.
Pour le paysan, la chasse aux sorcières avait commencé.
Le Grand Inquisiteur parcourait les campagnes menant les hérétiques aux bûchers.
Ils furent remplacés par une population déjà moins nombreuse : les agriculteurs.
Mais la nouvelle Idole, insatisfaite, ordonna que l'on adore le veau d'or au nom de la sacro-sainte Économie.
L'agriculteur fut remplacé par une population encore moins nombreuse : les exploitants agricoles.
Ils eurent pour mission « d'exploiter l'animal », « d'exploiter les
ressources du sol », avec la promesse qu'ils y trouveraient biens à
profusion et bonheur.
L'exploitant, bien plus malin que le paysan, être rustre et balourd,
entassa l'animal dans un bâtiment à tel point, que celui-ci devenu
grand, il lui fallut refermer la porte à coups d'épaule.
Il lui fit ingérer quelques nouvelles potions fournies par les prêtres
savants pour qu'il grandisse plus vite puis, avec empressement, combla
les fossés, détruisit les haies.
Mais bientôt l'animal de se plaindre, lui dont l'espèce règne sur terre
depuis plus longtemps que mémoire d'hommes, souffre de ce nouvel
habitat ou encore du souffle trop proche de ses congénères.
L'exploitant ne s'inquiète guère de cet état, car paraît-il jadis, le
paysan aussi avait quelques bêtes malades bien qu'elles puissent se
livrer en toute liberté à leur occupation d'animal.
Fort de la formule magique inscrite sur un feuillet, il administre sans
tarder la potion, puis double, triple, quadruple la dose, pour que
l'animal enfin groggy ne se plaigne plus.
Tranquille pour un temps, le voilà juché sur des machines toujours plus
grosses, plus puissantes, plus rapides, plus assoiffées… que des champs
devenus grands permettent le passage.
Il met sens dessous dessus ou décompacte ce que les monstres d'acier dans un ronronnement félin se plaisent à comprimer.
Émiette, secoue, bouscule cette terre qui déjà s'essouffle puis sème avec fébrilité le grain miraculeux.
Mais bientôt la terre de se plaindre, elle si prodigue depuis plus
longtemps que mémoire de bêtes, se fatigue à tel point dit-on, qu'elle
ne sert plus qu'à tenir les racines des plantes ou encore qu'elle
devient presque de couleur or, sans odeur et n'a plus de valeur.
L'exploitant ne s'inquiète guère de cet état.
Double, triple, quadruple la dose de ces petites billes qui
nourriraient la plante qui s'étiole, pendant que des petites bestioles,
affamées et gloutonnes, attendent le moment propice pour se régaler de
ce festin promis par de si grands champs.
Il ne s'inquiète guère de cet état car là aussi, il possède le remède.
De son B 52, il bombarde ces envahisseurs, exterminant tous ceux qui,
ayant pattes, ailes, mandibules, oseraient profaner les lieux quand
bien même ils ne seraient que de passage, et l'odeur de mort portée par
le vent à près d'une demi-lieue, indique que l'endroit est proscrit, du
moins pour un temps, et l'exploitant le sait.
Mais bientôt, les prêtres savants l'ont promis, il aura le grain
porteur du remède en son sein pour détruire les bestioles, et on lui
dit que cela sera bien.
Ainsi l'espace naturel fut transformé physiquement, chimiquement,
biologiquement, se fût l'avènement du progrès et la disparition du
paysan.
Mais déjà l'homme et tous les éléments de se plaindre aussi…
Jean-Luc Marchal
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Anonyme
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Quelques remarques :
- sans les savants, il n'y aurait plus de vigne en France. Elle aurait été ravagée par le phyloxéra.
- il existe des savants qui luttent contre la techno-science et dont les recherches visent précisément des techniques qui permettent aux agriculteurs d'être autonomes et indépendants de l'agri-buisness (cherchez, et vous en trouverez à l'INRA, même si c'est pas eux qui passent à la télé...).
- Les paysans, eux aussi transformaient la nature, comme d'ailleurs les indiens d'amazonie ; mais d'une façon différente de l'agriculture capitaliste intensive actuelle.
- Le monde des paysans, célébré ici n'était en rien un paradis. Famine, domination patriarcale, moeurs religieuses répressives, soumission aux potentats locaux y étaient monaie courante.
Le problème n'est pas la science, mais son instrumentalisation par les pouvoirs actuels.
La solution n'est pas le retour à une mythique "paysannerie", mais la réappropriation collective des savoirs et des moyens de production.
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Anonyme
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ahahah t'as raison autogérons la technoscience et les exploitations agricoles industrielles, crééons des alter villes ou alter travailler dans des alter usines a construire des trucxs alter debilles qui alter servent à rien..
Un autre monde mais le meme =)
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Anonym3
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comme les alter paysans ? ;))
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Anonyme
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les alter paysans a la bové et tout ils alter consomment eux plutot =)
putain nl'ampleur du truc a deconstruire est assez impresionnant
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à 14:28