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L'En Dehors


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La lutte anti-OGM à un tournant ?
Lu sur Notes & morceaux choisis : "Le verdict a été rendu dans le procés en appel du sabotage du CIRAD (le premier d’un établissement de recherche public) contre José Bové et Dominique Soullier de la Confédération paysanne, et René Riesel qui l’avait quittée en mars 1999. La note est beaucoup plus lourde qu’en première instance : 6 mois fermes pour Riesel et Bové ; perdant le bénéfice du sursis pour leur condamnation d’Agen en 98 (sabotage d’une usine Novartis), ils totalisent 14 mois (plus 3 mois de McDonald’s pour Bové). Soullier a du sursis. Les amendes sont confirmées, les dommages et intérêts portés à près de 240 000 francs. En octobre 2000, Riesel annonçait : « La récréation est finie... »
Il a en outre été condamné au civil, le 4 décembre à Toulouse, à 1 300 000 Francs de dommages et intérets au profit de Monsanto, in solidum avec la Confédération paysanne, pour une destruction de septembre 1998 et il est à nouveau poursuivi pénalement, avec 13 autres “décontaminateurs” pour une destruction chez Monsanto opérée en mai 2000 près de Namur en Belgique.
En appel, il refusa de participer au procès et quitta le tribunal “en renvoyant dos à dos deux manières rivales d’accepter la fatalité de notre soumission aux dictats de l’économie totalitaire : celle qui rêve d’adapter les hommes à l’enfer moderne en dénaturant les génomes et celle qui souhaite discuter démocratiquement des modalités de cette adaptation”. Pourquoi avoir fait appel ? Quel était l’enjeu de ce procès ? Ce verdict va-t-il imposer un tournant aux luttes anti-OGM ?

Interwiew de René Riesel

Courant Alternatif :Le verdict d’appel est sévère. Quelles conclusions en tires-tu ?

René Riesel : Il est peu surprenant. La Cour d’appel de Montpellier est réputée “répressive” et on ne devait pas attendre un verdict parodique au prétexte qu’elle se prêtait de nouveau à la scénographie publicitaire voulue par les autres prévenus. L’atmosphère s’est aussi un tant soit peu alourdie depuis septembre. On était prévenu : « En ce moment il y a Vigipirate […] Il vaut mieux que les forces de l’ordre soient occupées à autre chose qu’à protéger chaque essai de maïs […] On ne joue plus » (Déclaration du ministre de l’agriculture le 20 septembre 2001). Enfin, la recrudescence et l’approfondissement qualitatif des actions anti-OGM ne pouvaient laisser rêver au moindre laxisme (je parle de celles qui voulaient atteindre leur objectif, pas des pique-niques où l’on déjeune une fois les CRS installés). Ce que les magistrats ont réprimé pour de bon, une fois achevé le procès pour de rire, c’est ce qui a été fait pour de bon au CIRAD, quelque interprétation citoyenniste pour de rire qu’on essaye d’en proposer après coup.

Courant Alternatif :Alors, pourquoi avoir fait appel et déposer encore un pourvoi en cassation ?

René Riesel : Mes co-prévenus avaient tout de suite fait appel, je n’avais pas le choix : l’affaire allait être rejugée. Quant au pourvoi, il permet de gagner du temps.

Courant Alternatif : C’est une divergence sur le système de défense ?

René Riesel : Ce verdict ridiculise les illusions judiciaristes des amis de l’état et du technocapitalisme régulé. On ne pourrait parler de divergences sur le système de défense que si nous défendions la même chose. On peut se demander, à propos de la “base” citoyenniste, ce qui l’emporte, de la niaiserie ou de la schizophrénie. Mais pour ses “leaders”, “dirigeants”, “experts” et “comités scientifiques”, on ne les imagine pas convaincus qu’un sondage sur les préférences des consommateurs, un rapport de l’Afssa et des gesticulations médiatiques impressionneraient un gouvernement ou des magistrats. Il y faudrait un rapport de forces minimum.

Courant Alternatif : Comment construire un tel rapport de forces sur le front des OGM ?

René Riesel : Il présupposerait l’existence d’une force d’opposition conséquente aux OGM en tant que tels, c’est à dire aux fondements de la société qui les veut. Ce n’est pas donné. Le conflit n’a concerné directement quelques centaines d’individus en France.
Parmi eux, les “opposants” citoyennistes traduisent l’inquiétude et la demande de protection généralisées, universellement produites par le Ministère de la peur, et répondent à ses attentes en exigeant précaution, sécurité, confinement. Ou le déménagement d’AZF à la campagne. Ils sont contre les “brouillons d’OGM”, les OGM “insuffisament expertisés”, les OGM “productivistes”, les OGM qui ne répondent pas à “la demande sociale”. Ils espèrent les thérapies géniques, la médecine “régénératrice” ou la reproduction assistée, vont certainement discuter éthique à propos des cellules souches mais ne doutent pas que leurs enfants apprendront à lire sur ordinateur, “communiquent” par téléphone cellulaire et croient qu’on fait “passer des idées” à la télévision.
à l’opposé, d’ingénieux saboteurs sont parvenus — sur fond, il est vrai, de catastrophes industrielles, de frappes chirurgicales, de “menace bioterroriste”, de bronchiolite, d’innombrables actes meurtriers “inexplicables” etc. — à semer quelque trouble dans la “communauté scientifique” et à ramener dans l’époque des doutes sur le développement technoscientifique refoulés depuis la défaite des luttes antinucléaires. La belle question de société ! On ne va pas essayer de calmer l’inquiétude, elle est devenue un moteur économique et social reconnu. On va s’employer à évaluer la demande sociale de protection, à démontrer que le “risque” est la condition, sinon le sel, de la survie dans une société industrielle, la seule chose qui donne vraiment leur prix aux marchandises sécurisées. On écoutera les environnementalistes et le “tiers-secteur”, on tendra le micro aux épistémologues — des experts après tout! —, les docteurs en éthique pourront conclure en houspillant les adorateurs du Veau d’or.
La question des OGM dévoile trop bien le fonctionnnement de cette organisation sociale pour laisser croire qu’elle pourrait être réglée indépendament de toutes les autres.

Courant Alternatif : Il n’y a aucun fond moral ou éthique derrière le refus des OGM, pas de sacralisation du vivant, de peur d’un saut évolutionel non maîtrisable ?

René Riesel : On en voit en effet de toutes les couleurs, jusqu’à des baskets éthiques. Je moquerai moins ce que tu appelles “la peur d’un saut évolutionnel non maîtrisable”. Un peu de patience : ce qu’on appelle évolution ne recouvre pas encore les manipulations génétiques, même en prenant au mot les transgénistes quand ils disent qu’ils ne veulent rien d’autre que substituer la puissance de calcul dont ils disposent à la maladroite main invisible de la nature “qui a toujours fait des OGM” mais par hasard. D’ailleurs, si équipés qu’ils soient, ils savent à peine ce qu’ils font, et pas du tout ce que ça fait quand “ça marche”. Autrement dit, ils ne maîtrisent rien du tout. Mais je trouverais plus inquiétant encore que tout cela soit “maîtrisable”. Par qui, au fait ?

Courant Alternatif : Tu parles d’opposition aux “fondements de la société” qui veut les OGM. Le texte de la Société contre l’obscurantisme scientiste et le terrorisme industriel parle de « lutter contre les fondements du monde qui les produit ». Mais on reste sur sa soif : quels sont ces fondements ? On a l’impression que vous vous étendez davantage sur les conséquences que sur les causes. Et peux-tu dire ce qu’est-ce que cette “Société” ?

René Riesel : D’abord un rassemblement de circonstance pour les procès, entre des individus qui soutenaient le sens de ce qui a été fait au CIRAD et dans la “deuxième campagne”, savaient qu’ils n’avaient pas dépassé un certain nombre de divergences dans les analyses et les pratiques, mais se sont accordés sur l’utilité de continuer à les confronter. Aucun n’est primitiviste, ne veut un quelconque retour à la tradition, à la paysannerie et à l’artisanat du XVIIIe siècle ou au capitalisme préindustriel. Sauf erreur, ce qui les réunit c’est toujours la vieille cause de la liberté. Mais quand son drapeau est tellement mité et ses partisans si rares, il faut bien commencer par mesurer comment on en est arrivé là, à quelle sorte d’ennemi on a affaire, dans quel monde on vit ; ce qu’est devenue la question sociale, en somme. C’est par quoi nous essayons de commencer.
Est-il si déroutant d’admettre que des “conséquences” peuvent devenir des “causes”, que des représentations idéologiques, produites par des conditions matérielles, en produisent à leur tour ? On trouve le même réductionnisme scientiste, avide de causes premières et de sujets transhistoriques, des deux côtés des barricades d’antan. C’est encore lui qui plastronne dans la rue piétonne qu’on a aménagée pour effacer leur souvenir. La résignation de l’individu sursocialisé et la confiance dans les capacités toujours intactes du “sujet révolutionnaire”, à surgir spontanément du sol de la société de masse, sont les deux pôles du même enfermement stérile. S’il n’en reste bientôt plus que le fatalisme, le fanatisme du progrès n’en est pas moins une des premières causes de l’échec des tentatives passées de renversement de l’ordre dominant. Quoiqu’en pensent quelques dévots fossilisés, des stades antèrieurs des sociétés humaines ont pu être moins éloignés que le nôtre de poursuivre le processus d’humanisation ; ou plus aptes, ce n’est pas forcément la même chose, à faire le choix de l’émancipation.

Courant Alternatif : Le texte parle de « prétention scientiste au contrôle total de la nature, des hommes et de la société ». N’est-ce pas mettre sur le même plan des éléments qui ne s’y trouvent pas ? La maîtrise de la nature n’est-elle pas un des fondements de l’activité humaine, et la société la structure humaine qui gère ce travail de transformation de la nature ? Poser « l’exercice collectif de la liberté de pensée et de critique », en réponse à un système scientifique qui n’est pas autonome mais lié à un système économique et social plus complexe, ne comporte-t-il pas un risque de constituer une avant-garde ?

René Riesel : Nous la constatons, cette prétention scientiste à “mettre sur le même plan”, à réifier égalitairement tout ce qui bouge. Nous remarquons qu’elle s’exacerbe d’autant plus qu’elle échoue régulièrement à tenir ses promesses mais laisse toujours miné le terrain de ses échecs. Que c’est là le monde où nous survivons, suffisament dénaturé et rationnalisé pour que quelques lobotomisés y proclament la fin de l’Histoire. Il est le cadre d’une surenchère technique permanente où les dégats des innovations de la veille commandent automatiquement de provoquer ceux des innovations réparatrices du lendemain. Il ne paraît pas exagéré d’en conclure que si les techniques ont été le fruit de l’activité humaine, leur mouvement devenu autonome en vient à se perpétuer au moyen des hommes. Cela peut conduire à se demander si la compréhension de ce cauchemar ne serait pas améliorée en mettant enfin le mouvement d’autonomisation technoscientifique sur le même plan que le mouvement d’autonomisation de l’économie.
Il y a loin de la maîtrise raisonnée de la nature humanisée, et même du projet cartésien, à la dévastation ininterrompue de ce qui reste de la nature, des hommes et de leurs sociétés. Ces idées sont plutôt simples par rapport aux constructions des agents de la domination, de leurs penseurs stipendiés et de leurs rivaux. Si des communautés et des groupes humains s’en saisissent pour les développer et parviennent à engager, à leur échelle, les processus de réappropriation indispensables, ce sera dans une démarche de dissidence avec la société de masse et ses valeurs. Je souhaite alors bien du plaisir aux candidats avant-gardistes.


Source :

Organisation Communiste Libertaire
Ecrit par libertad, à 21:54 dans la rubrique "Ecologie".



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