Pour instaurer un système autoritaire/dictatorial on n’a pas forcément besoin de la violence.On sait depuis le milieu du siècle précédent que le processus dit démocratique peut mettre à mort, par sa propre logique,… la démocratie. S’il est certainement moins spectaculaire que le recours à la violence physique, il n’en est pas moins plus redoutablement dangereux… et les conséquences n’ont rien à envier en gravité, au coup d’état militaire.
L’incompétence,
quand ce ne sont pas la bêtise, la bassesse et la trahison des « hommes et
femmes de progrès »( ?) sont généralement à l’origine de ces
catastrophe (faut-il donner des exemples, des dates et des noms ?).
LA
« REVOLUTION » NEO CONSERVATRICE EN MARCHE
L’incompétence
historique, légendaire, de ce qu’il est convenu d’appeler la Gauche… au sens le
plus large du terme nous a désormais plongé dans une situation catastrophique.
Ce sont ces pseudo théoriciens et autres « penseurs » politiques de
pacotilles… en fait parfait bureaucrates, ou idéologues de Cour, qui nous ont
conduit là où nous sommes aujourd’hui.
Car,
comment expliquer qu’un réactionnaire comme le nouvel élu, démagogue parfait, issu
d’un système d’escrocs, et de profiteurs, lié aux milieux financiers, porteur
d’un bilan politique catastrophique puisse avoir un électorat aussi fourni et
en particulier parmi les plus déshérités ?
De
deux choses l’une :
- ou
bien le peuple est complètement débile… mais alors soyons cohérent… et ne
parlons plus de démocratie….
- ou
bien tout est fait, avec la complicité de toute la classe politique pour
enfermer ce peuple, dont on se méfie, mais dont on a besoin pour assurer sa
légitimité, le débiliter, l’infantiliser, le rendre dépendant des experts et
autres pseudo leaders politiques et économiques, le manipuler avec les médias
et le formater aux exigences d’un système parfaitement contradictoire avec ses
intérêt et ses aspirations.
Pour
ma part je fais le choix de la deuxième solution… et je ne suis pas certain,
qu’à droite comme à gauche on ne se situe pas, sans le dire évidemment, dans la
première.
Désormais
les choses sont claires… aux yeux de la majorité – légale – du peuple, ce sont
les « solutions » conservatrices et réactionnaires qui l’emportent.
Nous
vivons aujourd’hui la faillite d’un processus qui nous a maintenu pendant
plusieurs décennies dans l’immobilisme. Il n’y a plus aucune perspective dans
la manière dont les politiciens envisagent l’action politique. Pourquoi ?
Tant
qu’ils ont pu s’acheter la paix sociale, ils l’ont fait… mais aujourd’hui avec
la mondialisation, ce n’est plus possible. Les masques tombent : la Gauche est impuissante à habiller d’une
couche de social la gestion du système, la Droite joue parfaitement son rôle de
faire fonctionner le système marchand quel qu’en soit le prix.
On
a échappé à LE PEN en 2002, on n’a pas échappé à SARKOSY en 2007… et qu’a-t-on
fait concrètement, socialement, sérieusement, entre 2002 et 2007 ? Rien.
La
« révolution » néo conservatrice est désormais sur les rails… et ce n’est
pas la Gauche qui fera dérailler le convoi… au contraire, elle court à la
prochaine gare pour essayer de monter dans la locomotive.
LA
FAILLITE D’UNE CERTAINE CONCEPTION DU POLITIQUE
Tout
ce cirque pseudo démocratique pour en arriver à la conclusion affligeante
suivante : le pouvoir anti-populaire a une légitimité populaire.
Ah
elle est belle et efficace la « démocratie » de nos théoriciens
politiques de gauche ! Ils ont bonne mine les « donneurs de
leçon » et stratèges qui siègent dans les palais dorés de la République
(faut-il donner des noms ?)….
Et
que vont-ils maintenant raconter aux jeunes des banlieues qu’ils ont manipulés,
qu’ils ont harcelés pendant des semaines pour qu’ils s’inscrivent sur les
listes électorales ? Qu’il faut
être patient ? Qu’il faut aller voter pour les mêmes aux
législatives ? Qu’il faut attendre cinq ans ?...
Non
seulement ils nous ont conduit dans la « merde » - avec plus ou moins
notre consentement il est vrai -, mais il vont encore nous y enfoncer… Comment ?
Mais c’est très simple
Ce
sont des individus, incapables de voir au-delà des prochaines échéances
électorales… J’exagère ? D’après vous quelles sont les prochaines
perspectives politiques, dès aujourd’hui, et qui vont mobiliser tous les
appareils de la Gauche ? Mais bien sûr les prochaines élections
législatives ou chacune des organisations va essayer de s’imposer, tirer la
couverture à soi, de nous faire croire que ce n’est que « partie
remise », qu’il est important de….etc… Et la plupart des militants naïfs
vont une fois encore marcher…que dis-je ?... courir !
Le
processus électoral, qui isole les individus, les façonne, les conditionne, les
flatte, leur fait peur ou les font rêver… est une escroquerie… et la démocratie
n’a rien à voir avec ça. Ce fameux « civisme » de
participation dont se gargarisent les médias et à peu près toutes les
organisations politiques n’est que l’instrument et l’expression d’un
abêtissement généralisé de la société civile… une mis en condition pour
justifier une légitimité de pacotille fondée sur la manipulation et le
conditionnement.
UN
IMPERATIF SOCIAL/POLITIQUE CATEGORIQUE
Nous
sommes aujourd’hui dans une impasse politique.
Le
changement radical de stratégie politique est un impératif au risque d’une
stagnation mortifère. Cet impératif sera un véritable arrachement, un
bouleversement dans nos habitudes de penser le/la politique.
Les
organisations politiques existantes le peuvent-elles ? Probablement pas.
PS et PC moribond sont totalement dépassés, sclérosés, rongés par la soif de
pouvoir, la bureaucratie et l’étroitesse d’esprit, …
Les
organisations d’extrême gauche sont en voie d’ « électoralisation »,
prises par la logique politico médiatique ambiante et croyant s’en détacher en
tenant un discours radical (voir LO et la LCR)… il suffit de voir comment elles
vont mobiliser leurs forces exangues pour les prochaines élections.
Reste
la nébuleuse alternative / altermondialiste. Composée d’éléments critiques, elle subit tout de même, à la fois
l’ambiance générale électoraliste, ce qui l’amène à faire n’importe quoi (voir
les élections présidentielles), et à dire n’importe quoi avec des slogans plus
publicitaires que politiques du genre « Un autre monde est en marche »( ?)
… quel monde ? comment ? avec qui ? où ?...
Elle
est aussi minée par les organisations politiques traditionnelles qui l’utilisent
comme vivier militant et assèche ses initiatives originales. L’expérience a
montré que toute tentative de convergence stratégique avec les organisations
n’aboutit qu’à l’impuissance et l’échec, et conduit inéluctablement sur le
terrain électoral que l’on sait stérile. Or, il est cette fois manifestement
démontré qu’à ne tenir qu’un discours, aussi progressiste soit-il,… ne sert pas
à grand-chose… une autre dimension est à explorer et à investir.
C’est
donc sur un autre terrain qu’il faut aujourd’hui poser la question stratégique…
terrain sur lequel n’intervient aucune organisation… sinon pour s’en servir uniquement
de faire valoir, le terrain de l’alternative sociale et politique.
C’est
dans ce nouveau champ que doit se construire la véritable démocratie, le monde
nouveau, par une pratique alternative qui a la fois fondera une véritable
autonomie et autodétermination du citoyen par rapport à un système qui l’oppresse
et jettera les bases de rapports sociaux nouveaux. On est alors loin des
grenouillages et artifices des élections.
Dans
ce domaine tout est à faire, quoique des bases ont déjà été posées, dans le
débat et la réflexion économique et sociale depuis le 19e siècle,
mais aussi et surtout au travers des structures alternatives qui, plus ou moins
empiriquement se sont installées dans le paysage social et économique. Ce sont
ces structures qu’il faut développer, étendre, fédérer, intégrer dans une stratégie
de critique, de contestation et de dépassement du système marchand. Ce sont ces
structures et leur développement qui doivent porter les espoirs pour demain…
Le
pouvoir néo conservateur va désormais tout verrouiller : les médias, les
institutions. Il va limiter nos marges de manœuvre et d’action par la loi et la
répression. S’affronter directement à lui est suicidaire, marcher sagement dans
les limites qu’il nous autorise c’est capituler.
Nous
n’avons désormais plus le choix. Laissons aux « Sisyphe » de l’action
politique le soin et la tâche de rouler indéfiniment la roche de leurs espoirs
toujours déçus sur la pente abrupte du parcours du combattant imposé par le
système.
Investissons
de nouveaux espaces de pratique et de liberté.
Inventons
un autre rapport au politique.
Patrick
MIGNARD
Voir
aussi les articles :
« VICTOIRE DE
« LA » POLITIQUE…MORT « DU » POLITIQUE »
« SE REAPPROPRIER
L’ECONOMIQUE ET LE SOCIAL »
« CONTESTATION SOCIALE
ET IMPUISSANCE POLITIQUE »