Lu sur
Bellaciao :
"L’Algérie est indignée par le négationnisme des députés français à l’heure où Paris aurait souhaité un traité d’amitié avec Alger, un espoir littéralement anéanti par un vote des députés qui affirment le " rôle positif " de la colonisation en Afrique du Nord. La nouvelle fait les gros titres de la presse algérienne qui est choquée par l’attitude des députés français qui persistent et signent dans leur affirmation à dire que la colonisation française en Afrique du Nord et donc en Algérie a été " bénéfique " et a joué un " rôle positif ". C’est une véritable " glorification de la colonisation " écrit à la une le quotidien algéroi " L’expression ", alors que son confrère " Liberté " publie en gros titre " l’assemblée française persiste et signe ! ".
La modification de l’article 4 de la loi du 23 février 2005 sur le rôle " positif " de la colonisation française en Afrique du Nord a été en effet cette semaine refusée par les députés français qui affichent ainsi en pleine lumière un négationnisme monstrueux, ignorant les pages les plus sombres de son histoire coloniale tout en continuant à faire des leçons de morale au reste du monde en matière de droits de l’homme.
Le quotidien algérien " Liberté " écrit que "Les programmes scolaires reconnaissent en particulier le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord, et accordent à l’histoire et aux sacrifices des combattants de l’armée française issus de ces territoires la place éminente à laquelle ils ont droit (...) En refusant d’examiner l’article unique de la proposition de loi socialiste visant à abroger cette disposition, par 183 voix contre 94, les députés de la droite française ont brisé le rêve des plus enthousiastes parmi les Algériens qui croyaient au miracle. "
C’est en effet un rapprochement entre les deux pays, voulu par le président Chirac, qui vient d’être jeté aux oubliettes cette semaine avec l’entérinement de cette loi. La droite majoritaire à l’assemblée nationale et qui représente aujourd’hui la France n’est pas prête à reconnaître ses crimes en Afrique du Nord.
Le quotidien algérien stigmatise le ministre de l’intérieur président du plus grand parti de droite (UMP) : " Hélas, la majorité que dirige le ministre de l’intérieur, Nicolas Sarkozy, a agi contre la volonté de rapprochement à laquelle s’attellent les présidents des deux pays depuis la visite de Chirac à Alger ".
Nicolas Sarkozy poursuit dans sa droite ligne de conquête d’un électorat d’extrême droite dont la base est en quête d’affirmations nationalistes et de retour d’une souveraineté toute puissance, d’une France puissante et écrasante comme aux heures les plus sombres de son histoire coloniale. Dans la continuité d’une gestion catastrophique du problème des banlieues, la droite persiste dans son intention de régler globalement son rapport à l’autorité de l’Etat par la force brutale.
Le quotidien " Liberté " écrit dans ses colonnes que " Par cette décision, la loi qui a ravivé de douloureux souvenirs dans la conscience algérienne restera donc valide.(...) Ainsi les harkis, les pieds-noirs, les héritiers de l’OAS et tous les nostalgiques de l’Algérie française continueront donc de jouir d’une place éminente dans la société française. Le fait que cette reconnaissance soit inscrite dans les programmes scolaires soulève des questions troublantes, d’autant qu’elle est décidée à un moment où les deux pays veulent tourner la page d’une histoire commune douloureuse. Comment tourner cette page si les manuels scolaires doivent enseigner aux jeunes français le rôle positif de la colonisation ? On ne leur enseigne pas qu’entre 1830 et 1948 massacres et enfumades se sont succédé pour aboutir à la liquidation du quart de la population algérienne ".
Les députés de l’hexagone serait il en mal de révisionnisme? Le président algérien avait déclaré il y a quelques mois que " sans prendre de gants que cette loi représentait une cécité mentale confinant au négationnisme et au révisionnisme " et avait exigé que la France demande pardon " pour tous les crimes commis durant la présence coloniale ". Un appel qui n’a évidement pas été entendu et qui est figé par le vote des députés de la droite française qui ont décidé d’entériner le mensonge et le refus d’admettre les crimes d’une France qui veut absolument " remonter la tête " alors que celle-ci est en perte de vitesse, tant pour la question de sa politique intérieure et sur le plan international.
La France des lumières n’existant plus, les députés français de la droite parlementaire ont donc décidé d’effacer les pages sombres de son histoire, mais tout ce qui brille n’est pas Or. Comment la France peut elle s’enterrer dans le révisionnisme au moment même où l’Europe exige de la Turquie qu’elle reconnaisse le génocide arménien? Une chose est certaine, si le poids de la France dans les instances européennes allait à diminuer, de telles lois ne feront que la tirer par le bas encore plus vite !
Le député " souverainiste " Philippe De Villier estime quant à lui qu’il est grand temps que la France arrête de mettre en avant les pages sombres de son histoire et qu’il faut réapprendre aux français à aimer la France... Est-ce pour autant qu’il faudrait se voiler la face dans une France aveugle et déviationniste à la sauce lepeniste?
Le quotidien " L’expression " écrit dans ses colonnes que " l’attitude des députés UMP est simplement déplorable (...) Ah ! elle est belle, la France de l’UMP qui viendra sans doute encore donner des leçons sur les droits de l’homme aux pays du Sud au nom des grands principes. Il est beau, le programme scolaire qui prétend enseigner aux enfants le rôle positif de ces légionnaires qui violaient, torturaient, assassinaient à tour de bras dans les douars et les djebels au point de mériter la ’place éminente à laquelle ils ont droit’ dans les manuels d’histoire "
La France s’isole de plus en plus des pays avec lesquelles elle partage une histoire, parfois sombre, parfois magnifique, et s’enterre dans un nationalisme latent avec les " nouvelles " lignes politiques dessinées par Nicolas Sarkozy qui font de plus en plus d’adeptes dans le camp de droite et qui prend de plus en plus de parts électorales à l’extrême droite fasciste française, espérons seulement que le tournant n’a pas été trop violemment négocié et que celle-ci ne va pas sombrer dans les ténèbres d’une politique fasciste, autoritaire et xénophobe, le chemin à parcourir pour y arriver n’est pas si important que cela...
Alors que les vieux démons français semblent se réveiller, la France tourne honteusement le dos à son passé, les valeurs d’extrême droite dont de plus en plus d’adeptes dans la population française qui plébiscite chaque jour un peu plus Nicolas Sarkozy face à une opposition de gauche totalement absente, bien plus préoccupée par son devenir que par celui de l’avenir proche de la France.
Xav
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