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L'En Dehors


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La jouissance et l'orgasme (1)
Je viens de lire un petit livre assez réjouissant « les deux extases sexuelles – la jouissance et l'orgasme » de Jean-Claude Piquard - Les presses libres, c'est l'occasion de parler d'une question essentielle, la jouissance.
Les anarchistes n'en parlent plus aujourd'hui et ce n'est plus en débat depuis les années 30 du siècle passé. Pour ceux que cela intéresse, je renvois à un article sur la karezza. De nos jours on considère que c'est une question purement personnelle qui ne doit pas être discutée qui n'a rien de politique et qu'en discuter c'est vouloir imposer une vision de la jouissance. Celui qui s'aventure sur ce terrain ne peut qu'être un gourou ou un autoritaire qui tente d'imposer son point de vue.
Or je considère que la question de la jouissance est au coeur de la question sociale et de l'organisation de la société.

 

Reich a montré comment l'insatisfaction sexuelle pouvait conduire à la peste émotionnelle et au fascisme. La violence, les guerres, la domination, l'exploitation ne trouveraient pas leur ferment parmi des individus connaissant leur pleine satisfaction dans le domaine sexuel, si la société laissait à chacun la capacité de jouir, la soumission volontaire à l'ordre social en serait grandement diminuée. L'instauration du travail fut aussi un moyen d'éradiquer le temps libre laissé à la jouissance de soi, car il faut du temps et l'esprit libre pour jouir.

Jean-Claude Piquard soulève tout d'abord une question peu abordée, celle de la transmission entre les générations d'une culture sexuelle. Que constatons-nous aujourd'hui ? Que cette transmission se fait par deux canaux : la pornographie ( essentiellement les films ) et par le biais des « pairs » ( les copains ) : autrement dit par le commerce stéréotypé de produits marchands ou par celui de la même génération qui redécouvre à chaque fois, il n'y a donc aucune transmission de l'expérience.

En effet s'il est une caractéristique de la jouissance c'est qu'elle nécessite du temps et de l'expérience, qu'elle est probablement innée mais que l'éducation reçue depuis des siècles nous empêche d'y accéder spontanément pour des raisons qu'il serait trop long d'aborder dans ce court texte.


L'orgasme


L'apport essentiel du livre les deux extases sexuelles est de montrer qu'il existe deux sortes d'extases sexuelles : l'orgasme et la jouissance et que la confusion générale entre ces deux notions est à la source d'une incompréhension des phénomènes sexuels.

Reich d'ailleurs a confondu ces deux notions, ce qui l'a amené à considérer la jouissance comme étant l'orgasme.

Jean-Claude Piquard, à juste titre considère que pour l'homme, orgasme et éjaculation se confondent, certains sexologues avaient considéré qu'ils devaient être dissociés, des hommes pouvant ressentir du plaisir sans éjaculation mais cela provenait du fait qu'il s'agissait d'un pic de jouissance dont ces sexologues n'avaient pas la notion.

La femme connait aussi ce même type d'orgasme, c'est l'orgasme dit clitoridien qui la soumet à des spasmes.

Chez l'homme, comme chez la femme cet orgasme dure de 5 à 15 secondes. Les « orgasmes » plus longs ( plusieurs dizaines de minutes ) ne sont plus des orgasmes mais des pics de jouissance.

Bien que le livre ne l'évoque pas explicitement, la différence des orgasmes entre les hommes et les femmes tient essentiellement à la question de l'éjaculation. En effet l'éjaculation féminine au moment de l'orgasme ne concernerait qu'entre 5 et 10 % des femmes, d'après l'auteur.

Celui-ci voit par contre une différence entre hommes et femmes après l'orgasme : pour la femme l'orgasme serait une invitation à poursuivre par la pénétration.

Sur cette question je pense qu'il omet la question de l'éjaculation féminine. En effet les femmes qui connaissent l'éjaculation lors de l'orgasme, se retrouvent dans la même situation que les hommes avec une période de latence qui peut durer de plusieurs minutes à plusieurs heures.

Les femmes qui ne connaissent pas l'éjaculation lors de l'orgasme sont comme les hommes qui réussissent à maitriser leur éjaculation. Cette action est souvent involontaire pour les premières et nécessite une volonté bien trempée ou une technique pour les seconds.

Comme l'auteur je pense que l'accès à l'orgasme est assez simple pour l'homme, par contre il est plus problématique chez les femmes, comme on l'a vu il se caractérise par un orgasme clitoridien qui n'est pas toujours là et par une éjaculation, souvent absente.

Partant de ce constat le féminisme a considéré que les femmes étaient dominées sexuellement par les hommes qui arrivaient à la satisfaction alors que ce n'était pas le cas des femmes. On va voir que cette vision ne tient pas compte de l'autre plaisir sexuel : la jouissance.


La jouissance


A juste raison me semble-t-il, Jean-Claude Piquard estime que de nombreuses femmes sont plus réceptives à la jouissance.

Mais qu'est-ce que la jouissance ? « Contrairement à l'orgasme qui explose et qui est limité dans le temps, la jouissance ondule : elle démarre doucement, légèrement, puis elle monte, plafonne, parfois redescend un peu, remonte, se déploie dans le temps. »

Contrairement à l'auteur je ne pense pas que la jouissance soit davantage liée à la pénétration, celle-ci n'est qu'un élément, toutes les caresses relevant de ce qu'on appelle les « préliminaires » concourent également à la jouissance. La jouissance comporte aussi une dimension fortement intérieure de lâcher-prise qui dépend peu du partenaire.

Mais notre sympathique petit ouvrage semble laisser en chemin la description de la jouissance et n'en décrire que le début : la tête qui se tourne à droite à gauche, le corps qui ondule, gémit, les paroles « je t'aime, c'est bon... »

Comme l'on bien décrit les romans érotiques chinois, cette phase n'est que le début, viennent ensuite les mots incompréhensibles, les vibrations dans tout le corps suscitées par le moindre toucher, un son extrêmement particulier sortant des cordes vocales, pour ne parler que des manifestations extérieures.

Jouissance et orgasme ne sont pas incompatibles, un orgasme peut se produire pendant la jouissance mais il a plutôt pour résultat de diminuer l'intensité de la jouissance pendant un moment, qui ne pourra reprendre qu'après.

Ce qui semble assez incroyable par contre c'est que l'auteur ne définit la jouissance qu'en décrivant la jouissance féminine, comme si la jouissance masculine n'existait pas !

Et effectivement la jouissance masculine passe souvent à la trappe : ignorée de nombreux hommes qui la confondent avec l'éjaculation, elle est le plus souvent inconnue des femmes qui ne la recherchent pas, croyant que les hommes ont eu « leur compte » en éjaculant.

Ce fait explique en grande partie la « tournure moderne » qu'on pris les rapports sexuels : une fascination des hommes devant la capacité de leurs partenaires à jouir. De nombreux hommes pensent que le rapport sexuels consiste à conduire les femmes à la jouissance ( confondue avec l'orgasme ) et à s'oublier, contrôlant leur éjaculation qui finira par venir ( l'orgasme simultané est un puissant fantasme ). Pour les hommes le plaisir sexuel consiste à assister au spectacle de la jouissance féminine qui conduit à leur éjaculation.

On ne s'étonnera donc pas que la jouissance masculine disparaisse d'un livre, par ailleurs fort pertinent sur la sexualité. Comme l'explique l'auteur : « Ce récapitulatif devrait permettre aux hommes de mieux comprendre où en est leur partenaire et de se préparer à accompagner celle-ci dans l'orgasme, lorsqu'elle le désire ».


Le sexualité comme on le voit n'est pas cette vision manichéenne décrite par un certain féminisme : les femmes ont des difficultés avec l'orgasme mais les hommes ignorent le plus souvent leur jouissance, l'analyse antisexiste est à ce prix : reconnaître les difficultés de chaque sexe.


Fred Aymargues


à suivre

A lire en complément le site de Jean-Claude Piquard

Ecrit par libertad, à 18:51 dans la rubrique "Le privé est politique".



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