--> La France et les usines d'enrichissement de l'uranium: D'Eurodif (Georges Besse I) à Georges Besse II
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A-Infos : ""La France va abandonner le procédé d'enrichissement par diffusion gazeuse actuellement utilisé à l'usine Eurodif pour un procédé par centrifugation. Ceci nécessite la création d'une nouvelle installation nucléaire de base et devrait susciter une mobilisation antinucléaire nationale car l'enrichissement de l'uranium est à la base de toute l'industrie nucléaire civile et aussi militaire.
Rappelons que des trois isotopes U238, U235, U234 de l'uranium naturel,
seul l'uranium 235 est fissile. Alors que sa concentration en poids est
d'environ 0,71% dans l'uranium naturel (pour 99,28% d'U238 et 0,005% U234)
il est nécessaire d'augmenter la concentration en U235 pour utiliser
l'uranium dans les réacteurs nucléaires. Elle est enrichie entre 3 et 6%
dans le combustible des réacteurs actuels. Il est envisagé un
enrichissement à 15% pour les réacteurs dits de 4ème génération.
L'étape de l'enrichissement intervient après l'extraction du minerai
d'uranium puis de sa concentration en uranium sur le site minier par des
traitements aboutissant à un produit pâteux (le « yellow cake ») et de la
conversion des concentrés d'uranium en hexafluorure d'uranium UF6 à
Pierrelatte (Drôme) dans les installations de COMURHEX. L'enrichissement
s'effectue sur l'UF6 gazeux à l'usine Eurodif de Pierrelatte, rebaptisée
Georges Besse I, par le procédé de diffusion gazeuse.
Remarquons que s'il y a enrichissement de l'uranium d'une part, il reste
bien évidemment de l'uranium appauvri d'autre part : la conversion de 8 kg
d'uranium naturel à 0,71% d'U235, produit 1 kg d'uranium enrichi à 3,7% et
7 kg d'uranium appauvri (UA) à 0,25%.
Le projet annoncé par AREVA de passer de la diffusion gazeuse à un autre
procédé par centrifugation, a fait l'objet d'un débat public en
Rhône-Alpes du 1er septembre au 22 octobre 2004. A notre connaissance, la
seule réaction sur place a été une conférence de presse menée par la
CRIIRAD et le Réseau « Sortir du nucléaire ».
Or, en Limousin nous sommes aussi concernés, qui dit enrichissement de
l'uranium dit aussi qu'il en résulte de l'uranium appauvri (UA) nous le
savons et pour cause, puisqu'à Bessines nous avons hérité de l'UA
résultant de l'enrichissement effectué à Eurodif. Dans une ICPE,
installation classée pour la protection de l'environnement, a été autorisé
« l'entreposage » de 199 900 tonnes d'oxyde d'uranium appauvri sous forme
de poudre ! Cette ICPE personne n'en voulait en 1995, ni la population ni
les élus ni les commissaires enquêteurs malgré l'argument développé par
COGEMA d'un ré-enrichissement ultérieur de UA grâce à une merveilleuse
technique par laser, le procédé SILVA. Aussi, dès que nous avons appris
l'existence du nouveau projet AREVA nous avons saisi par courrier les élus
des Conseils Régional et Général, et par tract distribué à Limoges la
population, tous s'étant autrefois massivement prononcés contre le projet
d'entreposage de UA.
Nous nous sommes procurés la pub AREVA sur le sujet en téléphonant à
COGEMA-Pierrelatte, une somptueuse plaquette, ainsi que le « Dossier du
maître d'ouvrage » ces deux documents étant destinés au débat public. Ce
que nous avons appris, entre autres, sur l'enrichissement par laser qui
nous fut présenté en 1995 comme une solution d'avenir pour la matière
première que serait l'uranium appauvri a, comme on dit, « retenu toute
notre attention ». Lors du dépôt du dossier d'enquête publique, le laser
était « la » solution retenue qui permettrait de reprendre les 199 900
tonnes d'UA pour les ré-enrichir, tout cela afin de convaincre les élus et
la population qu'il s'agissait bien d'un entreposage et non d'un stockage,
que cet UA serait enlevé pour être enrichi au bout d'une vingtaine
d'années voire moins, voulant prouver par là que cet UA n'est pas un
déchet. Or voilà la chose abandonnée, bien qu'elle ait « fait la preuve de
sa capacité théorique à enrichir l'uranium, son utilisation industrielle
se heurtant à des coûts rédhibitoires... » ? Comme quoi les prévisions à
court terme dans le nucléaire sont aussi fiables que la météo du lundi
pour le week-end...
La surprise de la centrifugation (procédé adopté pour Georges Besse II)
c'est l'économie d'énergie qui est annoncée pour une capacité annuelle
nominale voisine de celle de la diffusion gazeuse. La capacité de
production est évaluée en unités dites UTS, « unité de travail de
séparation* », 10 millions d'UTS pour Eurodif et 7,5 à 11 millions d'UTS
pour Gorges Besse II. (D'après Wise-Paris** en 2001 Eurodif a produit 2
165 tonnes d'UF6 enrichi à partir de 18 194 tonnes d'UF6 naturel fourni
par Comurhex-Pierrelatte. D'après la documentation AREVA la production de
1 kg d'uranium enrichi à partir de 8 kg d'uranium naturel correspond à 5
UTS et un réacteur de 900 MW consomme annuellement 100 000 UTS.)
Eurodif utilise 3 réacteurs du Tricastin à pleine puissance et on peut faire pareil avec seulement 50 MW ! On voit que le gaspillage n'est pas l'exclusivité des ménages ! Pourquoi avoir choisi la diffusion gazeuse alors que le procédé par centrifugation est aussi ancien ?
Le calendrier prévisionnel semble avoir quelque retard. Début 2005 devait
voir l'attribution du « Permis de construire » et le début des enquêtes
publiques DAC (décret d'autorisation de création de l'installation
nucléaire de base INB) et DARPE (demande d'arrêté de rejet et de
prélèvement d'eau). La DRIRE nous a confirmé en juin 2005 que les dossiers
d'enquête publique n'étaient toujours pas arrivés dans ses services. Ce
retard est-il dû au fait que des études de sûreté concernant le risque de
sismicité, le risque de criticité et le risque de chute d'avion ont été
demandées par l'autorité de sûreté nucléaire (ASN) ? Ces études sont-elles
terminées et ont-elles donné satisfaction à l'ASN ?
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Quelques comparaisons entre Georges Besse I (Eurodif) et le futur Georges
Besse II:
Eurodif-Georges Besse I (Diffusion gazeuse):
Puissance électrique utilisée: 2600 mégawatts
Eau prélevée:
70 000 m3/an (nappe)
26 000 m3/an (surface)
Energie fossile:
88 t/an fuel léger, essence
21 000 MWh (gaz naturel)
Georges Besse II (Centrifugation)
Puissance électrique utilisée: 50 mégawatts
Eau prélevée:
40 000 m3/an (nappe)
Energie fossile:
88 t/an fuel léger, essence
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Le débat public : qu'en dire, sinon que la Commission Nationale de Débat
public ayant décidé que l'organisation du débat public serait confiée au
maître d'ouvrage, AREVA ( ! ) on peut lire qu'une « commission de pilotage
composée de quatre membres indépendants du groupe AREVA, est chargée
d'animer le débat public ». Pas d'autres indices nous permettant de mieux
cerner « l'indépendance » de ces quatre membres... Mais il y a bien
longtemps que nous avons appris qu'en matière de nucléaire, tout n'est
qu'une affaire de croyance, qu'il s'agisse de transparence, d'information
objective, d'infaillibilité des concepteurs ou de celle des exploitants,
des enseignements du « retour d'expérience » après incidents ou accidents.
Pour en savoir plus :
http://www.debatpublic-gbesse2.orgAu fond notre critique porte sur ce qui ne figure pas au projet de débat
public et qui devrait impérativement en faire partie, à savoir :
- que deviennent les déchets de l'enrichissement, où sont-ils censés aller
? Les réunions publiques ayant été organisées dans les communes situées
aux alentours du site nucléaire du Tricastin, le débat contradictoire n'a
pas été accessible aux habitants du Limousin. Cette carence du dossier
sera passée inaperçue alors que 7 kg d'UA sont produits par kg d'uranium
enrichi !
- Où entreposer l'uranium appauvri ? Sur place ? Sur quelque site minier
propriété de COGEMA ?
- Où iront les tonneaux de fluorine provenant de la défluoration de l'U
appauvri et qui contiennent de l'uranium ? Sur quelle décharge publique ?
(A notre connaissance la réaction de l'association ASPCV*** qui s'oppose à
la mise en décharge de ce type de déchets a été la seule réaction locale à
ce jour). Les enquêtes publiques concernant les ICPE (installations
classées pour la protection de l'environnement) prévoient, dans le cas de
porcheries ou de poulaillers industriels, les conditions de stockage ou
d'évacuation des lisiers, des fientes etc. Les autorisations sollicitées
pour les rejets et prélèvements de la nouvelle INB d'enrichissement
Georges Besse II ne concernent que l'eau, nous avons donc quelques sujets
d'inquiétudes quant au devenir de l'UA et de la fluorine dopeé à l'uranium
pour ne citer que ceux là !
Nous attendrons les dossiers des enquêtes publiques et ferons critiques et
observations sur les cahiers d'enquête mais ce faisant nous savons
d'expérience que nous alimenterons une procédure « consultative » qui se
veut nécessaire et « démocratique » alors que les jeux sont faits et que
les conclusions et avis défavorables tant de la population, des élus et de
la commission d'enquête peuvent être ignorés par le Préfet. C'est bien ce
qui est arrivé en Limousin en 1995 pour l'entreposage d'uranium appauvri à
Bessines sur Gartempe. (Tandis qu'à Pierrelatte la population n'a pas été
désavouée, ni la commission d'enquête. Il s'agissait, il est vrai, de la
régularisation d'une installation existante mais saturée).
S'il s'agit de sortie ou d'abandon du nucléaire, le dossier Georges Besse
II nous semble stratégiquement au moins aussi bien placé que celui de
l'EPR. En effet la production d'uranium enrichi alimente notre parc
nucléaire et l'exportation. Mais on nous fait remarquer que l'EPR est plus
mobilisateur. Pourquoi, alors que Georges Besse II, plus sûrement encore
qu'un EPR à Flamanville et l'autre en Finlande, signifie la relance
incontestable du nucléaire ? D'ailleurs une dépêche AFP de fin mai annonce
que les commis voyageurs du nucléaire français vont aller démarcher
Khadafi en Lybie ! Un client de plus pour Georges Besse II !!!
Pour finir, reprenons le dossier du Maître d'ouvrage AREVA et son
calendrier prévisionnel :
- Fin 2007... Première production de l'usine Georges Besse II
- Vers 2020.. Fin des opérations de démantèlement d'Eurodif.
A quand la sortie crédible du nucléaire prônée par ceux qui prétendent
qu'une sortie immédiate avec les moyens existants (comprenant le thermique
classique) ne serait pas réaliste ?
CLADE Collectif Limousin Antidéchets,
6 rue Porte Panet Limoges 87000.
(Extrait de la lettre d'information du Comité Stop Nogent-sur-Seine n°107
mai-septembre 2005.)
* Selon AREVA, l'UTS (Unité de Travail de Séparation) est l'unité de
mesure utilisée comme standard international pour quantifier les besoins
en enrichissement des réacteurs et la capacité des usines
d'enrichissement, quelle que soit la technologie utilisée.
** Beaucoup de renseignements sur l'enrichissement de l'uranium dans :
http://www.wise-paris.org/francais/nosbreves/annee_2002/nosbreves021018c.html*** ASPCV, association de sauvegarde du patrimoine et du cadre de vie,
Solérieux (Drôme).
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La lettre d'information du Comité Stop Nogent-sur-Seine est disponible sur
http://www.dissident-media.org/stop_nogent
( expéditeur/expéditrice <infonucleaire(a)altern.org> )