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Lu sur ContreInfo : "La romancière Arundhati Roy voit dans le palais démesuré construit par l’homme le plus riche du pays, le symbole des maux qui gangrènent la société indienne : corruption généralisée, concentration des pouvoirs dans les mains de quelques grandes familles dont rien ne semble pouvoir contrôler la puissance, tandis que des centaines de millions de déshérités, parfois spoliés au bénéfice des grands groupes privés, continuent de subir une précarité extrême.
Illustration : Le palais Antilla, à Bombay
Par Arundhati Roy, Znet, 19 janvier 2012
Est-ce une maison, un temple érigé à la gloire de l’Inde nouvelle, ou un entrepôt rempli de ses fantômes ? Depuis que Antilla a été bâti dans Altamount Road, à Bombay, exsudant une atmosphère de mystère et de tranquille menace, les choses ont changé. « Nous y sommes », me dit l’ami qui m’a conduit ici. « Fais preuve de respect devant nos nouveaux maîtres. »
Antilla appartient à l’homme le plus riche de l’Inde, Mukesh Ambani. Je me suis renseignée : c’est l’habitation la plus chère jamais construite, comptant 27 étages, trois hélipads, neuf ascenseurs, avec des jardins suspendus, des dancings, des gymnases, six étages de parking, et 600 employés. Rien ne m’avait préparée au choc provoqué par cette pelouse verticale, ce mur d’herbe tenu par une structure métallique. L’herbe était par endroit jaunie, et des portions rectangulaires s’en étaient détachées. Visiblement, la théorie du « ruissellement » [de la richesse des plus fortunés vers le bas - ndt ] n’avait pas produit les résultats escomptés.
Mais l’accaparement vers le haut, si. Voila pourquoi, dans une nation de 1 200 millions d’habitants, les 100 indiens les plus riches possèdent l’équivalent d’un quart du PIB.
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