Lu sur
[ La revue des ressources ] : "Expérience solitaire, ressentie par chacun au centre profond de lui-même, par les sens et l'intelligence, la géographie vécue, pratique, amena Élisée Reclus à se porter vers les sociétés et les hommes.
Les plus proches comme les plus lointains. Ceux dont la culture, étant donnée son maximum d'écart avec la nôtre, fait le plus peur et est à la fois la plus riche. Sa pensée géographique n'est pas seulement un anarchisme rendu visible dans l'espace ; elle embrasse l'anthropologie (celle de son temps, née à la fois du romantisme et du positivisme), puisque l'auteur de L'Homme et la Terre ne se limite pas ce que nous appelons l'histoire. Il remonte plus loin, plus haut dans « l'avenue des siècles que les trouvailles des archéologues prolongent constamment » et n'hésite pas à rattacher le travail de l'historien à celui de l'anthropologue, alors que l'humanisme classique s'arrête à l'Antiquité et rejette hors champ les peuples d'avant l'histoire.
Comme chez Kropotkine, mais à la différence de Proudhon, par exemple, dont la doctrine repose sur l'économie et la sociologie, l'anarchisme de Reclus est d'orientation spatiale, culturelle et sociale à la fois. L'idée que je voudrais soutenir dans ces notes est qu'il déploie dans ces trois dimensions une pensée élargie à l'ensemble des sociétés dans le temps et dans l'espace, et non seulement au monde du XIXe siècle. J'essaierai de le faire en des termes qui me paraissent compatibles avec l'esprit de Reclus, plutôt qu'en m'emparant du sujet brutalement, comme d'un document scientifique à soupeser et contrôler.
Lire la suite ici