Lu sur
CIP-IDF : « J’ai 25 ans et je ne permettrai à personne de dire que je n’ai jamais
travaillé », dit Sara qui, depuis 2011, a dû écouter les ministres de
l’Éducation ou du Travail la traiter l’un après l’autre de
bambocciona (« celle-là, elle vit toujours chez ses parents »), lui reprocher d’être
choosy (« elle fait la difficile »), d’être décidément une
sfigata,
« une ratée », un coût social. Pourtant, Sara est très engagée dans le
travail : elle a été prestataire de services, aide à domicile pour une
dame âgée (en échange d’une chambre où se loger), ensuite en tant que
serveuse, elle a fait tant et plus de corvées dans les cafés et les
pubs : « j’étais payée de la merde, mais c’est le seul boulot que je
trouve d’habitude ». Elle s’en sort aussi grâce à quelques centaines
d’euros comme maquilleuse dans des productions vidéo ou de cinéma.
Beaucoup d’emplois, jamais de contrat. À durée déterminée, temps
partiel, intérimaire, disponible pour n’importe quelle tâche et à
n’importe quelle heure de la journée. Des noms qui nous racontent une
autre planète, très loin. Demain, tout recommence, comme si elle n’avait
pas travaillé toute sa vie. « J’ai 25 ans et je ne permettrai à
personne de dire que je n’ai jamais travaillé », répète-t-elle encore
une fois. Juste qu’elle ne peut pas le prouver puisqu’il lui manque le
papier qui atteste qu’elle a un emploi. Selon les sta- tistiques, elle
est une
Neet (
Not in Education, Employment or Training : ni étudiant.e [
1], ni employé.e, ni stagiaire),
une qui ne travaille pas.
Il faut, paraît-il, « donner des garanties aux entreprises ». Et des
garanties, qui en donne aux employé.e.s ? Aux précaires ? Aux
chômeu(r).se.s ?
Lire la suite
ici